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Guerre en Ukraine : Que sait-on de la vidéo de décapitation d’un présumé soldat ukrainien que la Russie veut étudier ?

Une horreur indicible. Depuis mardi, une vidéo circule sur Internet, mettant en scène un présumé prisonnier de guerre ukrainien décapité par un homme en uniforme. Kiev a rapidement dénoncé « une vidéo de la Russie comme elle est », tandis que Moscou a annoncé vouloir examiner la vidéo pour déterminer son authenticité. 20Minutes fait le point sur cette affaire.

Que montre exactement la vidéo ?

Dans cette vidéo, qui dure une minute quarante, un homme en uniforme, qui se débat au sol en hurlant « ça fait mal » en ukrainien, se fait trancher la gorge au couteau par un autre homme en camouflage militaire, le visage masqué. Les cris cessent au bout de quelques secondes, puis on entend un troisième homme, derrière la caméra, intimant en russe l’ordre au bourreau de « couper la tête » du soldat à terre. « Faut la foutre dans le sac et l’envoyer au commandant » ajoute la voix. Le bourreau finit de décapiter l’homme avec son couteau, puis montre la tête à la caméra.

Les deux tortionnaires montrent également le gilet militaire de leur victime, frappé du trident ukrainien. Si l’AFP indique ne pas être en mesure de vérifier où et quand la vidéo a pu être tournée, le parquet russe estime que les images semblent avoir été filmées « en été », en 2022. Les autorités ukrainiennes cherchent quant à elles à connaître l’identité de la victime.

Quelles ont été les réactions internationales ?

« Comme ces monstres tuent facilement. Cette vidéo de l’exécution d’un prisonnier de guerre ukrainien, le monde doit le voir. C’est une vidéo de la Russie comme elle est », a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une adresse vidéo publiée sur Instagram. La mission de l’ONU a Kiev s’est déclarée « horrifiée » par les images, et exige l’ouverture d’une enquête pour authentifier la vidéo. La représentation onusienne évoque en outre une seconde vidéo montrant les corps mutilés de prisonniers ukrainiens.

La France, qui « a pris connaissance avec horreur » de la vidéo, a condamné mercredi « un acte barbare » et « une atteinte insoutenable à la dignité humaine ». De son côté, l’UE demandera « des comptes à tous les auteurs et complices de crimes de guerre » en Ukraine a déclaré mercredi une porte-parole du chef de la diplomatie européenne. Selon une ONG et un déserteur du groupe Wagner, les bourreaux font partie du groupe paramilitaire, ce qu’a démenti son chef Evguéni Prigojine.

En quoi la réponse russe n’est pas habituelle ?

Déjà visée début mars, après une vidéo montrant l’exécution présumée d’un prisonnier de guerre ukrainien par des soldats russes, Moscou avait pour habituer de nier en bloc toute implication dans des mauvais traitements, à l’image aussi des exécutions de civils à Boutcha. A plusieurs reprises, le Kremlin a même dénoncé des manipulations et des mises en scène de la part de Kiev pour décrédibiliser la Russie.

Mais mercredi, le porte-parole du gouvernement russe Dmitri Peskov a admis que les images étaient « horribles », et que leur « authenticité » devait être établie. Le parquet russe a indiqué ce jeudi avoir entamé l’examen de la vidéo. « Afin de déterminer l’authenticité de ce contenu et tirer les conclusions (judiciaires) qui s’imposent, (la vidéo) a été transmise aux organes d’investigation pour examen », a indiqué le bureau du procureur de Moscou sur sa chaîne Telegram. Cette décision est une étape préliminaire qui peut déboucher, ou non, sur l’ouverture d’une enquête criminelle.