France

Dordogne : « So excited », la communauté britannique prépare sa fête locale pour le couronnement de Charles III

Ce vendredi, veille de couronnement du roi Charles III, à plus de 1.000 kilomètres de Londres, le petit centre de loisirs d’Eymet, dans le Bergeracois (Dordogne), est en effervescence. Dans ce petit village, dont 10 % de la population est d’origine britannique, on n’imaginait pas ne pas célébrer cet événement international localement.

« Comme nous ne sommes pas au Royaume Uni, nous allons regarder le couronnement à la télévision samedi, explique Wendy O’ Meara, 64 ans, tout en débouchant une bouteille de vin pour l’atelier du jour, une composition florale qui sera un des lots de la tombola prévue pour la fête du couronnement. Là-bas, une « street party » est prévue au cours des festivités qui vont durer trois jours, et nous, nous l’organisons ici, ce dimanche. »

English tea et rugby

Ce n’est pas dans les rues chic de Londres mais sur le petit stade verdoyant d’Eymet, situé à quelques pas du centre de loisirs, que l’association culturelle franco-anglaise d’Aquitaine (ACFAA) organise, avec le club de rugby local, une fête du couronnement. Si cela peut paraître un peu exotique pour des Français, c’est une évidence pour les expatriés membres de cette association, dont plus de 70 % sont britanniques.

L’année dernière, les deux structures avaient déjà uni avec succès leurs efforts pour fêter le jubilé (70 ans de règne) de la reine Elisabeth II. En mixant les codes « british » et périgourdins dans leur programme (musique, exposition d’art, découverte du rugby pour les enfants, exposition de voitures anciennes etc.), ils espèrent attirer aux alentours de 200 personnes. Au menu, pas de repas 100 % anglais mais des grillades et un « traditionnal english tea », servi à 15 h 30. « On a voulu faire quelque chose de très familial, ouvert à tous », commente Michel Moreau, 69 ans, vice-président de l’association.

« On va proposer un atelier de fabrication de couronnes en carton et des posters du roi et de la reine à colorier pour les enfants », se réjouit Wendy O’ Meara, secrétaire d’ACFAA « so excited » et qui ne se cache pas d’être une fervente supportrice de la famille royale. Elle se félicite que ce soit un « mâle » qui prenne la suite de la succession et estime qu’après avoir tant attendu, c’est bien son heure à Charles III. « Il est passionné d’environnement », ajoute Claire Riley, 59 ans, la directrice de l’ACFAA, comme pour le draper d’une certaine modernité. L’évocation de la reine Camilla suscite moins d’enthousiasme, elle la qualifie de personne « discrète » et laisse entendre que son union avec Charles III est un choix de raison.

Une génération très fan de la famille royale

Quand on avance le coût faramineux de la cérémonie de couronnement, un peu moins de 115 millions d’euros selon la presse britannique, dans un contexte inflationniste très dur pour les populations, Claire Riley ne se démonte pas. « L’économie, ce sont des cycles, là on voit que ce sont les conséquences du Covid-19 et de la guerre en Ukraine, estime-t-elle. Il est important de continuer cette histoire qui a plusieurs siècles, pour perpétuer les traditions, notamment pour les enfants. »

Myriam, qui anime l’atelier floral, ne manquerait l’événement de dimanche pour rien au monde. Elle raconte, non sans un brin d’émotion contenue, qu’elle a participé à l’élaboration d’un bouquet destiné à la reine Elisabeth II, à l’occasion du jour du Commonwealth, en mars 2002. On sent que pour ces Britanniques expatriés, majoritairement des femmes quinquagénaires et sexagénaires, la famille royale est sacrée et lui rendre hommage revient aussi à garder un lien avec leur bien-aimé pays d’origine.

Il en sera peut-être un peu différemment pour la prochaine génération. « Mes enfants ont grandi en France et ils n’ont pas la même passion pour la famille royale », reconnaît Claire Riley. Dans la Dordogneshire, ce comté dont le chef-lieu serait Eymet, la famille royale mania a néanmoins encore de beaux jours devant elle.