France

Ce qu’il faut retenir de la finale de l’Eurovision 2023

De notre envoyé spécial à Liverpool (Royaume-Uni)

Quatre heures de show, un triomphe suédois, une folie finlandaise et une déception française… La finale de l’Eurovision 2023 s’est tenue samedi à la M & S Arena de Liverpool. Voici les principaux points à retenir.

Une victoire doublement historique

En remportant le concours avec 583 points pour Tattoo, Loreen a offert un septième trophée à la Suède, qui égale désormais le record du nombre de victoires à l’Eurovision que l’Irlande détenait seule jusque-là. Mais la chanteuse de 39 ans est surtout entrée dans l’histoire de la compétition en devenant la première artiste féminine à s’imposer deux fois : elle avait déjà gagné en 2012, avec la chanson Euphoria. L’Irlandais Johnny Logan avait réussi pareille prouesse en 1980 et 1987.

Un Finlandais chouchou du public

Il était le seul en mesure de ravir le trophée à Loreen. Le Finlandais Käärijä s’est imposé du côté du vote du public où il a glané 376 de ses 526 points (contre 243 pour Loreen). Un plébiscite que laissait augurer la réaction de la foule de la M & S Arena de Liverpool qui, lors de l’annonce des résultats, scandait « Cha Cha Cha », le titre de sa chanson, comme une exhortation à le déclarer gagnant.

Le jeu de mains de la France

ça, c’est ce qu’on préférerait oublier. Quand il a été annoncé à La Zarra qu’elle avait récolté 50 points au télévote, elle a esquissé un geste de la main. Un doigt d’honneur ? « Absolument pas », a déclaré la représentante de la France une heure après la finale, précisant qu’il s’agissait d’un geste « de déception ». Suffisant pour éteindre la polémique sur les réseaux sociaux ? Les heures prochaines le diront. Toujours est-il que l’image restera. Au mieux seulement pour les bêtisiers. Au pire comme un boulet.

Remontadas norvégienne et croate, dégringolada espagnole

Tous les ans, on a droit à une remontée spectaculaire d’un pays mal classé par les jurys qui finit par rejoindre le haut du classement grâce aux votes du public. Cette année, il y en a même eu deux. La Norvégienne Alessandra était dans les choux (17e) dans le palmarès des pros mais sur le podium (3e) du télévote. Au classement combiné, cela donne une cinquième place finale. Le groupe croate Let 3, lui, était avant-dernier (25e) des jurys, mais septième du public, ce qui lui vaut de finir 13e, pile au milieu du classement. Si l’Estonie a pris la huitième position du palmarès, c’est grâce aux jurés qui l’ont classée 5e car elle était 19e des votes téléspectateurs. Pour le groupe Voyager, la dynamique est similaire : 6e du jury, 20e du public et 9e au final. L’Espagne, elle, a connu une grosse déconvenue : 9e des votes des jurés internationaux, elle est la dernière du classement du public, avec seulement cinq points, ce qui l’a condamnée à la 17e place, juste derrière la France.

L’Allemagne encore lanterne rouge

Avec seulement 18 points, le groupe Lord of the Lost termine lanterne rouge, « offrant » à l’Allemagne la dernière place pour la deuxième année consécutive. Décidément, la délégation d’outre-Rhin est à la peine au concours. Depuis 2013, elle n’a fait qu’un top 5 (4e en 2018), a fini dernière quatre fois et avant-dernière deux fois. Il va falloir que la délégation teutonne se remette en question et cherche un meilleur processus de désignation de chanson. La sélection allemande était faiblarde. Le public a confié la responsabilité d’aller à l’Eurovision à un groupe de metal à succès (son dernier album a été numéro 1 outre-Rhin). Ce n’était pas forcément une mauvaise stratégie, mais le Finlandais leur a sans doute siphonné un bon paquet de points.

Les deux drapeaux de l’Italien Marco Mengoni

"Deux vies, deux drapeaux"... Tweet publié par Marco Mengoni le 13 mai 2023.
« Deux vies, deux drapeaux »… Tweet publié par Marco Mengoni le 13 mai 2023. – Capture d’écran Twitter

Il a toujours été très discret sur sa vie privée, n’a jamais évoqué explicitement son orientation sexuelle et, lorsque le sujet était abordé, préférait répondre qu’il appartenait à la « génération fluide ». Aussi, lorsque le chanteur italien Marco Mengoni est apparu en ouverture de la compétition avec la bannière italienne et le drapeau arc-en-ciel de la communauté LGBTQ +, cela ressemblait fort à un coming-out. Impression confirmée par un de ses tweets indiquant « Due Vite [le titre de sa chanson], two flags », c’est-à-dire « Deux Vies, deux drapeaux ». La symbolique, en tout cas, se pose là l’Italie, actuellement gouvernée par Giorgia Meloni, l’Italie demeure un pays fermé à l’évolution des droits des personnes LGBT : le mariage égalitaire n’est pas en vigueur chez nos voisins et le Sénat a fait échouer une loi contre les discriminations, notamment homophobes, en 2021.