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Son cancer, ses dettes “colossales” et le fisc : Florent Pagny se livre comme jamais dans son autobiographie

Il y a ensuite cette autobiographie coércite avec Emmanuelle Cosso, disponible dès ce mercredi 5 avril. S’il avait commencé l’écriture de Pagny par Florent (Éd. Fayard) avant de savoir que le cancer ne s’invite dans ses poumons, c’est bien la maladie qui occupe une place prépondérante dans son livre. Avec le franc-parler qu’on lui connaît depuis toujours, le chanteur raconte comment tout a commencé. Au départ, il y a une toux banale, “pas méchante. Intermittente, elle ne me pose pas de problème”. “Si ma toux était la conséquence d’une sursollicitation des mes muscles vocaux, explique-t-il, elle devrait s’arranger.” Mais non, elle ne passe pas. Pire, elle s’aggrave. “Fumer devient si désagréable que j’arrête.” Il pensait à une mauvaise bronchite, il tombe de haut quand le scanner révèle la présence d’un cancer inopérable. “Lorsque l’information tombe, je suis assommé. Je me prends une claque qui me fout en l’air avant de me plaquer au sol, la gorge si serrée que j’ai du mal à respirer.” C’est seul, dans sa loge, qu’il apprend la nouvelle. Il est alors en plein tournage pour The Voice, la plus belle voix. “Je ne prends pas le temps de l’encaisser. Je raccroche, explique-t-il. Dix secondes plus tard, je pousse la porte de la loge et me dirige vers le plateau.”

”La terre s’effondre”, confesse-t-il. “Le cancer balaie tout ce que j’ai autour de moi, en moi. Je fais place nette.”Ce cancer m’a chopé alors que j’étais en pleine forme. C’est peut-être pour ça qu’il s’est développé si vite. C’est le cancer hyperactif d’un type hyperactif.” La maladie le contraint à annuler une quarantaine de dates de sa tournée anniversaire pour ses 60 ans. Comment annoncer cela à ses fans ? “J’ai suivi mon instinct, écrit-il, ainsi qu’un certain sens pratique en rendant public ce qui m’arrivait.” C’est la fameuse vidéo dans laquelle il annonce le mal qui le ronge et explique qu’il ne pourra pas honorer les concerts prévus. Une démarche qu’il voulait “honnête et sincère” mais qui s’est aussi retournée contre lui. Il déplore l’exploitation qui a été faite un peu partout de son image.

Malgré tous ces désagréments et ceux de la maladie, il reste positif. Étonnament positif, même si on le sait guerrier comme personne. “Cette maladie m’a aussi apporté de belles choses, de bonnes choses… Aujourd’hui, je peux même dire si au final, cette histoire n’aura pas été plus positive que négative. Cette réflexion elle-même me paraît folle, pourtant c’est précisément ce que la maladie me conduit à penser…”

Tout cela n’empêche pas Florent Pagny de garder son humour et ce brin de provocation qui lui sied si bien. Que voit-on en couverture de son autobiographie ? Une photo de lui fumant une cigarette. Provoc ? Une image du passé répond-il. “C’est terminé, et ça n’arrivera plus.” Il a arrêté de fumer.

Fisc saison 1, saison 2, saison 3

Un autre gros chapitre retient l’attention : ses déboires avec le fisc. Au lieu de chapitre, il faudrait plutôt parler de saga ou de série. D’ailleurs, Florent Pagny passe le sujet en revue par saisons : saison 1, saison 2, saison 3…

Tout le monde se souvient de son coup de gueule contre les impôts avec son tube “Ma liberté de penser” (musique de Pacsal Obispo, texte de Lionel Florence). C’était il y a 20 ans. , Le chanteur était alors soupçonné de fraude fiscale. “Je n’imaginais pas que la chanson déclencherait une telle réaction au ministère”, confie-t-il, jugeant qu’elle était plus ironique que méchante, “et surtout moins violente que ce que moi j’ai vécu”. Il pliera d’ailleurs bagage pour s’installer en Patagonie.

À l’époque, Florent Pagny se retrouve sur la paille, sans le sou, écrit-il. Il est criblé de dettes envers le fisc. Ses déboires ont commencé 14 ans plus tôt. En 1989, il fait l’objet d’une première régularisation. Il plaide l’ignorance et la bonne foi, déplore qu’on ne lui ait jamais rien dit ou expliqué alors qu’il débarquait dans le métier. Conséquence : quand il se présente devant le fisc, spontanément dit-il, il se fait “essorer”. Ce n’est rien au regard de ce qui l’attend trois ans plus tard. En 1992, il se retrouve dans une “situation intenable”. Il apprend avec surprise que la société qu’il a mandatée pour s’occuper de ses impôts a omis de déclarer les sommes “rondelettes” qui ont été versées au chanteur… “Je n’avais plus d’argent, désormais j’ai quelque chose de plus : des dettes. Elles sont colossales.” La suite, c’est la saisie de ses biens, “Ma liberté de penser”, etc.

Vanessa et Azucena

1989. Alors que le fisc lui tombe dessus, Florent Pagny tombe amoureux d’une jeune chanteuse de 11 ans sa cadette : Vanessa Paradis. Ils se sont rencontrés un an plus tôt, il a succombé à son “charisme fou”, celui “des grands timides”. Leur idylle a duré trois ans, jusqu’au jour où “j’ai dégagé de la photo. Direct”, déplore-t-il. Une éviction qui lui laisse un goût amer. Il écrit : “J’ai tellement été là pour elle, j’ai tellement œuvré pour arranger tout ce qui était foireux ou malsain autour d’elle, et ça lui a tellement réussi”.

La même année, il croisera cependant la route de celle deviendra sa femme et l’est toujours : Azucena. Là aussi, il s’agit d’une histoire compliquée. Du moins au début…