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FC Barcelone : Comment un scandale arbitral ébranle le Barça et tout le foot espagnol

Quatre ans après son dernier sacre en Liga, le FC Barcelone est idéalement placé pour remporter un 27e titre de champion d’Espagne, avec ses 12 points d’avance sur le Real Madrid. L’équipe de Jules Koundé et Ousmane Dembélé (encore blessé) vise même le doublé, alors qu’elle aborde en position de force sa demi-finale retour de Coupe du Roi ce mercredi face à son éternel rival, après le succès de l’aller au Bernabéu (0-1). En attendant de récupérer peut-être l’idole Lionel Messi cet été, et si l’on oublie un peu ses sempiternels soucis financiers, tout pourrait aller pour le mieux au pays des Culés, après plusieurs saisons de doute.

Sauf qu’un énorme nuage noir menace le Camp Nou. Ce phénomène ne s’appelle pas cumulonimbus, mais « affaire Negreira ». Le scandale arbitral qui a éclaté mi-févriera connu deux nouveaux développements importants lundi : le Barça a demandé dans un communiqué la démission de Javier Tebas, le patron de la Ligue espagnole, qui aurait remis au parquet une lettre impliquant à tort deux anciens présidents du club. Par ailleurs, Aleksander Ceferin, le président de l’UEFA (réélu ce mercredi), a indiqué au média slovène Ekipa que cette affaire est « une des situations les plus graves » qu’il ait « jamais vue dans le football ».

Le 23 mars, l’instance européenne avait annoncé l’ouverture d’une enquête concernant une « éventuelle violation du cadre juridique » de l’UEFA par le FC Barcelone, qui pourrait compromettre sa participation à la Ligue des champions, la saison prochaine.

Xavi esquive le sujet

Forcément, le sujet s’est invité à la conférence de presse donnée mardi par Xavi, à la veille du 789e Clasico de la saison. Et sans surprise, le technicien catalan a éludé le sujet comme un écarteur esquive une vache dans une course landaise. « Les sujets extra-sportifs n’entrent pas dans le vestiaire. On parle de ce que l’on doit corriger, comment se placer… On ne parle pas de Negreira, de Tebas, ou de l’UEFA… On veut juste prouver qu’on peut battre à nouveau [le Real]. »

Mais de quoi parle-t-on, au juste ? Petit retour en arrière pour celles et ceux qui ne suivent pas la trépidante actualité du foot au-delà des Pyrénées. Le scandale a éclaté le 15 février, lorsque la Cadena Ser a révélé que le parquet espagnol enquêtait sur l’entreprise Dasnil 95, propriété de José Maria Enriquez Negreira, vice-président du Comité technique des arbitres (CTA) de la Fédération espagnole (RFEF) de 1994 à 2018.

Javier Tebas, le président de la Ligue espagnole.
Javier Tebas, le président de la Ligue espagnole. – Oscar J Barroso / Shutterstock / Sipa

Il était alors question d’une somme de 1,4 million d’euros versée à cette société par le Barça pour des « conseils sur des questions arbitrales », entre 2016 et 2018. Au fil de l’enquête, le montant a gonflé à plus de 7,3 millions d’euros, et la période concernée est passée de deux à 24 ans, entre 1994 et 2018. … Dès lors, le feuilleton était lancé sur fond de protestations d’innocences de la part de Joan Laporta, l’actuel président Blaugrana : « Qu’il soit clair que le Barça n’a jamais acheté d’arbitre ni eu l’intention d’acheter des arbitres. Absolument jamais », lâchait-il le 7 mars.

Le Real longtemps discret

Trois jours après, le parquet de Barcelone annonçait que le club, en tant que personne morale, ainsi que ses anciens présidents Josep Maria Bartomeu et Sandro Rosell et le désormais fameux José Maria Enriquez Negreira, étaient poursuivis pour « corruption entre particuliers dans le secteur sportif », « abus de confiance » et « faux en écritures de commerce ». .

Longtemps discret, le Real a finalement demandé à faire partie de la procédure en tant que « partie lésée », pendant que Javier Tebas, le président de la Ligue espagnole, évoquait le « pire moment qu’ait connu le football espagnol ». Le même Tebas se retrouve lui aussi dans la tourmente après avoir, selon le quotidien barcelonais La Vanguardia, inclus dans un mémoire adressé au bureau du procureur un document d’un ancien directeur du Barça décédé.

Rendez-vous en juin

En attendant les prochaines révélations, les fans des autres clubs de la Liga, les Merengue en tête, sont partis traquer les décisions arbitrales favorables au Barça depuis la fin du XXe siècle. Quand aux socios catalans, ils attendent fébrilement une éventuelle sanction de l’UEFA, laquelle pourrait tomber en juin selon Marca, quotidien sportif pro-Real qui suit l’affaire avec gourmandise. Au niveau espagnol, pas d’inquiétude en revanche pour les Blaugrana : vieux de plus de cinq ans, les faits sont considérés comme prescrits, d’après le décidément incontournable Javier Tebas.