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Qu’est-ce que la « pierre du destin », symbole phare du couronnement de Charles III

Au terme d’un voyage sous haute sécurité, la pierre de 152 kilos ira se loger dans son emplacement sous la chaise du roi Edouard, un trône de chêne de plus de deux mètres de haut, au centre des couronnements depuis plus de 700 ans.

Brièvement dérobée par des étudiants écossais au cours d’une audacieuse épopée en 1950, la pierre est symboliquement rendue à l’Ecosse en 1996, en pleine montée du sentiment indépendantiste. Mais il est convenu qu’elle retourne du château d’Edimbourg à Westminster pour les couronnements.

Après la cérémonie pour le départ de la pierre, le Premier ministre écossais Humza Yousaf, qui ambitionne de mener l’Ecosse à l’indépendance et de quitter le giron de la monarchie britannique, a salué un « moment historique » auquel il s’est dit « ravi » de prendre part.

Selon la légende, la pierre a été transportée de la Terre sainte à travers l’Egypte, la Sicile, l’Espagne et l’Irlande avant d’être disposée dans un monastère à Scone, en Ecosse, au IXe siècle, puis d’être utilisée pendant des siècles pour les couronnements des rois écossais.

Mais, estime David Breeze, professeur d’histoire et d’archéologie à l’université d’Edimbourg, il est très probable qu’elle provienne en fait du royaume des Pictes écossais.

« L’origine de la pierre a longtemps été empreinte de mythe », a déclaré l’historien à Times Radio.

Chasse à l’homme

« Le lien avec le Moyen-Orient est fort et, au Moyen-Age, l’idée que selon laquelle la pierre a été l’oreiller de Jacob a été utilisée pour justifier une expansion territoriale », explique-t-il.

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Le Premier ministre écossais Humza Yousaf à côté de la "pierre du destin" lors d’une cérémonie au château d’Edimbourg, le 27 avril 2023

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Le Premier ministre écossais Humza Yousaf à côté de la « pierre du destin » lors d’une cérémonie au château d’Edimbourg, le 27 avril 2023 ©POOL/AFP

« Nous pensons que le lien avec Scone est fort et il est hautement probable qu’elle trouve ses origines dans l’ancien royaume picte en Ecosse ».

D’après Historic Environment Scotland, l’organisme gardant la pierre, des analyses scientifiques ont confirmé que cette dernière était celle-là même qui avait été prise à Scone par le roi Edouard Ier.

Il avait ordonné qu’elle soit intégrée à la chaise du couronnement en 1296.

« Edouard faisait une déclaration au sujet du statut de l’Ecosse », raconte Ewen Cameron, professeur d’histoire écossaise à l’université d’Edimbourg.

« Un chroniqueur avait affirmé que son transfert à Londres était en reconnaissance d’un royaume conquis et qui s’est rendu. »

La pierre est restée à l’abbaye de Westminster pendant l’essentiel des 650 ans qui ont suivi, jusqu’au réveillon de Noël 1950, où un groupe d’étudiants écossais se lance dans une audacieuse entreprise : la récupérer.

Après le larcin, une chasse à l’homme avec barrages à la frontière anglo-écossaise avait été déclenchée mais ses auteurs avaient déjà réussi à faire passer la pierre au nord.

Ils avaient ensuite raconté qu’ils avaient dû secrètement recourir aux services d’un tailleur de pierres pour la remettre en état après une chute survenue quand ils la transportaient à leur voiture.

Héros nationaux

La pierre a ensuite été retrouvée à l’abbaye d’Arbroath, où a été proclamée la nation écossaise en 1320 sous le roi Robert Ier d’Ecosse

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La "pierre du destin", l’une des pièces centrales du couronnement du roi Charles III, avant son départ pour l’abbaye de Westminster à Londres, lors d’une cérémonie au château d’Edimbourg, le 27 avril 2023

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La « pierre du destin », l’une des pièces centrales du couronnement du roi Charles III, avant son départ pour l’abbaye de Westminster à Londres, lors d’une cérémonie au château d’Edimbourg, le 27 avril 2023 ©POOL/AFP

Elle a été rapportée à Londres en 1951, où elle a retrouvé sa place sous le trône pour le couronnement d’Elizabeth II en 1953.

L’un des étudiants, Ian Hamilton, avait commencé à éveiller les soupçons de la police quand les enquêteurs avaient découvert qu’il avait pris tous les livres qu’il pouvait sur l’abbaye de Westminster dans une bibliothèque de Glasgow.

Les quatre étudiants, salués comme des héros nationaux, ne seront jamais poursuivis.

Ian Hamilton, qui est devenu l’un des avocats les plus respectés en Ecosse, est mort l’année dernière à l’âge de 97 ans.

Son livre, intitulé « la prise de la pierre du destin », a été porté à l’écran dans « Stone of Destiny » avec le comédien Charlie Cox.

La pierre est retournée à Edimbourg en 1996, à la condition qu’elle aille à nouveau à Londres pour les couronnements.