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Un document iranien piraté révèle les dessous de l’affaire Assadi, Olivier Vandecasteele comme “monnaie d’échange”

C’est ce qu’on peut lire dans un document fourni par l’opposition iranienne et subtilisé durant le week-end lors d’un piratage du système informatique du ministère iranien des Affaires étrangères.

Le document d’une quinzaine de pages, rédigé en farsi, recense toutes les actions entreprises par les diplomates iraniens pour récupérer Assadi. Il souligne dès les premières lignes que le cas Assadi “relève des compétences et responsabilités du ministère du Renseignement de la République islamique”.

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Un intense travail de lobbying

Dans ce relevé, qui a probablement été rédigé “aux alentours de juillet ou août 2021” selon l’opposition iranienne, les diplomates relèvent l’énorme travail de lobbying fait par Téhéran pour libérer Assadi avant même qu’il ne soit condamné en février 2021 à Anvers à vingt ans de prison pour tentative d’attentat terroriste.

Au parlement belge, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne avait précisé l’an dernier que les premières tractations pour un traité de transfèrement de détenus entre la Belgique et l’Iran dataient de 2016. Après une période de flottement, Téhéran confirma le 23 juin 2020 sa volonté d’accueillir des détenus iraniens dans ses prisons, avait expliqué le ministre.

La condamnation à mort en 2017 du professeur de la VUB, Ahmadreza Djalali, a probablement accéléré le processus.

La condamnation à mort en 2017 du professeur de la VUB, Ahmadreza Djalali, citoyen suédo-iranien et l’arrestation en Allemagne d’Assadi en 2018 ont fort probablement accéléré le processus.

Tout en appelant à libérer Olivier Vandecasteele, Amnesty dénonce le traité signé avec l’Iran.
Tout en appelant à libérer Olivier Vandecasteele, Amnesty dénonce le traité signé avec l’Iran. ©- 

Olivier Vandecasteele, une “monnaie d’échange”

Le document qui a fuité ce week-end énumère les allers-retours du projet de traité entre les deux pays, entre novembre 2020 et le 31 mai 2021. Selon ce document, un accord a été obtenu dès 2021. Le Traité a été officiellement signé le 11 mars 2022.

L’essentiel des démarches ont donc été faites avant l’arrestation à Téhéran d’Olivier Vandecasteele, dans la soirée du 24 février 2022. L’humanitaire belge est donc devenu “une monnaie d’échange” selon l’opposition iranienne, pour servir de contrepartie au rapatriement du détenu Assadi. Depuis lors, l’otage belge a été condamné à 40 ans de prison, à 74 coups de fouet et à une amende d’un million de dollars, lors d’un simulacre de procès.

Selon le document, des dizaines de contacts ont eu lieu entre responsables belges et iraniens à partir de l’arrestation d’Assadi. Plusieurs responsables des Affaires étrangères se sont rendus à Téhéran. C’est le cas notamment du Directeur général en décembre 2019. Le ministre iranien a demandé la libération du diplomate “lors d’une conversation téléphonique avec la ministre belge des Affaires étrangères Sophie Wilmès en décembre 2020”. Le document note aussi la visite d’un journaliste de La Libre Belgique (l’auteur de cet article, NdlR) à l’ambassade d’Iran à Bruxelles où on lui a expliqué “l’impunité politique de M. Assadi et la nature terroriste de l’Organisation des Moudjahidines du Peuple”, l’organisation visée à Villepinte.

Fausse couverture à Vienne

Assadi était accrédité à l’ambassade d’Iran à Vienne comme “troisième secrétaire”. Ce que ce document montre, c’est qu’il s’agissait bien d’une couverture, comme l’avait dit la Sûreté de l’État. Il dépendait du Département 321 du ministère du Renseignement et de la Sécurité (MOIS).

Le piratage du système informatique des Affaires étrangères iranien a été effectué par un collectif de hackers dénommé “ghiamtasarnegouni”. Ce dernier a diffusé dimanche soir plusieurs documents sur la messagerie Telegram. Le site des Affaires étrangères était hors d’usage dimanche, mais a été rétabli lundi.