France

Les Républicains : « On part de rien…» Pour la énième fois, la droite à la recherche d’un second souffle

A droite, l’éternel recommencement. Après plusieurs mois de divisions et de crises internes sur la réforme des retraites, Les Républicains entendent… se relancer ! « Tout passera par les idées. Nous allons reconstruire pas à pas. Nous allons cheminer ensemble vers la victoire ! », a lancé mardi soir Eric Ciotti. Le patron du parti célébrait au siège LR la naissance d’un nouveau média en ligne, « Une certaine idée », l’une de ses promesses de campagne. « Avec beaucoup de convictions et sans sectarisme, nous voulons offrir de l’actualité et des points de vue qui amèneront des idées neuves », a-t-il justifié. Le député des Alpes-Maritimes, dont l’autorité a été bafouée ces derniers mois, fait feu de tout bois pour remettre son mouvement en ordre de bataille.

« Il faut dissiper les rancœurs »

Nouvelle étape ce mercredi avec l’organisation – à huis clos – d’un séminaire pour les députés à la Maison de l’Amérique Latine, à Paris. Une réunion de famille nécessaire, car le groupe LR a bien failli imploser lors de la séquence retraites, qui a vu le rebelle Aurélien Pradié être démis de ses fonctions de numéro 2. Et comme un (mauvais) symbole, les élus LR commençaient leur réunion de travail en planchant… sur la fin de vie. « Clairement, la séquence retraites n’a pas été bonne pour nous, on a affiché nos divisions en public. C’est bien que les uns les autres se reparlent. Il faut ressouder le groupe, apaiser les tensions et dissiper les rancœurs », souffle Eric Pauget, député LR des Alpes-Maritimes.

Après la câlinothérapie, la direction du parti prévoit également le lancement d’une école de formation les 12 et 13 mai, et surtout, les « états généraux de la droite », le 17 juin à Paris. « Aujourd’hui, on part de rien. Tout ce qui va être créé sera du plus. La refondation est nécessaire après notre score à la présidentielle (4.78 %), il faut retrouver nos bases, proposer une armature idéologique, trancher sur les sujets qui ne l’ont jamais été depuis des années, sur l’économie, l’Europe, les questions sociétales… », avance Arnaud Julien, secrétaire départemental de la Fédération de l’Hérault, membre du bureau politique.

« La droite n’attire plus personne »

Du neuf par les idées, donc ! Un désir de refondation qui n’est pas sans rappeler celui exprimé, déjà, par l’ancien président du parti, Christian Jacob, lors de son élection en… 2019. Et tant d’autres avant lui. On croirait LR coincé dans une faille spatio-temporelle, l’obligeant à revivre indéfiniment la même épreuve : claques électorales, querelles internes et espoirs de renouveau… « La droite n’attire plus personne, car elle ne dit rien de nouveau. On n’a jamais fait l’effort intellectuel de réfléchir sur notre projet. Chirac l’a fait avec la fracture sociale en 1995, Sarkozy avec le travailler plus pour gagner plus en 2007. Si Pécresse a dû ressortir le Kärcher pendant sa campagne, c’est bien qu’il y a une nullité, une absence de réflexion durant les dix dernières années », se désespère un député LR proche d’Aurélien Pradié.

« Depuis 2012, on n’est plus aux affaires, c’est normal qu’on traverse des crises. Ca fait long, mais on est toujours debout, on a des élus de terrain, des députés, des régions… », nuance Arnaud Julien. « Il faut se remettre à parler aux propriétaires, aux professions libérales, aux commerçants… tous ceux qu’on a perdus en route, pour préparer le terrain de Laurent Wauquiez pour 2027 ». La stratégie pour la prochaine présidentielle a été annoncée clairement par Eric Ciotti durant sa campagne, mais elle ne cesse de susciter des remous, tant la personnalité et la ligne du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes divisent. 

« Nos électeurs ont perdu de la lisibilité, il faut revenir aux fondamentaux de la droite, sur lesquels on a parfois manqué de courage », assure Eric Pauget. « Et ceux qui ne se sentent pas bien avec ça pourront partir. Car à force d’agglomérer, on se dénature ». Ultime promesse de campagne, Eric Ciotti doit présenter avant l’été son fameux « shadow cabinet », sorte de gouvernement d’opposition, sur le modèle anglo-saxon. Mais c’est un autre spectre qui est revenu hanter le parti ces dernières semaines. L’hypothèse d’une primaire avant la course à l’Elysée, éternelle crispation qui devait être supprimée par la victoire de Ciotti, a ces derniers jours pointé de nouveau le bout de son nez.