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Fillette tuée dans les Vosges : « C’est le maximum que la loi permet »… Pourquoi le suspect n’était pas en centre fermé?

Des roses blanches pour Rose. Des bouquets de fleurs ont été déposés sous les deux portraits de la fillette de 5 ans, retrouvée morte mardi après-midi. Sur le pas de sa maison, à Rambervillers, dans les Vosges, la mère de la victime est terrassée par la douleur et le désespoir. « Il n’y a rien qui pourra me ramener ma fille, c’est trop dur, je suis détruite, c’est trop douloureux », hurle cette femme de 34 ans aux journalistes présents. « Celui qui a fait ça, je veux qu’il paye bien, parce que moi, je paye avec toute ma vie », ajoute-t-elle, en larmes. Le profil inquiétant du suspect, âgé de 15 ans, l’interroge. L’adolescent est en effet déjà mis en examen depuis début 2022 dans une autre affaire pour « viol et agression sexuelle sur mineur ». Il a été placé un an dans un centre éducatif fermé avant d’être placé sous contrôle judiciaire. « Pour quelle raison ils l’ont laissé sortir ? » se demande-t-elle.

Le procureur de la République d’Epinal, Frédéric Nahon, a tenté de répondre à cette question lors d’une conférence de presse, ce jeudi. Le suspect, qui a un casier judiciaire vierge, est donc déjà mis en cause pour des « faits de viol commis sur deux garçons âgés de 10 et 11 ans, dans les bois, près de Rambervillers », a-t-il rappelé. L’instruction est toujours en cours. A l’époque âgé de 14 ans, il a été placé dans un centre éducatif fermé durant un an. « C’est le maximum que la loi permet », a souligné le magistrat. Le placement des mineurs dans ces structure est prononcé pour une durée déterminée, généralement six mois renouvelables une fois.

Son placement a été levé il y a peu, en mars 2023, et il est retourné vivre avec sa mère dans cette commune de 5.000 habitants. Il était alors « sous contrôle judiciaire strict » et faisait l’objet d’un « accompagnement renforcé de la PJJ », la protection judiciaire de la jeunesse. « Des éducateurs se rendaient à son domicile, mais pas quotidiennement. »

« Son évolution était tout à fait positive »

L’adolescent devait notamment respecter « des obligations de formation et de soin », ce qu’il faisait, selon les rapports remis par ses éducateurs. Ces derniers notaient que « son évolution était tout à fait positive ». Une expertise psychiatrique, réalisée dans le cadre de cette précédente affaire, « soulignait l’existence d’une déficience mentale légère », observe Frédéric Nahon, ajoutant qu’il n’a jamais séjourné en hôpital psychiatrique. L’expert qui l’a examiné au cours de cette nouvelle garde à vue consécutive à la mort de Rose, conclut lui « à l’existence d’une altération du discernement et à sa dangerosité pour les autres, sans davantage de précision ». Devant les enquêteurs, il « n’a pas tenu de propos délirants ou laissant penser à des troubles psychiatriques » mais « il a fait usage de son droit au silence », signale le procureur d’Epinal. « Nous n’avons pas sa version des faits. »

Pour l’heure, on sait donc que la mère de la fillette a signalé sa disparition aux gendarmes mardi vers 15h10. Rose jouait dans un square à proximité de son domicile lorsqu’elle s’est volatilisée. Un important dispositif a alors été mis en place pour la rechercher. Le suspect s’est ensuite présenté à des policiers municipaux. Il leur a indiqué la présence du corps de la victime à son domicile. Les gendarmes, arrivés sur place, l’ont accompagné et, dans l’appartement situé dans une cité HLM de la ville, ont retrouvé le corps dans un sac plastique. Une autopsie sera réalisée vendredi à l’institut médico-légal de Nancy.  « On en saura plus sur les circonstances du décès et de l’existence ou non de faits de viol », a précisé le magistrat, ajoutant qu’il avait requis la mise en examen du suspect et son placement en détention. Agé de moins de 16 ans, il encourt vingt ans de réclusion criminelle, et non de la perpétuité, en raison de son âge.

« Quelle prise en charge et quel suivi ? »

L’association La voix de l’enfant indique de son côté qu’elle se constitue partie civile dans cette affaire. « Il nous paraît important de comprendre ce qui n’a pas pu être mis en place pour prévenir ce qui s’est passé. Comprendre le passage à l’acte de ce jeune qui n’a pas 16 ans, qui était connu des services et qui était passé en centre éducatif fermé », explique à 20 Minutes sa présidente, Martine Brousse. Elle s’interroge : « Y a-t-il eu une évaluation de faite durant et après son passage dans ce centre ? N’y avait-il pas une autre possibilité que de le renvoyer chez lui ? Quelle prise en charge et quel suivi ont été mis en place à sa sortie ? »

Martine Brousse dénonce également « la pénurie de travailleurs sociaux, de pédopsychiatres » que connaissent « beaucoup de départements, notamment dans celui des Vosges ». Et la présidente de l’association de s’interroger : « Est-ce que les bonnes réponses ont été apportées à ce jeune qui était en grande difficulté ? »