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New York : L’éventuelle inculpation de Donald Trump repoussée par la justice, le suspense continue

De notre correspondant aux Etats-Unis,

Pas de fumée blanche du côté du bureau du procureur de Manhattan. Alors que New York et l’Amérique sont suspendues à une possible inculpation de l’ancien président Donald Trump dans l’affaire Stormy Daniels, le grand jury qui doit se prononcer sur d’éventuelles charges ne s’est pas réuni mercredi, selon les médias américains. Le timing d’une annonce, entre jeudi ou la semaine prochaine, reste flou. Et il n’est pas exclu que d’autres témoins soient entendus.

Pour inculper Donald Trump, le procureur Alvin Bragg doit convaincre un panel de 23 citoyens, à la simple majorité, que l’ancien président américain a probablement enfreint la loi en payant, via son avocat, l’ex-star du X Stormy Daniels juste avant l’élection de 2016. Cette dernière menaçait de raconter publiquement avoir eu une liaison avec Donald Trump dix ans plus tôt alors que la campagne du républicain était déjà ébranlée par la vidéo d’Access Hollywood dans laquelle il tenait des propos vulgaires sur les femmes.

Un témoin supplémentaire entendu ?

Ce grand jury, qui enquête depuis des mois, peut être réuni à la demande du procureur trois après-midi par semaine : chaque lundi, mercredi et jeudi. Le site Insider évoque une annulation de la session de mercredi et indique qu’il est peu probable que le grand jury se réunisse jeudi, ce qui repousserait toute décision à la semaine prochaine. Selon le New York Times, les jurés pourraient entendre un témoin supplémentaire avant de voter.

L’ex-avocat de Trump, Michael Cohen, qui a retourné sa veste, a été entendu une vingtaine de fois par le grand jury. Donald Trump, lui, a refusé de venir, mais un ancien conseiller juridique de Cohen, Bob Costello, a témoigné lundi pour attaquer la crédibilité de l’ancien « fixeur » de Trump.

L’ancien locataire de la Maison Blanche a profité de ce qui ressemble à un contretemps pour affirmer qu’il n’y avait « aucun crime, aucune liaison, rien du tout », assurant que le témoignage en sa faveur de Costello avait été « dévastateur » et poussé les procureurs à chercher un témoin supplémentaire pour convaincre le grand jury. Il s’agit purement de spéculations : des retards techniques sont courants, et toutes les auditions sont scellées avant une éventuelle inculpation.

Un dossier complexe

A l’heure actuelle, on ne sait pas quelles charges le procureur Alvin Bragg considère. Michael Cohen affirme que Donald Trump a acheté le silence de Stormy Daniels, mais ce n’est pas interdit en soi. En revanche, le remboursement que Donald Trump avait présenté comme de simples frais d’avocat dans sa déclaration d’impôts pourrait constituer une fausse déclaration. Ce qui n’est, dans le code pénal de New York, qu’une simple infraction passible d’une amende.

Le procureur pourrait également plaider que celui qui était alors candidat a enfreint la loi sur le financement électoral, ce qui constituerait un délit passible de quatre ans de prison. Mais il est souvent compliqué de convaincre un jury lors d’un procès, avec une ligne floue entre des transactions qui relèvent du privé et du public. En 2012, le démocrate John Edwards, qui avait payé une maîtresse, avait échappé à une condamnation.

Un candidat cerné par les enquêtes

De l’avis de nombreux experts, cette affaire est sans doute la moins dangereuse pénalement pour Donald Trump, qui est menacé de tous les côtés. L’enquête sur sa gestion des documents confidentiels s’accélère : à la demande du procureur spécial Jack Smith, un juge a contraint mercredi un avocat de Trump à témoigner devant un grand jury, estimant qu’un crime avait probablement été commis et justifiait de lever la clause de confidentialité qui protège habituellement les conversations avec un client.

Jack Smith enquête également sur le rôle de Donald Trump dans l’assaut du Capitole et ses efforts pour interférer avec le verdict des urnes après la présidentielle de 2020. La justice de Géorgie, elle, se penche sur des pressions que l’ex-président est accusé d’avoir exercées sur des responsables locaux. Selon CNN, la procureure Fani Willis considère de potentielles charges de racket et de complot, et pourrait annoncer sa décision sur une éventuelle inculpation de Donald Trump au cours du printemps.

Mais même en cas de condamnation, Donald Trump pourrait se présenter à la présidentielle de 2024 : seul le Congrès a le pouvoir d’imposer une inéligibilité. Comme le rappelait à 20 Minutes l’avocat Bradley Moss, « en théorie, Donald Trump pourrait être candidat, ou élu, même s’il était en prison ».