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Le Parlement européen arrête sa position sur le pacte sur la migration et l’asile mais se cogne aux murs

Parmi les textes soumis au vote des eurodéputés figurait le projet de directive, cœur du pacte, sur la gestion des demandes d’asile en fonction des critères de Dublin, sur le partage des responsabilités et sur la solidarité entre les États membres. Les élus ont aussi approuvé le règlement relatif au processus de “filtrage” de ressortissants de pays tiers qui entrent illégalement dans l’Union, afin de déterminer plus vite qui peut ou non prétendre obtenir l’asile en Europe. Le paquet comprenait aussi un règlement sur les situations de crise et une directive sur les résidents de longue durée. Chaque texte a été approuvé avec une solide majorité avoisinant ou dépassant les 400 voix (sur 705 sièges). Le Parlement est désormais prêt à négocier avec le Conseil l’adoption de ces textes avant la fin de la législature, en mai ou en juin 2024.

Le cap vers une Europe forteresse reste inchangé

Il faudra d’abord que les États membres se mettent d’accord entre eux – ils ne l’ont fait que sur le dossier filtrage, jusqu’ici – notamment les notions de responsabilité et de solidarité. Les chances sont élevées que la présidence belge du Conseil se retrouve chargée de l’atterrissage (en catastrophe ?), début 2024.

De l’argent européen pour financer des murs aux frontières ? Oui, mais non

La veille de ces votes, ça a bardé sur le sujet de la migration entre groupes politiques, lors d’un débat… sur un rapport d’orientation relatif au budget européen pour 2024. La question qui brûle : peut-on user des fonds européens pour financer la construction aux frontières extérieures de l’Union de murs destinés à (tenter d’)arrêter les migrants ? Bien sûr, estime le Parti populaire européen (droite et centre-droit) qui avait déposé un amendement en ce sens rédigé par le Polonais Janusz Lewandoswki. Résultat : 322 “bonne idée”, 290 “non” et 20 abstentions. S’y sont ralliés quasi-tout le PPE (seul l’Italien Martusciello a voté contre et huit, dont l’Engagé Benoît Lutgen se sont abstenus), quelques libéraux de Renew, les Conservateurs et réformistes européens et le groupe Identité et démocratie (extrême droite).

Les Vingt-sept assument que la priorité est d’empêcher les migrants d’entrer dans l’Union

On rappellera que la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, PPE itou, a déjà son opposition à ce que le budget de l’Union finance ce type d’infrastructures. Le chef de file du PPE, Manfred Weber n’en a cure. Parce que a) son groupe estime que l’érection de murs est le prix à payer pour la solidarité entre États membres pour gérer la migration ; b) le Bavarois fait du gringue à la droite-très-à-droite-de-la-droite, dont les troupes de la Première ministre italienne Giorgia Meloni, en vue des européennes de 2024 ; c) il ne pardonne pas à sa compatriote d’occuper le siège qu’il convoitait. Bref.

Not amused par l’adoption de cet amendement, la majeure partie du groupe Renew, les socialistes et démocrates, les Verts et la Gauche a décidé de voter contre le rapport budgétaire, qui a été rejeté par 210 pour, 321 contre, 105 absentions. Rien de dramatique en soi, puisque la Commission ne présentera qu’en juin son projet de budget 2024 sur lequel le Parlement se prononcera à l’automne. L’épisode laisse cependant présager une dernière année agitée dans l’hémicycle et pas mal de secousses pour la “majorité” PPE-S&D-Renew.