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OM : Investissement, punition et haine de la défaite… L’apport inestimable de « la machine » Alexis Sanchez

Alexis Sanchez arrive-t-il avec deux, ou trois heures d’avance aux entraînements ? C’est la question qui nous a le plus agités pour comprendre l’apport du Chilien depuis son arrivée à l’Olympique de Marseille l’été dernier. En janvier, Igor Tudor avouait « devoir le gérer pendant les entraînements, parce qu’il veut toujours en faire plus ». Au point « d’être le genre de joueur qui arrive deux heures avant l’entraînement et qui repart deux heures après la fin ». Deux mois plus tard, Igor Tudor, soulignait « le professionnalisme » de son attaquant, qui arrivait cette fois « trois heures avant les autres à la salle ».

On n’a pas planté notre tente devant la Commanderie pour vérifier les dires de l’entraîneur de l’OM, mais ses déclarations donnent une idée de l’implication et du degré de professionnalisme d’El Nino Maravilla. Encore un peu plus quand on connaît l’exigence du technicien croate. L’anecdote qu’a confiée Jonathan Clauss à Canal+ en début de saison sur les punitions que s’infligeait Sanchez à l’entraînement, éclaire aussi un peu plus sur sa personnalité : « On fait de temps en temps un peu de travail devant le but ; et lui quand il rate, il s’inflige un grand aller-retour sur tout le terrain à une bonne intensité pour se pénaliser ».

Un proche de la direction de l’Olympique de Marseille résume : « Ce mec a un degré d’exigence hors norme. Ce n’est pas une blague quand on dit qu’il est le premier à arriver et le dernier à repartir. L’effectif est très sérieux, mais tu vois passer sa voiture à 15h alors que certains sont partis depuis 13h30. Il faut presque lui dire  » va doucement « . J’ai rarement vu un joueur de ce calibre-là, à cet âge-là, faire autant d’efforts. C’est une machine ! Mais c’est comme lorsqu’il est sur le terrain et qu’il cavale de la première à la dernière minute ». Vu des tribunes du Vélodrome, Alexis Sanchez donne le sentiment d’être au-dessus du lot. Que ce soit dans son pressing, à toujours harceler les défenseurs à la relance, dans ses prises de balles et sa qualité technique, et son sens du but aigu. Sans parler de ses mouvements pour peser sur la défense et libérer ses coéquipiers. Tout simplement impressionnant.

Un leader de par sa parole et ses buts

Interrogé sur cette incroyable forme physique, il a joué près de 3.000 minutes avant le match contre Lyon ce dimanche (20h45), alors que beaucoup doutaient de ses performances à son arrivée à Marseille, Alexis Sanchez explique tout simplement « aimer » ce qu’il fait. « C’est le secret. J’aime ça au quotidien, je donne 100 %, partout. Les kinés m’ont toujours bien entouré, je suis accompagné pour mon alimentation, il ne me reste qu’à courir. Ici les supporteurs sont formidables, ils donnent la chair de poule. Tout ce que je peux faire, c’est courir et donner le maximum », confiait-il en toute humilité.

Evidemment, il ne se contente pas de courir mais guide aussi ses coéquipiers. Comme à Reims, lorsqu’il a remis son équipe à flot en l’espace d’un quart d’heure à la faveur d’un magnifique coup franc, et d’un but typique d’attaquant après un long dégagement de Pau Lopez. « Alexis Sanchez a fait ce que font les leaders, également dans le vestiaire à la mi-temps. On a de la chance de l’avoir avec nous », savourait son entraîneur après coup. Et quand tout va bien, il n’oublie pas de rigoler avec ses coéquipiers, surtout les étrangers parfois empêchés la barrière de la langue, comme Balerdi, Tavares, Bailly ou Under. Il suffisait de voir sa joie après le but d’Under contre Troyes dimanche dernier, pour voir qu’Alexis Sanchez n’est pas un soliste à part dans le collectif.

Au-delà de guider ses coéquipiers par les paroles, il le fait aussi en marquant. Il a déjà inscrit 16 buts toutes compétitions confondues depuis le début de la saison malgré un poste de numéro 9 auquel il est peu habitué et deux dernières saisons à l’Inter Milan peu prolifiques (9 buts en 21/22 et 7 en 20/21). « Parfois je suis un peu frustré, j’aimerais avoir plus de ballons, d’occasions. C’est un poste nouveau. J’essaye de faire au mieux, je pense toujours à la victoire, même à l’entraînement je déteste perdre », admettait-il.

La douloureuse élimination contre Annecy

La défaite contre Annecy, synonyme d’élimination de la Coupe de France après avoir pourtant éliminé le PSG, a d’ailleurs parfaitement illustré cette haine de la défaite, une culture encore incertaine à l’OM. « Après l’élimination j’étais encore plus triste que les supporteurs, parce que je pense toujours à la victoire, c’est ancré en moi. Ce sentiment ne passera pas après une deux ou trois victoires, ça restera parce que j’ai toujours voulu gagner », se désolait-il. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est la première fois de la saison qu’Alexis Sanchez se présentait en conférence de presse, histoire de froncer les sourcils pour faire bien faire passer le message sur le besoin de concentration « à 200 % » pour gagner.

« Il a dit qu’il n’était pas là pour profiter du soleil, mais moi ce que je retiens c’est que c’est la pire défaite de sa carrière alors qu’il a connu tant de clubs, tant de titres, tant de victoires et de défaites », souligne-t-on à l’OM. On l’a d’ailleurs vu rappeler l’exigence de la victoire, « c’est pour les supporteurs qu’on joue, pour leur bonheur », à ses coéquipiers avant d’affronter Strasbourg à domicile, dix jours après l’élimination contre Annecy.

Victoire ou au revoir

Ce besoin de gagner, et de remporter des titres est criant chez Alexis Sanchez, et c’est tout ce qui importe, un peu à l’image d’un soldat en mission. « Evidemment je prends du plaisir, j’ai toujours envie de gagner, d’être champion. Mais pour cela il me faut un club et des coéquipiers qui donnent tout à 100 % parce qu’on ne gagne pas seul », avait-il lancé après Annecy en guise de mise en garde à ses dirigeants.

Rien ne dit d’ailleurs qu’Alexis Sanchez sera toujours marseillais la saison prochaine, lui qui a signé pour une saison, plus une seconde en option si toutes les parties sont partante. L’élimination en Coupe et le retard pris par l’OM sur le PSG en Ligue 1 pourraient lui donner des envies d’ailleurs. Depuis plusieurs jours, des rumeurs l’envoient avec insistance du côté de River Plate, où il avait joué en 2007/2008 avant d’exploser à l’Udinese. Une qualification en Ligue des champions de l’OM semble indispensable pour le faire rester, a minima. Mais comme prévient le proche de la direction olympienne, « s’il y a un truc qui lui déplaît ou qu’il n’aime pas, il se barre ».