France

Bientôt une usine Tesla en Alsace, qui avait déjà dragué Musk en 2016 ?

Une petite phrase, comme une bouteille jetée à la mer. En marge du sommet Choose France organisé au château de Versailles, Elon Musk a relancé lundi l’idée d’une implantation de Telsa en France. L’homme d’affaires s’est dit « confiant » que sa marque de voitures électriques « fera à l’avenir des investissements significatifs » dans le pays. Sans donner davantage de détails.

Quand ? Comment ? Toute supputation est désormais permise. Comme en 2016 quand le milliardaire avait déjà fait des appels de phares, sans donner de suite. « C’est de la spéculation gratuite, mais peut-être pourrions installer une usine en Alsace », lançait-il alors en déplacement à Paris. De quoi provoquer un vaste lobby sur les bords du Rhin…

« C’était trop marrant ce qu’il s’était passé, un truc de malade ! », se souvient Vincent Froehlicher, déjà directeur général de l’Adira, l’agence de développement (économique) d’Alsace. Qui avait donc tout fait pour séduire l’Américain. « Quand nous avions été mis au courant de sa sortie, on avait d’abord tenté de le joindre par les circuits classiques mais c’était impossible. Alors on avait lancé plusieurs trucs pour attirer son attention, avec des moyens de geek. De l’époque hein ! »

Une agence de communication avait ainsi été sollicitée pour réaliser… un clip. Cette courte vidéo de 1’44 est toujours accessible sur YouTube et on peut y voir une Tesla déambuler sur les routes et quelques jolis spots de la région. Le tout avec une musique de conquête spatiale et une bande-son d’Elon Musk himself qui détaille ses rêves. Le tout intitulé sobrement : « Alsace is ready for Tesla » !

Un bouchon envoyé aux Etats-Unis

« Nous avions rencontré le patron de Tesla France qui nous avait assuré qu’il avait vu cette vidéo », sourit Vincent Froehlicher en rappelant encore d’autres initiatives de ce lobbying. « On avait créé le nom de domaine tesla.alsace et je souviens que Jean Rottner, alors maire de Mulhouse, lui avait envoyé un bouchon d’une prestigieuse voiture Bugatti. Ça, je ne sais pas s’il avait eu ! »

Toujours est-il qu’aucune équipe de Telsa ne s’était ensuite rapprochée de l’Alsace. « Nous n’avions jamais eu de véritable réunion ou discussion. Mais on avait juste su qu’ils cherchaient un terrain de 180 hectares pour leur usine et allait créer des milliers d’emplois », indique encore le directeur général de l’Adira, qui se méfie donc de la dernière sortie en date de l’imprévisible milliardaire. « Des investissements significatifs, je ne sais pas ce que ça veut dire. »

Jean-Luc Heimburger non plus. Le président de la Chambre de commerce et d’industrie Alsace Eurométropole avait suivi de plus loin le premier épisode mais s’en souvient quand même. « On lui avait fait la danse du ventre alors maintenant, chat échaudé craint l’eau froide », image-t-il en répétant n’être « au courant de rien ».

« Un positionnement européen très intéressant »

Ce qui ne l’empêche pas, néanmoins, d’ouvrir grand la porte à une arrivée du géant américain. « Il faudrait voir de quoi il s’agit précisément, si ce n’est pas uniquement une usine de robots… Mais ça peut-être une opportunité avec des emplois à la clé et l’Alsace est toujours une terre d’accueil. Il y a un tissu industriel important dans le Rhin supérieur, des universités, des écoles d’ingénieurs et bientôt une usine de batterie électrique. Ça aurait du sens… En plus, nous avons un positionnement européen très intéressant. Berlin (où est implantée la Telsa Gigafactory) est un peu excentré pour certains marchés d’Europe de l’ouest. »

Resterait quand même à trouver quelque 180 hectares dans la région si le cahier des charges reste le même. « Nous ne les avons pas aujourd’hui », répond Vincent Froelicher. « Mais si demain, Invest Eastern France qui est chargé de l’attractivité économique au niveau du Grand-Est est approché par Telsa, nous formulerons une proposition avec plaisir. Si Elon Musk revient, nous étudierons le dossier ! » A lui de faire le premier pas, cette fois.