Belgique

Theo Francken : “La N-VA n’acceptera jamais la wallonisation de la Flandre”

Oui, la réforme de l’État sera la priorité. Il faudra introduire les lois, les voter, cela prend tout de même un peu de temps. Mais quand on voit que le PS négocie avec nous en se bouchant le nez et que la N-VA fait la même chose, la seule solution c’est de chercher un grand compromis institutionnel avec les francophones qui permettra de ne plus devoir s’asseoir ensemble à la table des négociations. Ou, en tout cas, le moins possible. Mais je ne suis pas un révolutionnaire, on ne va pas mettre fin à la Belgique brusquement.

Theo Francken (N-VA) : “On doit augmenter le budget de la Défense, il en va de la réputation de la Belgique”

Avec Sander Loones, également député N-VA, vous êtes allé en Suisse récemment. Le modèle institutionnel de ce pays vous inspire-t-il ?

C’est un pays qui fonctionne très bien malgré sa complexité. Le fédéralisme y a été poussé très loin. En outre, ils ont la démocratie directe, des votations tous les mois. Les gens sont bien formés car ils doivent s’exprimer sur des dossiers assez lourds comme l’euthanasie. La Belgique devrait évoluer vers le modèle suisse en matière de fédéralisme. Les entités ont l’autonomie fiscale, par exemple. Et il y a une concurrence fiscale entre les Régions. C’est très intéressant. Ce serait aussi un atout pour la Wallonie.

guillement

La Belgique devrait évoluer vers le modèle suisse en matière de fédéralisme.« 

Quel est le problème principal de la Wallonie, selon vous ?

Le problème principal, c’est le système PS. La désindustrialisation a, en outre, été difficile à digérer. Et il y a aussi un problème de mentalité. Il faut plus d’activation sur le marché de l’emploi. En Flandre, la situation budgétaire est bonne car nous gérons mieux nos finances mais surtout parce que nous connaissons une situation luxueuse où presque tout le monde est au travail. En Flandre, tout le monde doit travailler. Et quand on ne travaille pas, il y a une forte pression sociale. “Tu veux profiter de mes sous en chômant ? Allez, au boulot, comme tout le monde…” C’est une autre mentalité.

Theo Francken, l’histoire du nationaliste flamand qui avait une maman francophone (portrait écrit en 2015)

Au fédéral, on ne parle plus beaucoup de la réforme du marché de l’emploi, justement.

C’est ce que je reproche à Pierre-Yves Dermagne (vice-Premier ministre PS, en charge de l’Emploi et du Travail) et au gouvernement. En matière d’activation, rien ne bouge… Il y a aussi des Wallons qui travaillent très dur et cela doit être pénible pour eux de voir que certains ne font rien de leur journée. Les salaires ont augmenté de 0,4 % en plus de l’indexation au cours de cette législature. Mais pendant ce temps, le revenu d’intégration a grimpé de plus de 12 % et les allocations de chômage ont augmenté de près de 7 %. La différence entre le travail et l’inactivité n’est pas assez grande. Au CPAS, on touche 1 670 euros net par mois pour un chef de famille. Avec plusieurs avantages sociaux : le tarif social pour le gaz et l’électricité, le transport public moins cher,… C’est incroyable. Pourquoi se lever à 6 heures du matin pour aller travailler et gagner seulement 1 825 euros net ? C’est vraiment un très grand défi. Le futur gouvernement devra absolument régler ce problème.

Le PS ne voudra jamais accepter cela dans une future majorité avec la N-VA.

Avec la régionalisation que nous souhaitons, il n’y sera justement pas obligé. Le PS pourra donner 3 000 euros par mois de chômage et des allocations familiales multipliées par 20, la pension pour tous à cinquante ans. Qu’il le fasse, mais pas avec l’argent flamand… Si vous voulez aller encore plus loin dans le modèle socialiste, qui est un échec complet, allez-y. La Wallonie est la région la plus pauvre d’Europe occidentale. Mais Paul Magnette (président du PS) n’en parle jamais. Il veut être le patron de la Belgique, mais quel est son palmarès ? Pas grand-chose… On ne veut pas du modèle PS. La N-VA n’acceptera jamais la wallonisation de la Flandre. Jamais.

guillement

Si vous voulez aller encore plus loin dans le modèle socialiste, qui est un échec complet, allez-y. La Wallonie est la région la plus pauvre d’Europe occidentale.« 

La majorité des deux tiers nécessaire à la modification de la Constitution semble hors de portée. La N-VA ne rêve-t-elle pas quand elle promet une réforme de l’État durant la prochaine législature ?

En Flandre, l’opinion publique se radicalise, le Vlaams Belang monte de plus en plus… Les auteurs de la Vivaldi ont démissionné : Egbert Lachaert à l’Open VLD et Joachim Coens au CD&V. En Europe, la droite mange le centre dans toutes les élections depuis l’invasion de l’Ukraine : Grèce, Finlande, Danemark, Italie… Bientôt l’Espagne. Les francophones doivent se réveiller : le Vlaams Belang est à 25,5 % dans les sondages. Qui est responsable de la radicalisation en Flandre ? Moi ? Non, excusez-moi… Ouvrez les yeux ! Les responsables, ce sont les francophones qui disent systématiquement “non” aux demandes institutionnelles flamandes. C’est intenable. Depuis 10 ans, on met l’institutionnel au frigo. À un moment, le frigo institutionnel va exploser.

Face à la montée du PTB et du Belang, les partis traditionnels jouent très gros.

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