FranceHigh-tech

Pour Ben Goertzel, l’IA pourrait remplacer « 80 % des emplois » et c’est « une bonne chose »

Ben Goertzel n’a pas découvert l’IA avec Chat-GPT. C’est à ce chercheur américain qu’on doit le nom d’ » Intelligence artificielle générale » (IAG), une technologie majeure dotée de capacités cognitives humaines qui pourrait être au point « d’ici quelques années ». Il est aussi à l’origine de la plateforme SingularityNET, destinée au développement décentralisé et démocratique de l’IA. Alors quand il affirme que « l’intelligence artificielle pourrait remplacer dans les prochaines années 80 % des emplois », le grand public l’écoute. Et c’est peut-être pour ça qu’il s’empresse d’ajouter « c’est une bonne chose », lorsqu’on lui demande de développer.

« Avec l’arrivée prochaine de nouveaux systèmes du même type que ChatGPT, je pense que 80 % des emplois occupés par des humains pourraient devenir obsolètes. Mais je ne vois pas ça comme une menace, mais comme un avantage, explique-t-il dans un entretien à l’AFP. C’est une bonne chose. Les gens vont trouver de meilleures choses à faire que travailler pour gagner leur vie. Pratiquement toutes les tâches administratives pourront être automatisées ».

Comment résoudre les problèmes sociaux ?

Le scientifique né au Brésil reste toutefois inquiet à court terme. « Le problème, ce sera la période de transition, quand les intelligences artificielles vont commencer à rendre obsolète un emploi après l’autre (…) Je ne sais pas comment on va faire pour résoudre les problèmes sociaux occasionnés ».

Il n’estime pas pour autant qu’il faille faire une pause dans le développement de l’IA, comme certains experts le réclament. « Certaines personnes disent qu’il faut arrêter les recherches parce que ce genre de système contribue à la désinformation. Mais alors, il faudrait interdire Internet ? (…) Je pense que nous devons vivre dans une société libre et, tout comme Internet ne devrait pas être interdit, il ne faudrait pas interdire ça (ChatGPT) non plus ».

Des robots pour l’éducation ou les soins

Ben Goertzel a fait sensation cette semaine à la conférence Web Summit de Rio de Janeiro, en présentant Grace, un robot-infirmière conçu pour s’occuper de personnes âgées dans les maisons de retraite. Il voit dans sa création un exemple des solutions que la techno peut apporter aux problèmes de nos sociétés. « Les robots peuvent faire plein de bonnes choses. Aux Etats-Unis, un grand nombre de personnes âgées se sentent seules dans les maisons de retraite. Même si elles sont nourries, reçoivent des soins médicaux et regardent la télé, c’est insuffisant en termes de soutien social et émotionnel. Si on introduit dans ces espaces des robots humanoïdes qui répondent à leurs questions, écoutent leurs histoires, les aident à appeler leurs enfants ou à faire des achats en ligne, cela améliore leur vie ». Un exemple des emplois que l’IA remplacera à court terme ?

« Dans ce cas, on ne supprime pas d’emplois, répond-il, car il n’y a pas assez de candidats aux postes d’infirmiers ou d’aides-soignants. L’éducation pourrait également être un marché incroyable pour les robots humanoïdes, tout comme les travaux ménagers ».