Suisse

«Recevoir de l’aide des représentations extérieures n’est pas un droit»

Depuis avril 2023, le Valaisan David Grichting occupe le poste de directeur de la Direction consulaire du DFAE. Danielle Liniger

De nombreux défis attendent le nouveau directeur de la Direction consulaire du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), David Grichting. Le Valaisan va notamment devoir appliquer les restrictions budgétaires décidées par l’administration fédérale et faire face au vieillissement de la population des Suisses à l’étranger.

Ce contenu a été publié le 06 octobre 2023 – 15:30




Loi sur les Suisses de l’étrangerLien externe. Lorsque nous le pouvons, nous répondons bien évidemment présents pour aider avec le plus d’empathie possible. Mais, court ou long, un séjour à l’étranger se prépare et cette étape du voyage n’est pas à sous-estimer.

Que peuvent entreprendre les ambassades pour gérer ces cas?

La Suisse possède un réseau de 167 représentations et plus de 200 consuls honoraires. Nous disposons donc d’un grand réseau qui, lorsque les conditions sont remplies, est en mesure d’aider les Suisses dans le besoin en leur fournissant une protection consulaire.

Nous établissons par exemple des laissez-passer, nous contactons les proches en Suisse, nous fournissons une aide sociale dans certains cas précis, nous orientons vers des avocates et avocats ou rendons visite aux Suisses en prison.

L’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) a-t-elle déjà une influence sur la manière dont travaille la Direction consulaire?

Dans l’administration fédérale, l’IA en est aux prémices. Tout un débat doit encore avoir lieu sur la sécurité de l’information. Nous nous rendons compte de la plus-value qu’elle peut apporter à certains services consulaires, mais son introduction prendra encore du temps et se fera pas à pas.

Je pense que l’IA, de la même manière que la numérisation il y a de cela quelques années, nous permettra d’améliorer certaines prestations simples, afin de dégager plus de temps pour les cas qui requièrent une présence physique comme la protection consulaire.

Car si, en 20 ans, la communauté des Suisses de l’étranger a bondi de 30% et les demandes de visa augmentent en volume de 5% par an, le nombre de collaboratrices et collaborateurs consulaires est resté stable. Il est donc indispensable de trouver des outils qui nous permettent d’optimiser nos prestations afin de pouvoir faire plus avec les ressources à disposition.

Début 2023, le Conseil fédéral a décidé que chaque Département devrait économiser 2% de ses dépenses courantes à partir de cet été. Le DFAE a indiqué à swissinfo.ch que le réseau extérieur devrait épargner 10 millions de francs par an (soit 2% de son budget de 495 millions annuels). Où ces coupes vont-elles avoir lieu?

Le DFAE priorise les mesures afin qu’elles correspondent aux intérêts de la Suisse en matière de politique étrangère et aux ressources disponibles. Dans le cadre de l’élaboration de mesures concrètes, le consulat général à Chengdu (Chine) reste provisoirement fermé et le DFAE étudie la question d’une fermeture de l’ambassade à La Paz (Bolivie). La décision de la nécessité de fermer ces représentations a été reportée d’un an et sera réévaluée le moment venu.

Le réseau extérieur constitue le gros poste de dépenses du DFAE, bien qu’une représentation ne coûte en moyenne que 37 centimes par an à une citoyenne ou un citoyen suisse.

La brochure du DFAE « Bien vieillir à l’étranger » aborde les différents aspects à prendre en considération lorsque l’on prévoit de passer ses vieux jours à l’étranger. DFAE

Au vu du vieillissement de la population suisse à l’étranger, le DFAE a décidé de lancer une campagne de sensibilisation appelée «Bien vieillir à l’étrangerLien externe» au printemps 2022. Où en êtes-vous aujourd’hui?

Sur les 800’000 Suisses de l’étranger, près de 23% ont plus de 65 ans. Cela représente plus de 183’000 personnes. De plus, nous constatons que de plus en plus de Suisses choisissent de s’établir à l’étranger à l’heure de la retraite. Nous souhaitons que nos représentations aient les moyens de s’adresser à cette population spécifique.

Par le biais des brochures, des vidéos et des webinaires que nous lançons actuellement, nous souhaitons leur rappeler le principe de responsabilité individuelle. Et pour que les gens puissent s’aider eux-mêmes, nous devons les rendre attentifs à certains éléments.

Le matériel sera distribué par les consulats, lorsque les Suisses s’y annoncent. Nous envisageons d’organiser des événements dans les représentations pour les Helvètes qui atteignent l’âge de la retraite à l’étranger. En Suisse, nous travaillons également à ce que les personnes retraitées reçoivent ces informations de la part de leur commune lorsqu’elles annoncent leur départ pour l’étranger.

Une ambassade qui coûtera deux fois son prix initial

D’après un article de BlickLien externe paru le 24 août, le Contrôle fédéral des finances (CDF) a rappelé la Confédération à l’ordre au sujet de la nouvelle ambassade de Suisse à Pékin (Chine). Celle-ci devrait coûter 48 millions de francs au lieu des 25 millions initialement prévus.

La Direction consulaire ne se charge pas de la construction ou de la rénovation des représentations extérieures. Le Département fédéral des finances (DFF) et l’Office fédéral des constructions et de la logistique (OFCL) en sont responsables.

Interrogé par swissinfo.ch, l’OFCL déclare que l’état des coûts de 25 millions de francs se base sur une étude de faisabilité réalisée en 2017. Depuis, «les conditions économiques générales ont changé de manière significative», indique l’office.

«Ainsi, l’estimation des coûts d’avril 2022, qui s’élève à 48 millions de CHF, tient compte de l’influence de la pandémie de Covid-19 et du renchérissement potentiel. […] Compte tenu des marchés chinois et des fluctuations de l’inflation au niveau mondial, il s’agit de l’hypothèse la plus probable pour l’évolution future.»

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Deux ambassades en terrain miné

En 2019, la Suisse a rénové l’ambassade à Moscou pour 42 millions de francs et en a ouvert une en 2020 à Minsk, en Biélorussie.

Depuis, la Russie, soutenue par la Biélorussie, a envahi l’Ukraine, rebattant les cartes de la diplomatie européenne. Interrogé sur la nécessité de ces investissements et sur les activités désormais entreprises par ces deux ambassades, le DFAE, qui est «responsable de la mise en œuvre de la Stratégie de politique extérieure de la Suisse», indique mener une politique étrangère universelle, raison pour laquelle la Suisse est également présente dans des contextes exigeants, comme en Biélorussie et en Russie.

D’après une porte-parole du DFAE, «ces ambassades jouent un rôle important pour défendre au mieux les intérêts suisses, y compris en temps de guerre. Leur domaine d’activité est légèrement adapté aux circonstances, mais correspond dans l’ensemble aux tâches habituelles d’une représentation suisse à l’étranger.»

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