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Les deux tiers des nouvelles voitures vendus aux Etats-Unis seront entièrement électriques d’ici 2032.

Ce mercredi 12 avril, l’administration américaine a annoncé un nouveau plan visant à garantir que les deux tiers des voitures vendues à l’horizon 2032 seront électriques. Une révolution qui inquiète l’industrie automobile.

L’Agence de protection environnementale (EPA) a présenté, ce mercredi 12 avril , sa réglementation nationale sur le climat la plus ambitieuse à ce jour afin de garantir que les deux tiers des nouvelles voitures et le quart des poids lourds vendus aux États-Unis soient entièrement électriques d’ici 2032.

Dans la mesure où l’agence fédérale de protection de l’environnement ne peut imposer des quotas minimaux de vente de véhicules électriques aux constructeurs automobiles, elle peut cependant, en vertu de la loi américaine sur la qualité de l’air, limiter la pollution générée par le nombre total de véhicules vendus par chaque constructeur.

Dans les faits, l’agence peut fixer cette limite de manière si stricte que le seul moyen pour les constructeurs de s’y conformer sera d’augmenter leurs ventes de véhicules zéro émission. Et c’est ce qu’elle compte faire.

Selon la proposition de règlement appuyée par l’administration du président Joe Biden, les limites de pollution proposées pour les voitures visent à garantir que 67 % des ventes de nouveaux véhicules légers de tourisme, y compris les camionnettes, seront entièrement électriques d’ici 2032.

En outre, 46 % des ventes de nouveaux camions de taille moyenne, tels que les camionnettes de livraison, seront entièrement électriques ou dotés d’une autre forme de technologie zéro émission d’ici la même année, selon le plan.

L’EPA propose aussi une règle complémentaire pour les véhicules lourds, exigeant que 50 % des nouveaux bus et 25 % des nouveaux camions lourds vendus soient entièrement électriques d’ici 2032.

Selon The New York Times, si elles sont appliquées telles quelles, ces deux réglementations permettraient d’éliminer l’équivalent des émissions de CO2 générées en deux ans par tous les secteurs de l’économie aux États-Unis, qui sont, rappelons-le, le deuxième plus grand pollueur de la planète après la Chine.

D’un point de vue plus global, si elles sont respectées, ces mesures pourraient placer la plus grande économie du monde dans une position dominante en matière de technologie de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et c’est précisément ce que souhaite le président Joe Biden.

D’un point de vue climatique, il devient également urgent aux États-Unis d’agir pour tenter de limiter les effets dévastateurs des changements climatiques qui affectent de plus en plus le pays, mais aussi l’ensemble de la planète.

« En proposant les normes de pollution les plus ambitieuses jamais adoptées pour les voitures et les camions, nous tenons la promesse de l’administration Biden-Harris de protéger la population et la planète, en garantissant des réductions essentielles de la pollution atmosphérique et climatique dangereuse et en assurant des avantages économiques significatifs tels que la réduction des coûts de carburant et d’entretien pour les familles » , a expliqué l’administrateur de l’EPA, Michael S. Regan, dans un communiqué.

Une révolution industrielle

Au plan industriel toutefois, le respect de ces nouvelles règles ne nécessitera rien de moins qu’une révolution dans l’industrie automobile américaine où les véhicules électriques ne représentent que 5,8 % des ventes. Et moins de 2 % des ventes de poids lourds.

Plusieurs constructeurs automobiles qui craignent une transition trop rapide vers l’électrique redoutent des pertes d’emplois et des baisses de leurs bénéfices si l’industrie fonce tête baissée dans les technologies zéro émission dont la fiabilité et l’efficacité ne sont pas encore au point. Il suffit de penser à l’hydrogène ou à l’autonomie limitée des véhicules électriques à batteries, sans compter le manque d’infrastructures de recharge et les difficultés de la chaîne d’approvisionnement qui affecte la production.

Au Canada et aux États-Unis, il faut actuellement attendre un à deux ans avant de prendre livraison d’un véhicule électrique ou hybride neuf dans les marques les plus demandées.

Le doute persiste chez les constructeurs et les travailleurs

Même si la majorité d’entre eux ont investi massivement dans l’électrification de leurs produits, les constructeurs se demandent toujours si les clients seront prêts à payer plus cher pour se procurer des véhicules électriques dont le rendement et l’autonomie demeurent inférieurs à celui des véhicules à essence.

Les syndicats des travailleurs de l’automobile craignent pour leur part des pertes d’emplois, car l’assemblage des véhicules électriques nécessite moins de la moitié du nombre d’ouvriers requis pour assembler des véhicules à essence.

John Bozzella, président de l’Alliance for Automotive Innovation, qui représente de grands constructeurs automobiles américains et étrangers, a émis plusieurs réserves face aux objectifs ambitieux de l’EPA et de l’administration Biden.

« Oui, la transition de l’Amérique vers un avenir de transport électrique et à faible émission de carbone est en bonne voie, a-t-il reconnu dans un communiqué. La fabrication de véhicules électriques et de batteries s’accélère dans tout le pays parce que les constructeurs automobiles ont autofinancé des milliards de dollars pour développer l’électrification des véhicules. »

Mais, ajoute M. Bozzella, « n’oubliez pas que beaucoup de choses doivent bien se passer pour que ce changement massif – et sans précédent – de notre marché automobile et de notre base industrielle soit couronné de succès ».

Selon The New York Times, l’administrateur de l’EPA, Michael Regan, devait présenter la nouvelle réglementation sur la pollution automobile à Détroit (capitale américaine de l’automobile), entouré de véhicules électriques construits aux États-Unis. Mais en raison des tensions avec l’industrie automobile qui rechigne à appuyer publiquement cette politique, l’événement a été déplacé à la dernière minute au siège de l’EPA, à Washington.

Se disant conscient de l’impact qu’aura la proposition de l’EPA sur l’industrie, Michael Regan s’est fait rassurant en déclarant qu’il s’agit d’une proposition, ce qui implique qu’elle pourra être modifiée au besoin.

L’agence recevra par ailleurs tous les commentaires du public sur les règles proposées avant qu’elles ne soient finalisées l’année prochaine. Les règles entreraient en vigueur à partir de 2027.

Le temps presse

Selon un rapport publié en 2021 par l’Agence internationale de l’énergie, les pays devraient cesser de vendre de nouvelles voitures à essence d’ici à 2035 pour éviter que les températures moyennes de la planète n’augmentent de 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels.

Selon les scientifiques, au-delà de cette limite, les effets des vagues de chaleur catastrophiques, des inondations, des sécheresses, des mauvaises récoltes et de l’extinction des espèces deviendraient beaucoup plus difficiles à gérer pour l’humanité. La planète s’est déjà réchauffée d’environ 1,1 degré Celsius en moyenne.

L’administration Biden s’est déjà engagée à réduire de moitié les émissions des États-Unis d’ici à 2030 et à cesser d’ajouter du CO2 dans l’atmosphère d’ici à 2050. L’été dernier, Joe Biden a fait un grand pas vers la réalisation de cet objectif en signant la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act).

Cette loi prévoit des dépenses de 370 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie pour lutter contre le changement climatique, y compris des incitations fiscales allant jusqu’à 7500 dollars pour l’achat de véhicules électriques fabriqués aux États-Unis.