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Dans les coulisses de la préparation des 24H du Mans avec Peugeot Sport

Une voiture au look de requin avec sa peau grise, qui se confond avec les nuages au-dessus du circuit Paul Ricard, au Castellet, avec son aileron dorsal et ses fines canines de LED. L’équipe Peugeot Sport s’était donnée rendez-vous fin mars dans le Var avec sa Peugeot 9×8 sans aileron, un concept unique, pour deux journées de test en vue de se préparer au mieux aux prochains 24 Heures du Mans, qui auront lieu dans moins d’un mois, les 10 et 11 juin prochains. Un retour dans la plus mythique course d’endurance pour l’équipe française, après 10 ans d’absence.

Les deux voitures engagées dans le championnat d’endurance avaient déjà eu l’occasion de rouler lors des 1.000 miles de Sebring en mars, mais l’équipe a dû faire face à des problèmes mécaniques. Et surtout, rien ne remplace deux jours de test sur une configuration type 24 Heures du Mans, la course la plus longue du calendrier. Sur une « piste qui s’en rapproche le plus », même si l’équipe doit « faire des endurances de plus de 30 heures pour répliquer Le Mans, et aucune piste ne prépare réellement aux 24 Heures », selon Olivier Jansonnie, directeur technique du programme.

La fiabilité au service de la performance

Si l’équipe est présente à un peu plus de deux mois du rendez-vous de l’année, c’est pour emmagasiner des kilomètres, eux qui ont dû renoncer à la précédente édition des 24 Heures du Mans, à cause du retard pris dans le programme. « Le but est d’arriver à optimiser le temps de piste qu’on a, qui est très important pour nous et qui cette année est limité, très réglementé », cadre le directeur technique.

Olivier Jansonnie est le directeur technique du programme Peugeot Sport engagé dans le championnat d'Endurance (WEC).
Olivier Jansonnie est le directeur technique du programme Peugeot Sport engagé dans le championnat d’Endurance (WEC). – Antonin Vincent

« L’objet est de faire des kilomètres, parce que le point essentiel c’est la fiabilité. Pour avoir la performance, on doit avoir la garantie de la fiabilité », rappelle Jean-Marc Finot, directeur de Stellantis Motorsport

Coup dur, donc, lorsque la Peugeot 9×8 de Jean-Eric Vergne, l’un des pilotes de la jeune équipe s’immobilise après une série de tête à queue. Les informations données par le pilote, ne sont pas bon signe. « C’est très dur parce qu’on règle toujours des problèmes, et d’autres arrivent. Ce n’est pas qu’on n’avance pas, les voitures sont tellement sophistiquées qu’on a jamais le plein contrôle, jamais. Si on était capable de rouler des centaines de milliers de kilomètres, on trouverait des problèmes dont on n’a pas idée aujourd’hui. La performance et la fiabilité sont assez liées. Quand vous cherchez la performance, on retrouve des problèmes. C’est un peu le serpent qui se mord la queue », essaye de se rassurer Olivier Jansonnie.

Un plateau de plus en plus relevé

Heureusement, après quelques consignes de l’équipe technique, Jean-Eric Vergne parvient à redémarrer son bolide pour aller avaler le virage de Signes pleine charge. « Ça va toujours dans le bon sens mais jamais à la vitesse que l’on souhaite. C’est hyperexigeant les 24H, c’est devenu une course de sprint de 24 heures, donc les voitures ont atteint des niveaux de fiabilité énormes, il faut être absolument parfait », souligne Jean-Marc Finot.

L'objectif des deux jours de test au Castellet, emmagasiner des kilomètres pour éprouver la fiabilité.
L’objectif des deux jours de test au Castellet, emmagasiner des kilomètres pour éprouver la fiabilité. – Antonin Vincent

La perfection est d’ailleurs plus nécessaire que jamais face à un plateau du championnat d’endurance (WEC) qui s’améliore de saison en saison. Comme cette année avec les arrivées de Ferrari, sur le podium lors des trois premières courses, et de Porsche, troisième à Portimao. Quand Peugeot n’a jamais fait mieux que sa 5e place au Portugal. « C’est plus difficile, mais aussi beaucoup plus intéressant. Sportivement, c’est compliqué à tous les niveaux. On est obligé de rouler avec tout ce qu’on a, et d’un point de vue fiabilité ça nous met en danger. On n’a plus de réserve », confie Olivier Jansonnie.

Un « outil marketing » à l’épreuve des 24 Heures du Mans

Plus de spectacle sur la piste, pour plus de visibilité en dehors avec une discipline qui retrouve enfin de sa superbe avec ces nouveaux participants, dont Peugeot a été l’un des fers de lance avec son concept sans aileron. « On a voulu utiliser toute la nouvelle réglementation de compétition hyper car qui permettait de faire des voitures qui sortent un peu des prototypes classiques. On a fait une convergence style et technique, entre les ingénieurs motorsports et le design pour reconnaître une vraie Peugeot. Avec des éléments de style et des codes design de Peugeot et même des futures Peugeot qu’on verra bientôt sur la route », confie Jean-Marc Finot.

Parce qu’au-delà du « laboratoire technologique » certains que représente le WEC pour la marque, l’endurance est aussi « un outil marketing », d’où l’importance d’avoir « la visibilité d’une Peugeot sur la piste et que les gens n’aient aucun doute quand ils voient passer la voiture », rappelle le directeur. Mais pour que les spectateurs voient passer la 9×8, il faut évidemment qu’elle n’ait pas de problème de fiabilité, le cœur du projet en cette première saison complète, et dont les 24 Heures du Mans seront un parfait révélateur.