Belgique

Quelle motorisation est la plus rentable entre l’essence, le diesel et l’électrique ? Voici le verdict de notre comparatif

Adoption du texte sur la fin des voitures à moteur thermique : tout le monde est content? Oui et non

Et chez nous, rien de vraiment plus clair. Les entités fédérées ayant mainmise sur la compétence environnementale, on compte autant de législations que de régions. À Bruxelles par exemple, les voitures diesel seront interdites après 2030 et seules les voitures essence (ou hybride essence) de la norme euro 6d pourront encore circuler après cette date, et jusqu’en 2035. En Wallonie, les diesel seront tous interdits à partir de 2030, sauf les euro 6d et les voitures essence pourront rouler jusqu’en 2035. Et en Flandre, la fin de la vente des voitures thermiques est prévue pour 2029.

Dans tout ce capharnaüm législatif, difficile de s’y retrouver. Et d’être sûr à 100 % de faire le bon choix au moment d’acheter telle ou telle motorisation. Parmi les facteurs qui viendront nourrir la réflexion, il y a l’aspect environnemental mais encore et surtout l’aspect pécuniaire. De nombreux automobilistes jugent encore trop chère l’acquisition d’une voiture électrique. Il y a quelques mois, une étude menée par le comparateur britannique “money.co.uk” leur donnait d’ailleurs raison. Cette étude indiquait que “les automobilistes belges pourraient perdre plus de 6 000 € en passant de l’essence à l’électrique”. En clair : l’électrique ne serait pas avantageux par rapport à l’essence malgré la décision du gouvernement fédéral de ne plus permettre de déduction fiscale à 100 % que pour les voitures propulsées à l’électricité, à partir de 2026.

Votre prochaine voiture sera-t-elle à moteur thermique ou électrique ?

En décembre 2019, le Bureau du Plan avait toutefois réalisé une étude sur le coût réel des véhicules électriques par rapport aux thermiques. Avec un constat implacable : si l’électrique était effectivement plus onéreuse à l’achat qu’un véhicule propulsé à l’énergie fossile, l’essence et le diesel perdaient cet avantage au fur et à mesure des années d’utilisation, en raison du coût des carburants et des entretiens, plus chers pour les voitures thermiques. À l’époque, le Bureau du plan concluait qu’il fallait huit ans pour amortir le coût d’achat d’un véhicule électrique de taille moyenne parcourant 20 000 km par an par rapport aux voitures thermiques. Pour un véhicule de plus petit gabarit, il fallait attendre douze ans. Passé ces dates, les voitures électriques étaient plus rentables.

La DH avait refait le test en avril 2022. Et avait conclu que la voiture électrique était surtout rentable pour les automobilistes qui accumulaient les kilomètres. Avec une voiture électrique amortie par rapport aux thermiques après 3,5 ans à raison de 50.000 km par an, après 7 ans pour ceux qui parcouraient 20.000 km par an, et après 12 ans pour ceux qui n’en faisaient que 10.000 annuellement.

Mais depuis, la crise énergétique est passée par là. Et a réduit le fossé tarifaire entre l’électricité et les carburants fossiles. Si bien qu’en octobre dernier, charger sa voiture revenait plus cher que faire un plein d’essence ou de diesel. Conséquence inévitable : acheter une électrique n’était plus rentable.

Six mois plus tard, la donne s’est une nouvelle fois inversée. La crise énergétique semble être derrière nous et les tarifs de l’électricité sont revenus à des niveaux plus acceptables pour notre portefeuille. Et une voiture électrique de nouveau rentable.

