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Equipe de France féminine : Qui pourrait succéder à Corinne Diacre à la tête des Bleues ?

Il n’y a pas eu besoin d’attendre l’éviction officielle de Corinne Diacre, jeudi lors du Comex de la Fédération française de football (FFF), pour voir une liste de successeurs potentiels fuiter dans les médias. Pour les amateurs de football féminin, ces noms sortis ne sont pour la plupart d’entre eux pas une surprise. Voici les cinq profils qui semblent tenir la corde aux yeux des quatre membres de la commission missionnée par le Comex de la FFF, à savoir les présidents de l’OL et du RC Strasbourg Jean-Michel Aulas et Marc Keller, mais aussi les anciennes joueuses internationales Aline Riera (trésorière générale de la FFF) et Laura Georges (secrétaire générale).

Gérard Prêcheur, le grand favori

S’il y a bien un personnage qui fait l’unanimité ou presque dans le football féminin en France, c’est lui. Son expérience de directeur du Pôle France féminin à Clairefontaine (de 2000 à 2004) puis de responsable du haut niveau féminin à la FFF lui a valu de multiples hommages appuyés de la génération précédente de joueuses de l’équipe de France, de Camille Abily à Elodie Thomis. « Si je suis la joueuse que je suis devenue aujourd’hui, c’est grâce à lui, résumait ainsi en 2012 l’ancienne capitaine de l’OL et des Bleues Sonia Bompastor. Techniquement, tactiquement, physiquement, mentalement, il m’a tout appris. »

Ce formateur tourné vers le jeu de possession a raflé huit des neuf trophées possibles durant ses trois saisons à l’Olympique Lyonnais (de 2014 à 2017). Lié depuis août dernier au Paris Saint-Germain, Gérard Prêcheur devra donc se libérer de son contrat parisien « dans les plus brefs délais » (dixit le communiqué de jeudi de la FFF) s’il veut foncer sur le banc des Bleus. Le PSG ne va-t-il pas préférer le bloquer, alors que le double affrontement contre Wolfsburg, en quart de finale de Ligue des champions, se présente dès les 22 et 30 mars ? C’est fort possible, et même Jean-Michel Aulas, interrogé ce vendredi par L’Equipe, ne semble guère chaud pour cette option : « L’objectif du Comex n’est pas d’aller démunir des clubs, surtout s’ils sont ambitieux et en passe de gagner des compétitions ».

D’ailleurs, l’entraîneur de 63 ans présente un autre désavantage : si les joueuses qu’il a eues à l’OL (Renard, Henry, Le Sommer…) le respectent et l’apprécient, son bail dans le Rhône s’est mal terminé avec le président Aulas. « Il y avait une incompatibilité avec Jean-Michel Aulas et notre collaboration ne pouvait pas dépasser les trois ans », indiquait après son départ Gérard Prêcheur, notamment agacé que JMA insiste tant en 2017 pour recruter puis faire jouer la star américaine Alex Morgan. La présence du boss de l’OL au sein de la commission missionnée par Philippe Diallo pour auditionner les candidats ne plaide donc pas vraiment pour lui.

Sonia Bompastor, avant tout lyonnaise

Comme Gérard Prêcheur, Sonia Bompastor a le défaut majeur d’être déjà sous contrat. Et pas n’importe où, là non plus, puisque l’ancienne latérale aux 156 sélections en équipe de France est la coach principale sur le banc de l’Olympique Lyonnais. Victorieuse de la Ligue des champions l’an passé aux côtés de son amie et adjointe Camille Abily, la technicienne de 42 ans doit affronter Chelsea pour un double choc européen les 22 et 30 mars. On imagine mal Jean-Michel Aulas valider son départ en pleine saison, alors que son club est comme l’an passé en tête de la D1 féminine avec elle.

Très proche de la jeune génération formée à l’OL, à savoir Selma Bacha et Melvine Malard, son profil marqué par la culture de la gagne tiendrait en tout cas la route. D’autant plus qu’il s’agit de la principale candidature féminine à émerger, davantage encore que la coach du Paris FC Sandrine Soubeyrand. Et au vu de crise au sein de la FFF, symbolisée par l’audit accablant pour Noël Le Graët, la nomination d’une femme aux compétences reconnues à la tête de ce groupe ferait sens.

