France

Révélations sur le meurtre de Chloé, 5 ans, à Courbevoie

Il n’y aura donc probablement jamais de procès. Moins de 48 heures après avoir asséné un coup de couteau mortel à Chloé, sa fille de 5 ans, Mickaël Rouffiac a succombé à ses blessures. Dans la nuit de jeudi à vendredi, alors que la police venait d’enfoncer la porte de l’appartement familial, situé dans un quartier calme de Courbevoie, cet ingénieur informatique de 41 ans, qui venait d’entamer un MBA dans une grande école de commerce, s’est poignardé à la gorge avant de sauter du 2e étage. L’enquête, ouverte par le parquet de Nanterre pour assassinat, se poursuit néanmoins.

Transporté à l’hôpital dans un état critique, le père de la fillette n’a jamais pu être entendu. Les premiers éléments, cependant, ne laissent guère de doute quant au contexte du crime : Chloé a vraisemblablement été tuée dans le cadre du conflit qui opposait Mickaël Rouffiac à son ex-femme. « Cet homme cherchait par tous les moyens à détruire son ex. Tuer sa fille, c’est ce qu’il pouvait faire de pire pour l’atteindre », estime l’avocate de la mère, Me Migueline Rosset. Selon nos informations, il avait été condamné le 16 mars à un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales dans le cadre d’une composition pénale. Deux semaines auparavant, son ex-compagne, chinoise, avait porté plainte contre lui pour violence sans incapacité.

Des caméras dans l’appartement, un mouchard dans le téléphone

Si cette procédure est la seule dont le parquet ait pour l’heure connaissance, il a demandé en urgence la communication d’éventuelles plaintes. La jeune femme affirme en effet avoir déposé, entre les mois de mars et d’avril, trois autres plaintes pour des violences et une dernière pour viol. « Depuis des années, ma cliente vivait dans un climat de violences psychologiques, il y avait des caméras dans l’appartement, elle était géolocalisée, surveillée. Et depuis quelques mois, les violences étaient également physiques », assure Me Migueline Rosset. Mickaël Rouffiac avait lui aussi sollicité ces dernières semaines à de nombreuses reprises la justice. Il aurait porté plainte à cinq reprises contre son ex-compagne, notamment pour violence, chantage, dénonciation calomnieuse. Contacté, son avocat n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Le 29 avril, son ex-compagne avait fini par quitter l’appartement, épaulée par une association qui lui avait trouvé une place dans un hôtel social. Si elle était, dans un premier temps, partie sans sa fille, elle avait fini par la récupérer, cinq jours plus tard, avec l’aide de son avocate. Mickaël Rouffiac avait alors déposé plainte et collé des affichettes dans l’immeuble pour tenter d’obtenir des « informations ». Il avait finalement revu Chloé le 10 mai, alors que le tribunal aux affaires familiales de Nanterre se penchait sur la demande d’ordonnance de protection. A l’audience, l’informaticien avait mis en avant des violences réciproques. Un argumentaire qui n’a pas convaincu les magistrats, lesquels ont délivré dès le lendemain une ordonnance de protection, lui interdisant d’entrer en contact avec son ancienne compagne et transférant à cette dernière l’autorité parentale.

« Il voulait l’anéantir »

« La justice n’a pas failli, le cas de cette femme a été pris très au sérieux, insiste son avocate. Mais elle est tombée dans un piège » Après l’audience, Mickaël Rouffiac repart chez lui, avec sa fille. Selon nos informations, le lendemain, tout juste informé de la décision du tribunal, il appelle son ex-femme pour lui dire que conformément à l’ordonnance, il est en train de faire ses valises et s’apprête à quitter l’appartement. Mais à peine la jeune femme est-elle arrivée que la situation s’envenime.

Vers minuit, les voisins, alertés par les cris, appellent la police. A leur arrivée, Chloé est toujours vivante, certifie sa mère, qui est parvenue à sortir de l’appartement. Mais Mickaël Rouffiac refuse de la laisser sortir. La fillette sera retrouvée, quelques minutes plus tard, gisant dans la baignoire. Son geste a-t-il été prémédité ? L’enquête, en tout cas, a été ouverte pour assassinat, ce qui sous-entend des actes préparatoires. « Il était déterminé à briser sa femme, insiste son avocate. Il avait été jusqu’à appeler son employeur pour raconter qu’elle livrait des informations à leurs concurrents. C’était faux, bien sûr. Il voulait l’anéantir, il s’est servi de sa fille. »