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Dans les coulisses d’Indian Wells, le paradis américain du tennis

De notre envoyé spécial,

L’allée centrale bordée de palmiers et le soleil qui chauffe déjà en milieu de matinée donnent le ton : ce tournoi d’Indian Wells sent bon les vacances. Première étape du « sunshine double » avant Miami, le Masters 1000 BNP Paribas Open, que les organisateurs aiment présenter comme un « 5e tournoi du Grand Chelem », voit les stars des circuits ATP et WTA batailler jusqu’à dimanche prochain dans cette oasis du désert californien. Avec des vainqueurs qui empocheront 1,26 million de dollars.

« Madame, votre tenue et cette voiture sont banging (déchirent) ! », complimente l’assistant du parking VIP, alors qu’une femme à l’âge figé par le botox et les fillers descend d’un SUV Mercedes AMG qui doit flirter avec les 150.000 dollars. Situé à deux pas de Palm Springs et à 2h30 de Los Angeles, Indian Wells reste un lieu fréquenté par les plus fortunés.

Cocktail champagne-tequila à 33 dollars

Le tournoi, qui, a du mal à remplir les tribunes lors des premiers jours, comme à Roland-Garros, reste pourtant abordable. Les pass journée démarrent à 40 dollars, et à 60 pour accéder au court central du Stadium 1, le deuxième plus grand au monde en extérieur – derrière Flushing Meadows – avec 16.100 places. Mais les organisateurs se refont la cerise sur la nourriture et les boissons, avec le burger-frites à 21 dollars et le cocktail champagne-tequila à 33 dollars, qui se sirote sur l’île de verdure de Moët & Chandon. « C’est combien la cabana? », demandent deux amis. Le paradis a un prix : une bouteille à 150 dollars, soit quatre fois ce que l’on paie en supermarché. « Vous en avez les moyens », rient deux sexagénaires en vidant leur verre, alors que la température dépasse (déjà) les 26°C. Heureusement, la crème solaire est gratuite à l’infirmerie, avec un bidon de plusieurs litres en libre-service.

Dans les allées, on croise beaucoup de retraités, comme Jeff et Valerie, qui viennent chaque année échapper à la fin de l’hiver de Toronto. « Les hôtels sont un peu plus abordables au début qu’en deuxième semaine », explique le mari. Tout est relatif. Comme lors du festival Coachella, qui se tient dans un mois à deux pas de là, les chambres coûtent 800 dollars la nuit au Parker, un boutique hotel bucolique, et 200 dollars au Motel 6. Avec le risque de se retrouver dans une chambre fumeur ou face à un voisin en caleçon devant sa porte ouverte.

Des joueurs relax

Avec les absences de Nadal, blessé, et de Djokovic, non-vacciné, le tableau masculin a des airs de next gen, avec moins de 22 ans de moyenne d’âge entre Alcaraz, Tsitsipas, Rudd, Rune et Auger-Aliassime. Ils espèrent détrôner le tenant du titre, l’Américain Taylor Fritz. Le 5e mondial peut mesurer sa popularité devant une horde d’enfants qui lui réclament des autographes dés qu’il apparaît. Puis c’est au tour de la numéro 1 mondiale, Iga Swiatek.

Un peu plus loin, il faut jouer des coudes pour s’approcher du grillage d’un des vingt terrains d’entraînement pour voir… Richard Gasquet avant son élimination au second tour contre Sinner. Le Biterrois reste très apprécié par les connaisseurs du tennis, comme Mark, qui nous demande si Arthur Fils – qui n’est pas à Indian Wells, est « the real deal » du futur pour le tennis français.. Emma Raducanu, elle, est très demandée pour des selfies, deux ans après sa victoire à l’US Open. 

Se balader au paradis, c’est en prendre plein les yeux avec le soleil qui se couche derrière les montagnes enneigées surplombant le désert. A la lumière du crépuscule, deux joueurs se prennent pour Neymar et jonglent sur le terrain d’échauffement. Un jeune au sourire d’ado montre, lui, pourquoi il a hésité entre le tennis et le foot américain, en balançant une ogive de 40 mètres avec une précision clinique. C’est le bras gauche surpuissant de la révélation de l’année Ben Shelton, 20 ans, qui a atteint les quarts de finale à Melbourne alors qu’il n’avait jamais quitté les terrains universitaires américains.

Indian Wells, c’est aussi une certaine idée de l’étiquette et du protocole, avec des spectateurs qui se font souvent rappeler à l’ordre sur les petits courts alors que les joueurs sont prêts. Sur le central, en nocturne, Andy Murray, après une bataille interminable à 40-40 contre Etcheverry, prend enfin l’avantage. Un Américain hurle « Finish Him ! » comme dans Mortal Kombat ou au catch. Paradis impitoyable.