Sport

Tedesco a mis la méthode-Martinez à la poubelle

1. Plus de discipline : finies, les sorties à la Eden

Le directeur technique Frankie Vercauteren l’avait fait comprendre au début du rassemblement : il fallait resserrer les boulons au niveau de la discipline. Les faveurs que Martinez offrait aux joueurs (et surtout à ses cadres) étaient en train de se retourner contre lui. La vidéo de la sortie d’Eden Hazard, accompagné par quelques coéquipiers, dans la boîte de nuit ‘Bloody Louis’ à Bruxelles deux jours avant Pays-Bas – Belgique a choqué l’ex-sélectionneur. Mais il était trop tard. Une certaine routine s’était installée lors des derniers mois sous Martinez. Un exemple d’une des règles : une demande de respect strict sur les horaires. Il n’est toutefois pas question d’un régime tyrannique. Après le 0-3 en Suède, l’Italo-Allemand a récompensé ses joueurs en leur donnant plus de temps libre que prévu. Ils ont pu passer la nuit chez eux et non pas à Tubize.

2. Encore plus ‘pro’ : non à certaines actions

Vu l’évolution dans le football, la méthode de travail de Roberto Martinez était déjà plus scientifique que celle de Marc Wilmots. Et Tedesco va encore plus loin. Un exemple : au début du rassemblement, les joueurs ont tous reçu un programme individuel. À la salle de fitness, les schémas de chaque joueur étaient affichés. Et aucune activité ne peut perturber de quelque manière que ce soit la préparation d’un match. Tedesco et Vercauteren ont accepté la séance de dédicaces de samedi mais ils ont dit non à quelques actions commerciales. Martinez, lui, disait plus facilement oui aux sponsors.

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3. Seulement 20 joueurs de champ : 85 % a joué

Vingt joueurs de champs et quatre gardiens : vu la période chargée dans laquelle les rencontres ont eu lieu, la sélection pour deux matchs semblait très (ou trop) réduite. Pour les matchs contre la Côte d’Ivoire, l’Angleterre et l’Islande du mois d’octobre 2020, Roberto Martinez avait rappelé… 33 joueurs. Mais après chaque annonce de sélection, un Faes, Benteke, ou Sambi Lokonga savait d’avance qu’il ne compterait pas sûr eux. Tedesco veut que tous ses joueurs se sentent impliqués et il veut donc que (presque) tout le monde reçoive du temps de jeu. Debast, Meunier et Praet (blessé) sont les seuls joueurs de champ à ne pas avoir joué, 85 % d’entre eux ont donc pu se montrer.

Belgium's Johan Bakayoko and Belgium's head coach Domenico Tedesco pictured during a friendly game between the German national soccer team and Belgian national soccer team Red Devils, in Koln, Germany, Tuesday 28 March 2023. BELGA PHOTO VIRGINIE LEFOUR
Tedesco est fan de Bakayoko et il ne l’a pas caché.

4. L’équipe a 3 ans en moins : 2 adolescents rappelés

Même s’il a annoncé dès sa désignation comme coach fédéral qu’il ne tiendrait pas compte de l’âge des joueurs pour faire sa sélection ou son équipe, on s’attendait à un rajeunissement de l’effectif. Et c’est ce que qui s’est produit. Tedesco a lancé deux adolescents : Bakayoko et Lavia. Dans l’entrejeu, il a donné les clés à Amadou Onana (22 ans) et il a osé laisser un monument comme Axel Witsel (34 ans) à Madrid. Même sans blessure, Batshuayi n’aurait pas été repris non plus, et la même chose vaut probablement pour Mertens (35 ans). L’équipe qui a débuté le match en Allemagne avait 27 ans de moyenne, c’est trois ans de moins que les 29,9 ans contre le Canada à la Coupe du monde. Le onze qui a terminé le match en Allemagne (avec Bakayoko et Lavia) n’avait même que 23,4 ans.

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5. Une défense à quatre : après 6 ans de 3-5-2

De ses 79 matchs comme coach fédéral, Roberto Martinez a joué le premier avec une défense à quatre, contre l’Espagne (0-2). Puis, il est passé à sa fameuse défense à trois dans un 3-5-2. Jusqu’à la Coupe du monde en Russie, cette formule était magique. Mais par après, les adversaires de niveau ont décrypté le code-Martinez et ont trouvé la façon de faire mal à la Belgique. Tedesco a osé rompre avec le passé. Contre la Suède, il a joué en 4-4-2 en perte de balle (comme la Suède) et en 4-3-3 en possession. Contre l’Allemagne, il a renforcé son entrejeu en sacrifiant Trossard pour Mangala. En d’autres mots : il adapte son système en fonction de l’adversaire. Ne soyons donc pas surpris s’il joue un jour avec trois défenseurs. Tedesco aime surprendre son adversaire, chose que Martinez ne faisait que très rarement.

