Belgique

Crucke et Desquesnes demandent au gouvernement wallon de retirer “ses pantoufles” pour lutter contre le réchauffement climatique

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Aucun mécanisme d’évaluation

Après ce postulat, les deux hommes déclinent les dossiers “qui s’embourbent”. En premier lieu, Desquesnes évoque le plan air climat énergie – le PACE, qui doit donner les outils permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre – sur lequel la majorité est tombé d’accord en première lecture. “Oui, il y a un texte mais sans budget supplémentaire et sans calendrier. Des décisions budgétaires ont déjà été prises via le plan de relance. Il n’y a donc plus d’argent pour le PACE.” Et surtout, aucun mécanisme “d’évaluation des mesures n’a été mis en place ». « Comment sait-on que les mesures qui seront prises, seront efficientes ?”, ajoute Desquesnes.

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Jean-Luc Crucke évoque le “Stop béton » et « l’arrêt de l’artificialisation des sols ». « Le gouvernement s’est mis d’accord sur un texte en première lecture au mois d’octobre (NdlR, trois lectures sont nécessaires avant l’envoi du texte au Parlement). Nous sommes en mars, rien ne s’est passé depuis octobre”, explique-t-il. Le député wallon donne un exemple : “A Aubechies, dans le Hainaut, les gens sont très énervés. Un promoteur a racheté un terrain et il annonce qu’il va y construire un projet immobilier et que si on essaie de l’en empêcher il ira en recours devant le ministre. Les bourgmestres ne savent plus quoi faire face à ce genre de chose, sans un cadre légal. On est dans l’urgence”.

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Le cabinet ne travaille pas

Les comités d’énergie (production collective d’énergie) arrivent ensuite sur la table. “Un texte existe depuis 2018. Mais les arrêtés d’application (NdlR : textes qui précisent les modalités d’application d’un texte législatif) ont été validés en première lecture le 23 juin 2022. La deuxième lecture, c’était le 1er décembre 2022. Il leur a fallu six mois… et ce n’est pas fini. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut soit dire qu’au sein du gouvernement, il y a des perceptions différentes et qu’on n’arrive pas à s’accorder, soit que le cabinet ne travaille pas. Ou les deux”, explique Crucke. Le député se demande aussi où en est l’adaptation du réseau électrique (géré par Ores et Resa) pour tenir compte de ces nouvelles manières de produire de l’énergie. “On ne connaît pas le véritable coût de ces adaptations et le gouvernement n’impose rien aux gestionnaires du réseau.”

François Desquesnes parle ensuite de la fiscalité automobile. “Le texte doit encore être validé deux fois, et après il faudra mettre en place des logiciels pour faire fonctionner cette fonctionnalité, le délai est trop court, regrette le chef de groupe Les Engagés. Aujourd’hui, les gens qui veulent acheter une voiture hybride – ces types de véhicules sont encore payables, contrairement aux véhicules électriques – sont taxés plus que ceux qui achètent des véhicules avec un moteur 100 % thermique, c’est anormal.” Pour aider les gens à acheter de l’électrique, Jean-Luc Crucke considère que le gouvernement a les moyens d’agir : “Avec les 267 millions du fonds Kyoto, on pourrait envisager d’octroyer une aide pour l’achat d’un véhicule électrique. Une aide qui pourrait être partiellement récupérée par la région au moment de la revente du véhicule. Une mesure de ce type pourrait être autorisée par l’Europe”.

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Les deux députés citent ensuite, le projet de consigne sur les canettes et petites bouteilles en plastique “Il y a un consensus pour avancer politiquement, mais la ministre (Tellier, NdlR) freine des quatre fers. Nous aurions pu être leader sur ce dossier et maintenant nous sommes à la traîne, la où Flandre avance”, explique François Desquesnes. Mais aussi, le déploiement des compteurs communicants, “En Flandre, ils en ont déjà installé 2 millions. Chez nous, c’est 140 000, nous ne sommes nulle part. Je sais que ce n’est pas obligatoire, mais il serait peut-être bien de communiquer auprès de la population pour dire que ça existe et qu’il y a un intérêt à le faire.” insiste Crucke. L’isolation des logements ensuite. “Rien que sur les logements sociaux, un budget de 875 millions a été décidé en 2020. Trois ans plus tard, seuls 10 millions ont été payés. Quant aux particuliers, les primes pour les travaux arrivent après 9 mois d’attente”, précise François Desquesnes.

Les dossiers abandonnés

Les deux hommes évoquent ensuite les dossiers “abandonnés”. Ils citent “l’absence d’un cadre légal pour le déploiement des deux parcs nationaux, la stratégie Biodiversité 360°; le décret relatif à la qualité de l’air intérieur, la mise à jour de la loi sur la conservation de la nature, etc.”.

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Enfin, les deux Engagés ont aussi des propositions. Citons en une : “Il serait intéressant de généraliser les plateformes locales de rénovation énergétiques pour faciliter la rénovation des bâtiments en dopant l’économie régionale. Ces plateformes travaillent sur un territoire donné et aident les citoyens à organiser leurs travaux. Le ministre Henry a dégagé 2 millions d’euros pour déployer ce système. Mais c’est limité à un quart de la population wallonne. Voilà pourtant un levier concret qui pourrait être amplifié sans que ça coûte très cher”, conclut François Desquesnes.