Maroc

Plénière des Assemblées annuelles de la BM/FMI : La révision de l’architecture financière mondiale s’impose

Lors du message adressé à la plénière et lu par le conseiller de SM le Roi, Omar Kabbaj, le Souverain souligne que le Maroc «a conforté son positionnement en tant qu’îlot de paix, de sécurité et de stabilité, de partenaire crédible et de hub économique et financier régional et continental».

Le Souverain a adressé aux participants des Assemblées annuelles de la BM et du FMI un message où il a fait état des évolutions économiques que connaît le Maroc ainsi que les défis mondiaux communs. Cette séance plénière a également été marquée par les interventions de la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, et du président de la Banque mondiale, Ajay Banga. Les détails.

Les Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international se sont poursuivis à Marrakech jusqu’au 15 octobre 2023. Cet évènement a été marqué par le message adressé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI aux participants lors de la séance plénière qui s’est déroulée le 13 octobre 2023. Ce message a été lu par Omar Kabbaj, conseiller de Sa Majesté le Roi. «Les évolutions économiques, sociales et politiques de ces dernières années appellent certes à une réforme des institutions et des règles régissant le multilatéralisme. Néanmoins, les principes de base de ce dernier doivent être consolidés et l’esprit qui l’anime ravivé», indique le Souverain. Et de poursuivre : «Ils demeurent en effet indispensables pour préserver la stabilité et la paix mondiales et favoriser les synergies afin que soient relevés les défis communs auxquels font face notre planète et nos peuples. Mais, comme nous le savons tous, face à des défis mondiaux, il faut des solutions mondiales et celles-ci ne peuvent être conçues que dans le cadre de l’unité et du respect mutuel. Pour cela, il convient d’intégrer et de valoriser la diversité comme source de richesse et non de conflit, en tenant compte des spécificités intrinsèques à chaque pays et à chaque région». Dans le message adressé aux participants, Sa Majesté le Roi a mis l’accent sur l’importance de revoir et d’améliorer l’architecture financière mondiale pour qu’elle soit plus équitable et plus inclusive. «Ces Assemblées annuelles constituent, à cet égard, le forum idoine pour un dialogue et un débat constructifs autour de cette refonte», précise-t-il. Dans ce sens, il souligne : «Notre approche privilégie l’ouverture économique et la coopération. D’ailleurs, Nous nous inscrivons dans les différents agendas mondiaux, en termes de développement économique, de lutte contre le changement climatique aussi bien que dans le combat contre le terrorisme, le blanchiment de capitaux et la montée de l’insécurité cybernétique qu’engendre la révolution digitale». Dans son message, SM le Roi Mohammed VI a mis en avant l’axe d’ouverture prioritaire accordée à la coopération Sud-Sud. «Nous procédons en cela selon une démarche de co-développement avec les pays frères et amis du continent», ajoute le Souverain. Et SM le Roi de poursuivre : «Au plan interne, Nous avons, depuis le début des années 2000, lancé des réformes sociétales, sociales et économiques majeures, ainsi qu’un vaste programme d’infrastructure. En parallèle, Nous avons veillé à la préservation des équilibres macroéconomiques, que nous considérons comme garants de la souveraineté et de la résilience économiques».
Dans son message, SM le Roi évoque l’approche équilibrée adoptée où la politique économique est mobilisée au service du développement humain citant également le chantier de la généralisation de la protection sociale dans le Royaume. «Les retombées de cette vision sont déjà palpables : l’économie nationale a affiché une résilience notable dans cet environnement international complexe et incertain marqué par une succession de chocs invraisemblables ces dernières années», relève Sa Majesté le Roi.
Le Souverain souligne par ailleurs que le Maroc «a conforté son positionnement en tant qu’îlot de paix, de sécurité et de stabilité, de partenaire crédible et de hub économique et financier régional et continental». Et de poursuivre: «C’est ainsi que Nous considérons l’accueil de ces Assemblées par le Maroc comme l’aboutissement d’un partenariat de longue date, bâti avec les institutions de Bretton Woods. Il témoigne, en outre, de la confiance dans la solidité de notre cadre institutionnel et de nos infrastructures ainsi que dans notre engagement à contribuer au raffermissement des relations internationales ».

Assurer les financements nécessaires pour un monde différent

«Nous devons trouver un moyen de financer un monde différent où notre climat soit protégé, où les pandémies soient gérables – voire évitables, où la nourriture soit abondante et où la fragilité et la pauvreté soient vaincues», souligne Ajay Banga, président de la Banque mondiale, lors de la séance plénière des Assemblées annuelles 2023 du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui s’est déroulée à Marrakech le 13 octobre 2023. Le président de la Banque mondiale a expliqué que le monde est actuellement confronté à un recul de la lutte contre la pauvreté, une crise climatique existentielle, à l’insécurité alimentaire et à la fragilité ainsi qu’à une reprise post-pandémique faible. Ajay Banga a également évoqué les défis et la complexité géopolitique du contexte actuel qui exacerbent les inégalités. « La croissance économique dans un grand nombre de pays en développement est en recul. Elle est passée de 6 à 5% au cours des 20 dernières années et devrait atteindre 4% dans les 7 prochaines années. Pour chaque point de pourcentage perdu, 100 millions de personnes basculent dans la pauvreté et 50 millions dans l’extrême pauvreté», précise-t-il.

Suivre les principes de la Déclaration de Marrakech

Pour sa part, Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), est revenue sur les perspectives de la reprise économique. «Comme nous l’avons montré dans les perspectives de l’économie mondiale que nous avons publiées il y a quelques jours, si le monde a fait preuve d’une résilience spectaculaire, la reprise après les chocs des dernières années est lente et inégale». Et d’expliquer : «Lente, car avec un taux de 3%, la croissance est actuellement bien inférieure à la moyenne des vingt années précédant la pandémie, et les perspectives de croissance à moyen terme sont également les plus faibles qu’on ait vues depuis des décennies. Inégale, car les séquelles économiques des chocs récents varient grandement d’un pays à l’autre, les pays émergents et les pays en développement étant clairement les plus durement touchés». Selon la responsable, «après une longue période de convergence économique, une dangereuse divergence entre les pays et les régions est apparue, aggravée par la fragmentation, le changement climatique et la fragilité, qui ont amené de nombreux pays à un point de rupture» citant à ce propos le cas du continent africain, qui abrite la population la plus jeune du monde. «Au cours des 50 prochaines années, il sera essentiel de réduire l’écart de revenu avec les pays plus avancés et de générer une croissance créatrice d’emplois», indique-t-elle. La DG du FMI a mis l’accent sur les principes de la Déclaration de Marrakech. Elle cite à cet égard deux priorités, à savoir la nécessité d’investir sur des bases économiques solides et investir dans la coopération mondiale. «Le scénario d’une croissance inclusive et durable sur les 50 prochaines années n’est possible que si nous travaillons de concert, ici encore dans l’esprit des principes de Marrakech. L’action climatique et les échanges commerciaux en sont des exemples évidents», conclut Mme Georgieva.