Le prix du diesel au plus bas depuis fin 2021

La Dernière Heure s’est donc attelée à refaire la comparaison. Avec la Peugeot 2008 comme véhicule de base, lequel dispose des trois motorisations électrique, essence et diesel. Des calculs qui n’ont pas la prétention de se vouloir scientifiques mais qui permettent de nous éclairer sur le niveau de rentabilité de chaque motorisation. Pour faire les calculs, nous sommes partis du prix d’achat minimum pour chaque motorisation, à savoir 26.850 € pour l’essence, 37.945 € pour le diesel et 40.880 € pour l’électrique. Nous y avons ajouté la taxe de mise en circulation (495 € pour le diesel, 123 € pour l’essence et 61,5 € pour l’électrique), les taxes annuelles de circulation (271,39 € pour le diesel, 219,38 € pour l’essence et 92,93 € pour l’électrique), les coûts des carburants au 28 avril dans la station la moins chère du pays. Ainsi que les entretiens, sachant que, pour l’électrique, on estime que les coûts d’entretien sont 30 % moins élevés que pour les essence et diesel.

La seule grosse interrogation concernera l’éventuel remplacement de la batterie de la voiture électrique, à elle seule estimée à 40 % du prix actuel des voitures actuellement. Combien coûteront-elles dans 10 ans ? Et après combien de temps devra-t-on les remplacer ? Il est actuellement impossible de le prédire. Idem pour les montants des assurances, qui diffèrent selon les cas et les comapgnies d’assurance. Nos calculs ne peuvent donc intégrer ces données.

Au final, le constat est limpide : le diesel n’a plus d’avenir. Par contre, il y a match entre l’électrique et l’essence. En cas de diminution continue de la baisse des prix de l’électricité, les modèles à batteries seront de plus en plus rentables.

À raison de 10.000 kilomètres par an

Comparatif du coût d'utilisation des véhicules selon le mode de propulsion
Comparatif du coût d’utilisation des véhicules selon le mode de propulsion ©IPM Graphics

Alors que la voiture électrique est davantage programmée pour les trajets urbains en raison d’une autonomie relativement faible par rapport aux voitures thermiques, ce sont justement les trajets courts qui handicapent le plus cette motorisation. À raison de 10.000 kilomètres par an, soit 27 kilomètres par jour, l’amortissement par rapport aux énergies fossiles est handicapée par son prix d’achat largement plus élevé. S’il ne faudra que 3,5 ans pour que l’électrique soit rentable par rapport à un diesel, ce sera nettement plus long par rapport à l’essence. Il faudrait en effet 19 ans pour que les coûts d’achat et d’utilisation de la voiture électrique soient amortis par rapport à l’essence. Un timing qui serait évidemment raccourci si les prix de l’électricité diminuent et que ceux de l’essence augmentent.

À raison de 20.000 kilomètres par an

Comparatif du coût d'utilisation des véhicules selon le mode de propulsion
Comparatif du coût d’utilisation des véhicules selon le mode de propulsion ©IPM Graphics

Le véhicule électrique ne mettrait plus que 2 ans et quelques mois pour être rentabilisé par rapport au diesel, et 10 ans par rapport à l’essence. Toujours en considérant que les prix des énergies restent fixes. Alors que la moyenne d’âge du parc automobile belge est de 10 ans, faire l’acquisition d’une voiture électrique peut donc être considéré comme rentable si l’on parcourt 20.000 kilomètres par an. D’autant plus que la voiture résiduelle des électriques devrait, sur le marché de l’occasion, être plus élevée en raison d’un encrassement nul du moteur. Avec la déflation espérée du prix de l’électricité, ce délai de 10 ans pour être rentable pourrait même être raccourci à 6 ou 7 ans.

À raison de 40.000 kilomètres par an

Comparatif du coût d'utilisation des véhicules selon le mode de propulsion
Comparatif du coût d’utilisation des véhicules selon le mode de propulsion ©IPM Graphics

Il n’y a pas photo : c’est la voiture qu’il faut prendre, à compter qu’elle dispose d’une autonomie suffisante pour parcourir les 110 kilomètres journaliers nécessaires pour atteindre les 40.000 kilomètres par an. Il faudrait moins de deux ans pour la rentabiliser par rapport au diesel et six par rapport à l’essence. Seule la question du remplacement de la batterie pourrait faire changer la donne. En estimant qu’une batterie coûterait de l’ordre de 10.000 € dans 10 ans, l’électricité resterait plus rentable.