High-tech

Quand les gymnases deviennent interactifs : « Avec de tels outils, on parvient à garder les enfants à l’école ou à les faire revenir »

Ce constat sans appel émane de Christian Pirali. L’homme sait de quoi il parle. Il y a une trentaine d’années, il a donné naissance au groupe familial Idema dont la mission est de promouvoir l’éducation physique et sportive (notamment dans les établissements scolaires, clubs ou collectivités publiques ou privées) en fournissant du matériel de qualité et en développant et assurant la maintenance d’équipements et infrastructures qui désormais trouvent de plus en plus des prolongements sur le terrain numérique. Basée à Thimister-Clermont (arrondissement de Verviers), Idema dispose également de sièges à Ciney et Bruxelles. L’entreprise, qui emploie à ce jour 77 personnes, a réalisé l’année dernière un chiffre d’affaires de 23 millions d’euros.

Une activité en forte croissance

Historiquement, la société s’est développée autour d’une activité classique de distribution d’articles sportifs (de la balle de ping-pong au javelot, en passant par la raquette de tennis…), achetés essentiellement à des fournisseurs asiatiques (Taïwan, Chine, Pakistan, Inde…), mais aussi de l’aménagement, de la rénovation et de la maintenance de gymnases et de halls sportifs (sols, tribunes, buts, espaliers…).

Mais ces dernières années, depuis 2018 précisément, l’activité numérique de l’entreprise a le vent en poupe. Objectif : créer de véritables gymnases interactifs. Si elle ne représente actuellement que 10 % du chiffre d’affaires du groupe, cette activité numérique connaît une croissance rapide et les perspectives sont assez emballantes.

« Dans le cadre de notre activité d’aménagement de halls de sport, nous sommes en mesure de proposer une projection d’images sur les murs, via une connexion Internet et des caméras 3D. Avec une cinquantaine d’applications sportives déjà disponibles, cela permet de combiner des exercices d’éducation physique avec un apprentissage classique comme du calcul, de la logique, de la géométrie ou de la géographie dans un espace d’apprentissage immersif. Nous amenons en réalité le numérique dans les halls de sport, ce qui permet de créer de nouvelles expériences sensorielles et physiques. Nous avons encore vu récemment que le taux d’absentéisme dans les écoles restait très élevé. Avec de tels outils interactifs, on parvient à garder les enfants à l’école ou à les faire revenir, à les mobiliser au travers d’une activité sportive dont ils ont grand besoin », ajoute Christian Pirali. Des applications destinées aux jeunes mais aussi au troisième âge et aux personnes à besoins spécifiques.

Quid du coût d’une telle technologie ? « L’équipement d’un hall de sport avec une telle technologie coûte entre 25 et 30 000 euros. C’est un peu plus cher qu’une paire de buts de basket… C’est une question de ce que l’on veut investir dans le secteur de l’éducation », précise le CEO d’Idema.

Convertir 175 commandes

Le concept de gymnases interactifs – développé grâce à un partenariat avec Lü, une entreprise installée au Québec – fait donc de plus en plus d’émules. « Nous avons déjà aménagé plus de 350 halls des sports en Europe et la Belgique représente 15 % de ce chiffre. Il y a un fort potentiel dans les années qui viennent. Nous venons de décrocher un marché pour équiper une cinquantaine d’écoles de la ville de Paris. Nous sommes également présents à Berlin, Rotterdam, Amsterdam, un peu partout autour de nous », ajoute notre interlocuteur.

Rien que cette année, Idema entend bien convertir 175 commandes de gymnases interactifs. La confiance est d’autant plus grande qu’Idema va désormais pouvoir compter sur son propre « studio créatif » pour pouvoir produire davantage de contenu numérique éducatif. Et cela grâce au rachat annoncé récemment, et en partenariat avec son partenaire québécois, de la société française Marbotic, basée à Bordeaux et qui a développé un produit éducatif et interactif, visant à soutenir les jeunes enfants dans l’apprentissage de la lecture et des mathématiques.