France

Immeubles effondrés à Lille : Où en est-on quatre mois après la catastrophe ?

Un peu plus de quatre mois après l’effondrement de deux immeubles dans le centre-ville de Lille, qui a coûté la vie à un médecin, la municipalité a dû faire face à un nombre croissant de sollicitations de la part d’habitants inquiets ou de propriétaires repentants. Des signalements par centaines, de fissures et autres désordres sur des bâtiments, dont certains étaient particulièrement inquiétants. Et alors que l’enquête sur le drame suit son cours, mais la maire de Lille, Martine Aubry, reconnaît que le trou béant de la rue Pierre-Mauroy fera partie du paysage pendant « des années ».

Cela peut sembler incroyable, mais il y a tout de même deux points positifs dont il faut se réjouir, quatre mois après le drame de la rue Pierre-Mauroy. D’abord, force est de constater que « Lille ne s’est pas effondrée » s’est d’abord félicitée, mardi matin, la maire, ironisant sur les avis farfelus de « pseudo-experts » distillés dans certains médias. Ensuite, locataires et propriétaires se montrent désormais plus prudents, signalant le moindre désordre observé. « Les propriétaires se rappellent aujourd’hui qu’ils ont des responsabilités et nous contactent pour les aider dans les démarches à faire », poursuit l’élue.

Quatorze immeubles évacués, huit toujours inoccupés

Sur 266 signalements depuis le 12 novembre, 80 % n’ont nécessité qu’une levée de doute avec la mise en lumière de petits désordres sans problème de sécurité. En revanche, 36 arrêtés de mise en sécurité d’urgence ont été pris et 14 bâtiments ont été évacués. « Dans certains cas, les habitants ou commerces ont pu réintégrer les lieux depuis », tempère Martine Aubry. Huit immeubles demeurent néanmoins toujours sous le coup d’une interdiction d’occupation. Les cas les plus graves sont trois immeubles mitoyens de la rue de la Monnaie. Et là, Martine Aubry dénonce clairement les propriétaires, visés par une plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui » : « Au 46, l’ancien propriétaire avait condamné la cave qui était remplie de boue et qui faisait s’enfoncer le bâtiment. Il avait assuré à son acheteur qu’il n’y avait pas de cave, déplore-t-elle. Au 48, les désordres existaient depuis très longtemps et le propriétaire avait toujours refusé de faire les travaux ».

Concernant l’effondrement de la rue Pierre-Mauroy, l’enquête judiciaire avance doucement. La moitié des gravats a été retirée. L’autre moitié ne le sera qu’après la fin de l’inspection des caves par l’expert judiciaire et leur comblement avec du ciment. La ville espère ainsi obtenir l’autorisation de repousser la palissade masquant le lieu du drame pour rouvrir la rue à la circulation. « Cela peut prendre un mois, deux mois, peut-être davantage. La seule chose que nous savons, c’est que l’expert judiciaire doit remettre son rapport en juin », reconnaît la maire. Et pour ce qui est de la reconstruction, le délai se chiffre « en années ». Entre les conflits d’assurances, le procès pénal, le procès civil, etc. « Personne ne pourra acheter ces terrains avant que tout cela ne soit réglé », estime Martine Aubry. Alors la ville cherche déjà des solutions esthétiques pour masquer durablement le trou de la rue Pierre-Mauroy.