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Royaume-Uni : Ce que l’on sait des accusations de harcèlement visant Dominic Raab, le vice-Premier ministre

Panique sur les bords de la Tamise. Le vice-Premier ministre britannique, Dominic Raab, a été évincé, vendredi, du gouvernement pour avoir terrorisé ses équipes jusqu’au harcèlement. Pour le Premier ministre, Rishi Sunak, dont cet Eurosceptique convaincu de 49 ans était un proche allié, c’est un coup dur. Le successeur de Boris Johnson, englué dans les scandales, avait en effet promis un gouvernement intègre. 20 Minutes fait le point sur l’affaire.

Qu’est-il reproché à Dominic Raab ?

Un rapport indépendant remis jeudi au Premier ministre a établi que Dominic Raab, également ministre de la Justice, avait harcelé moralement des fonctionnaires dans de précédentes fonctions ministérielles. « J’avais demandé cette enquête et m’étais engagé à démissionner si elle établissait des faits de harcèlement, quels qu’ils soient. Je crois qu’il est important de respecter ma parole », écrit Dominic Raab dans une lettre adressée au Premier ministre et publiée sur Twitter.

Cette enquête avait été lancée à la suite de huit plaintes concernant son comportement quand il était ministre des Affaires étrangères, ministre du Brexit ou encore lors d’un précédent passage au ministère de la Justice. Selon Dominic Raab, le rapport, qui n’a pas encore été rendu public, « a rejeté toutes les plaintes, sauf deux ».

Le quotidien britannique The Guardian avait rapporté en novembre que la nomination à la Justice de Dominic Raab avait été source d’angoisse pour de nombreux fonctionnaires, certains envisageant de démissionner. Selon des témoignages rapportés par le journal, Dominic Raab aurait instauré une « culture de la peur » au sein de son ministère et était décrit comme un « tyran ». Le ministre aurait aussi tendance à perdre son calme : le tabloïd The Sun indiquait l’année dernière que Dominic Raab aurait lancé des tomates dans un accès de colère lors d’une réunion, ce que son porte-parole avait alors qualifié d’insensé.

Quelle est sa position ?

En février, Dominic Raab avait assuré sur Sky News s’être toujours « comporté de manière professionnelle tout au long de son mandat ». Mais « si une allégation de harcèlement moral est confirmée, je démissionnerai ». Il a toujours démenti ces accusations qui empoisonnent depuis des mois le gouvernement et ont soulevé de nombreuses critiques de l’opposition. Il continue de se défendre dans sa lettre de démission, jugeant « fausses » ces mises en cause.

« En fixant le seuil du harcèlement si bas, l’enquête établit un précédent dangereux » pour la conduite du gouvernement, estime-t-il encore. « Les ministres devraient pouvoir critiquer directement » le travail des hauts fonctionnaires, ajoute-t-il, concédant que « bien sûr cela doit se faire dans des limites raisonnables ».

Est-il impliqué dans d’autres scandales ?

Ce n’est pas la première fois que les scandales ternissent la réputation du ministre de 49 ans, qui était revenu au plus haut à l’arrivée à Downing Street en octobre de Rishi Sunak, dont il avait activement soutenu la campagne. Déjà en 2021, sa gestion catastrophique de la prise de Kaboul par les talibans lui coûte son poste de chef de la diplomatie. Alors qu’il faut organiser le rapatriement de Britanniques et d’Afghans, Dominic Raab préfère rester en vacances en Grèce, suscitant l’indignation au Royaume-Uni.

Il reste au gouvernement mais est rétrogradé à la Justice, un revers pour celui qui avait assuré en 2020 l’intérim du Premier ministre Boris Johnson (2019-2022), alors en soins intensifs après avoir contracté le Covid-19. A l’époque, Dominic Raab était apprécié pour son approche plus méticuleuse que Boris Johnson face à la crise sanitaire.

Quelles conséquences pour le Premier ministre ?

L’affaire tombe mal pour le gouvernement conservateur à moins de deux semaines d’élections locales qui s’annoncent difficiles pour la majorité au pouvoir depuis 13 ans, surtout au moment où Rishi Sunak, à Downing Street depuis octobre, semblait stabiliser son parti après des mois de scandales et de chute dans les sondages.

Il s’agit du troisième ministre à quitter le gouvernement de Rishi Sunak après diverses accusations, une nouvelle tache sur la promesse du Premier ministre de montrer « intégrité, professionnalisme et responsabilité » au pouvoir après la succession de scandales sous Boris Johnson.

En novembre, Gavin Williamson, un ministre sans portefeuille, avait démissionné après des accusations de harcèlement. Et en janvier, Rishi Sunak avait dû limoger le président du parti conservateur Nadhim Zahawi, qui siégeait à ce titre au Conseil des ministres, pour des démêlés fiscaux.