Sonia Bompastor a remporté le championnat de France et la Ligue des champions en 2022, pour sa première saison pleine en tant que coach principale.
Sonia Bompastor a remporté le championnat de France et la Ligue des champions en 2022, pour sa première saison pleine en tant que coach principale. – Lyubomir Domozetski/SPP/Shutters/SIPA

Patrice Lair, le fort caractère

Pour compléter le trio d’incontournables du football féminin en France, on ne peut pas passer à côté de la candidature de Patrice Lair. Le 26 février, l’actuel entraîneur bordelais résumait d’ailleurs sa position après le match de D1 féminine à Lyon (3-0) : « Je sens des choses qui font mal à ce foot et on n’avance plus. Les dirigeants du foot doivent redonner une ambition et l’envie d’aller voir du foot féminin. Ce poste, on m’en parle depuis dix ans et je serais con de le refuser ». Si l’opportunité se présente pour celui qui est devenu en 2011 et 2012 le premier entraîneur français vainqueur de la Ligue des champions féminine avec l’OL, il fera donc tout pour en être.

Si ses méthodes de management n’ont pas toujours fait l’unanimité à Lyon (de 2010 à 2014) ou au PSG (de 2016 à 2018), ce fort caractère reste l’un des principaux visages d’une France qui gagne dans le football féminin. Cela ne pourrait pas faire de mal à une sélection dont le plafond de verre reste les demi-finales sur un tournoi majeur (Mondial 2011, JO 2012 et Euro 2022). Tout comme Gérard Prêcheur et Sonia Bompastor, Patrice Lair (61 ans) est sous contrat à Bordeaux, mais il est sans doute plus facile de quitter un club en plein ventre mou de Division 1 (7e) qu’une grosse écurie en lice pour un triplé C1-D1-Coupe de France comme le PSG et l’OL. Une chose est certaine : sa candidature ne risque pas d’être soutenue par Laura Georges, qu’il avait poussé vers la sortie tant à l’OL qu’au PSG.

Patrice Lair, ici en janvier avant un 16e de finale de Coupe de France entre les Girondins et Nîmes à Bordeaux.
Patrice Lair, ici en janvier avant un 16e de finale de Coupe de France entre les Girondins et Nîmes à Bordeaux. – Daniel Vaquero/SIPA

Eric Blahic, le choix du groupe ?

Voici une piste un peu plus surprenante, mais L’Equipe assurait la semaine passée qu’Eric Blahic était le choix privilégié par le vestiaire de l’équipe de France féminine. Pendant un an et demi (de janvier 2020 à juin 2021), le Breton de 57 ans était l’adjoint de Corinne Diacre, sans participer à une grande compétition donc. « C’est la meilleure option et de loin, il est libre, connaît le groupe, et sa compétence tactique avait fait du bien », expliquait anonymement à L’Equipe une actuelle internationale tricolore. Outre ce soutien supposé du groupe, alors qu’il n’a jamais accroché avec les méthodes de Corinne Diacre, Eric Blahic présente comme atout d’être libre. Mais l’ancien adjoint de Jocelyn Gourvennec à Guingamp et à Bordeaux n’a jamais été entraîneur principal au niveau professionnel, ce qui devrait constituer un sérieux frein, surtout au vu du contexte tendu autour des Bleues, et « des objectifs élevés » pour le Mondial affichés par le communiqué de la FFF.

Hervé Renard, la surprise du chef

Alors celle-ci, on ne l’a pas vu venir : d’après RMC Sport, Hervé Renard serait pourtant bien dans la course à la succession de Corinne Diacre. A 54 ans, l’actuel sélectionneur de l’Arabie saoudite n’a jamais eu la moindre expérience dans le football féminin. Par contre, il est l’homme des grands tournois, et davantage estampillé sélectionneur qu’entraîneur, au vu de ses expériences mitigées avec Sochaux puis le Losc. Son principal fait d’armes est d’avoir remporté deux Coupes d’Afrique des nations avec la Zambie (2012) et la Côte d’Ivoire (2015).

La hype autour du personnage était toujours bien là lors du Mondial au Qatar, où chaque amateur de foot en France s’est repassé environ 47 fois son discours dans un anglais d’anthologie à la mi-temps de l’exploit inaugural contre le futur champion du monde argentin (2-1). Assurément la très grosse cote de la liste, d’autant que Jean-Michel Aulas est clair à son sujet, ce vendredi dans L’Equipe : « Je ne crois pas à sa candidature ». Si la perspective d’un enchaînement Coupe du monde-JO en France en un an est alléchante, son salaire à la tête de la sélection saoudienne (il est sous contrat jusqu’en 2027) semble l’être au moins tout autant. Mais quitte à opter pour un profil détonant hors du foot féminin, avouez que ça aurait autrement plus de gueule que l’ère bien fade, de 2013 à 2017 à la tête des Bleues, de Philippe Bergeroo puis d’Olivier Echouafni.