6. La philosophie Red Bull’: Eden n’aurait pas joué

C’est Sebastiaan Bornauw qui a le mieux synthétisé le système de jeu convoité par Tedesco en le qualifiant de ‘philosophie Red Bull’. En effet, Salzbourg et surtout Leipzig, club avec lequel Tedesco a remporté la Coupe d’Allemagne, jouent un football avec beaucoup d’intensité, avec de la verticalité, un pressing haut et beaucoup de vitesse, surtout sur les flancs. D’où son choix pour Onana plutôt que pour Witsel dans l’entrejeu. Et d’où l’importance de Lukebakio, Bakayoko et Doku sur les flancs. Même si Eden Hazard n’avait pas pris sa retraite internationale, il n’aurait pas eu voix au chapitre avec sa forme actuelle. Avec Tedesco, on ose parier qu’Eden Hazard n’aurait pas joué à la Coupe du monde.

STOCKHOLM, SWEDEN - MARCH 24 : Tedesco Domenico head coach of Belgian Team and De Bruyne Kevin forward of Belgium during the Euro 2024 Qualifying Match Group F match between Sweden and Belgium on March 24, 2023 in Stockholm, Sweden, 24/03/2023 ( Photo by Jan De Meuleneir / Photo News
De Bruyne est le bras droit de Tedesco. Bien vu de la part de l’Italo-Allemand. ©JDM

7. De Bruyne capitaine : ses patrons ont faim

Même si Kevin De Bruyne s’est senti embarrassé envers Jan Vertonghen de recevoir le brassard de capitaine, Domenico Tedesco a persévéré. Il avait vu que De Bruyne – intrinsèquement le meilleur Diable – ne s’était pas senti bien dans sa peau au Mondial. Il savait qu’il pouvait lui rendre son envie et sa rage de vaincre en lui donnant plus de responsabilités. Aussi bien en Suède qu’en Allemagne, on a revu le Kevin de Manchester City. Et même sans lui donner le brassard de capitaine, Tedesco est parvenu à rendre le plaisir à cet autre élément clé de la Belgique, Romelu Lukaku. À la recherche de sa meilleure forme à l’Inter, Romelu semble s’être refait une santé en deux matchs avec la Belgique.

8. Une communication claire : mauvais timing du C4 de Bossaert

Tedesco a également marqué des points auprès des médias. Sa communication est claire et honnête. Martinez parlait beaucoup mais ne disait pas grand-chose de concret. Tedesco ne cache pas que Batschuayi n’aurait pas été repris, même sans blessure. Il explique pourquoi Witsel n’est pas là et pourquoi il a fait monter Saelemaekers et De Ketelaere en Allemagne. Il dit tout haut que le C4 du CEO Bossaert le jour de Suède – Belgique est tombé à un mauvais moment. Et non, avant un match il ne dévoile pas son système de jeu ni le nom de l’un ou l’autre titulaire. Mais il explique pourquoi : ce n’est pas pour jouer à cache-cache avec les journalistes, mais pour ne pas donner de tuyaux à l’adversaire. Comme ça, les choses sont claires.

KBVB-URBSFA Sorts Director Football Frank Vercauteren and Belgium's head coach Domenico Tedesco pictured at the start of a soccer game between the Swedish national team and Belgium's Red Devils, at the Friends Arena, in Solna, Sweden, Friday 24 March 2023, the first (out of 8) Euro 2024 qualification match. BELGA PHOTO VIRGINIE LEFOUR
Vercauteren et Tedesco: un duo solide.

9. Plus petit staff, bon duo avec Vercauteren

Après l’échec au Mondial, la Fédération a dû faire des économies. Le staff a fortement été réduit de 41 à 25 personnes. Tedesco ne s’y est pas opposé. Et alors que le coach Martinez devait être évalué par le directeur technique… Martinez, Tedesco est jugé par Frankie Vercauteren. Les deux forment un duo très solide et complémentaire. Sur base du travail fourni lors de ces deux matchs, Tedesco et Vercauteren comptaient décider si le staff devait être élargi. Vu le succès à tous les niveaux, il semble évident que ce ne sera pas le cas.

10. Des entraînements plus durs

Comme partout, les médias n’avaient accès qu’à 15 minutes d’échauffement à trois entraînements. Mais même pendant ce quart d’heure, la charge de travail semblait plus élevée que sous Martinez. Tedesco veut de l’intensité et de l’énergie, même aux entraînements. Visiblement, les jeunes lions l’ont aidé à pousser le niveau vers le haut.