France

Elisabeth Borne souhaite rester à Matignon et renouer avec les syndicats

Même si elle n’a « pas de doute sur le fait que certains se verraient bien à [sa] place », Elisabeth Borne ne compte pas lâcher son fauteuil. Dans une interview au JDD, la Première ministre déclare qu’elle souhaite poursuivre sa tâche à Matignon. Elle estime en outre possible, malgré la crise des retraites, de restaurer le dialogue avec les syndicats qu’elle va recevoir mardi et mercredi.

« Depuis un an, je m’emploie à apporter des réponses concrètes pour répondre aux défis considérables du pays auxquels notre pays fait face. Je veux continuer à relever ces défis, et j’y mettrai toute mon énergie et ma détermination », dit-elle dans cette interview réalisée à l’issue d’un voyage de trois jours à La Réunion. « Avancer, c’est la seule chose qui m’importe », explique-t-elle.

Les ambitions supposées de Darmanin

Interrogée sur son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, à qui l’on prête régulièrement l’ambition de s’installer à Matignon, Elisabeth Borne loue « sa personnalité, son parcours, son expérience ». Avant d’ajouter : « Il est très engagé dans ses fonctions de ministre ».

Désireuse comme Emmanuel Macron de tourner la page douloureuse de la réforme des retraites, la cheffe du gouvernement va donc recevoir les syndicats. « Même après ces mois agités, je reste convaincue qu’il faut donner plus de place à la négociation et au dialogue social. C’est pour cela que je n’ai pas souhaité adresser un ordre du jour détaillé pour ces rencontres : je suis à l’écoute des priorités que les organisations syndicales et patronales souhaitent mettre dans la discussion », déclare-t-elle.

« Chacun a parfaitement conscience de l’importance des enjeux : la prévention de l’usure professionnelle, l’emploi des seniors, la reconversion, le compte épargne temps universel… Sur tous ces champs, je ne doute pas que les organisations syndicales et patronales souhaiteront prendre leurs responsabilités », ajoute-t-elle.

Borne très critique sur l’attitude du groupe Liot

Elisabeth Borne se montre par ailleurs très sévère sur la proposition de loi d’abrogation du report de l’âge de la retraite à 64 ans, qui sera examinée à l’Assemblée nationale le 8 juin. Ce texte est déposé par le petit groupe indépendant Liot (Libertés, indépendants, Outre-mer, territoires) et suscite des espoirs parmi les opposants à la réforme. « C’est irresponsable de faire croire que cette proposition de loi pourrait prospérer ! On est en train de dire aux Français que non seulement on ne se préoccupe pas de ramener le système des retraites à l’équilibre, mais, pire, qu’on est en train d’aggraver son déséquilibre ! », s’insurge-t-elle. « C’est grave de mentir aux Français », ajoute-t-elle.

S’il était adopté par l’Assemblée, ce texte poursuivrait un long et complexe parcours législatif qui rend son vote définitif hautement incertain. Mais ce serait tout de même un « séisme politique » et Emmanuel Macron devrait en tenir compte, a affirmé le président du groupe Liot Bertrand Pancher.