France

Nord : Des panneaux pour éviter que les hérissons finissent écrasés

Si les hérissons n’auront pas disparu en France à l’horizon 2025, comme l’affirme une pétition en ligne, il n’en demeure pas moins que la population de ces mignonnes boules de piquants est en déclin dans le pays. Parmi les causes multiples qui coûtent la vie à des milliers de hérissons chaque année, il en est une plus visible que les autres : les chocs avec les véhicules. Pour tenter de sensibiliser les automobilistes, un habitant de Cambrai, dans le Nord, a pris l’initiative d’installer des panneaux au bord des routes.

« J’ai vraiment eu le déclic en fin d’année dernière, lorsque j’ai ramassé quatre cadavres de hérissons en une semaine dans le même quartier », se souvient Jérémy Noblecourt, employé municipal en tant que paysagiste à la ville de Cambrai. Pour cet amoureux de la nature de 28 ans, passionné de photo, il fallait faire quelque chose. « Tout de suite, j’ai pensé à installer des panneaux le long des routes, pour inciter les automobilistes à la prudence », poursuit-il. Le jeune homme a donc entrepris de customiser de vieux panneaux routiers triangulaires, récupérés auprès des services municipaux.

« Au début, j’ai fait ça un peu à l’arrache »

Ornés de leur nouvelle signalétique, figurant un hérisson portant un baluchon en train de traverser un passage protégé, il ne restait plus aux panneaux de Jérémy qu’à être installés. « Au début, j’ai fait ça un peu à l’arrache, sans demander l’autorisation des communes », reconnaît-il. C’est notamment le cas de celui érigé le long du canal de Prouville, près de Cambrai. Mais le paysagiste s’est ravisé et s’est mis à démarcher les villages aux alentours. « Trois communes du cambrésis sont intéressées, leurs services doivent néanmoins vérifier qu’il n’y a pas d’obstacle juridique avec la véritable signalétique routière », assure Jérémy.

L’initiative du Cambrésien n’est pas unique en France, ni dans le département. A l’été 2022, les habitants de Lomme, près de Lille, ont pu voir apparaître des panneaux semblables à ceux de Jérémy dans certaines rues de la commune. Cette fois, l’idée ne venait pas d’un particulier, mais de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) du Nord. « Nous mettons ces panneaux à disposition des communes qui en font la demande. A Lomme, ils sont installés près du parc urbain, le long d’une voie très passante où des hérissons se faisaient souvent écraser », explique Paul Maerten, président de la LPO du Nord.

Les « orphelins de l’automne »

Pour Christophe Rousseau, directeur du centre de soins de la faune sauvage de Picardie, l’idée est « louable, mais insuffisante ». Selon lui, les véhicules ne sont qu’une cause de mortalité parmi d’autres : « On ne sait pas combien de hérissons meurent suite à ces chocs avec des véhicules parce qu’on ne nous signale pas ces faits », assure-t-il. En revanche, ce que l’expert constate, ce sont les nombreux cas de hérissons blessés par des tondeuses automatiques, les cas de plus en plus nombreux d’infections pulmonaires causés par des produits phytosanitaires. « Il y a aussi les  »orphelins de l’automne », ces bébés qui naissent tardivement à cause du réchauffement climatique et qui ne peuvent atteindre un poids suffisant pour passer l’hiver », déplore Christophe Rousseau. Son seul refuge en a recueilli 40 au cours de cet hiver.

Alors, oui, inciter les automobilistes à faire attention « à tous les animaux qui sont amenés à traverser les routes » est une bonne chose, estime le spécialiste. On pourrait aussi imaginer des passages souterrains, à l’image de ce qui se fait déjà pour les grenouilles. Et penser aussi à préserver leur habitat : « laisser des petits endroits en friche pour qu’ils se cachent et hivernent, mettre de la nourriture, de l’eau, aménager un passage dans les grillages rigides des jardins », énumère le directeur du centre de soins. Bref, que l’homme s’adapte un peu au mode de vie du hérisson, parce que l’inverse n’est pas forcément possible.