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Etats-Unis : Un juge signe l’arrêt de mort de la pilule abortive, combat devant la Cour suprême en vue

La croisade de la droite chrétienne américaine contre l’avortement s’intensifie. Un juge fédéral a annoncé vendredi suspendre l’autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis de la mifépristone (RU 486), une des deux pilules nécessaires pour les avortements médicamenteux, ce qui empêche en pratique sa prescription. Son arrêt concerne tout le pays, y compris les Etats protégeant le droit à avorter, et affecte les quelque 500.000 femmes qui ont recours à la pilule abortive chaque année.

Le magistrat a toutefois précisé qu’il donnait à l’administration Biden une semaine pour faire appel de cette décision, ce qu’elle a aussitôt fait. Dans le même temps, un juge dans l’Etat de Washington a donné ordre à l’Agence américaine du médicament (FDA) de continuer à prescrire la mifépristone. Face à ces deux décisions contradictoires, la Cour suprême, qui est revenue l’été dernier sur l’arrêt Roe v. Wade, ce qui a permis aux Etats conservateurs d’interdire ou de strictement limiter l’IVG, pourrait être amenée à jouer les arbitres.

« Désirs érotiques des adultes »

Le magistrat Matthew Kacsmaryk est connu pour ses vues ultraconservatrices : avant sa nomination par Donald Trump, il était avocat au sein d’une organisation chrétienne anti-avortement. En 2015, il regrettait dans un édito que les foetus « passent après les désirs érotiques » des adultes.

Sur 67 pages, le juge valide la plupart des arguments figurant dans la plainte déposée en novembre par une coalition de médecins et d’organisations hostiles à l’avortement contre l’Agence américaine du médicament (FDA).

Comme eux, il reprend des études sur les risques imputés à la pilule abortive, bien qu’ils soient jugés négligeables par la majorité de la communauté scientifique. Il accuse également la FDA de ne pas avoir respecté ses procédures afin de répondre à un objectif politique.

Combat devant la Cour suprême en vue

Il est probable que le gouvernement fédéral du président Joe Biden fasse rapidement appel de sa décision, qui sera alors examinée en urgence par une Cour d’appel située à la Nouvelle-Orléans, elle aussi connue pour son conservatisme. Le dossier devrait donc aboutir rapidement devant la Cour suprême des Etats-Unis.

Profondément remaniée par Donald Trump, elle avait accordé en juin une victoire historique aux opposants à l’avortement en supprimant le droit constitutionnel à interrompre sa grossesse, ce qui a rendu sa liberté à chaque Etat de légiférer en la matière. Depuis, une quinzaine ont interdit les IVG sur leur sol.