Belgique

« Si les gens sérieux ne s’occupent pas du wokisme, on laisse un boulevard au racisme et à l’extrémisme”

Le MR a pointé du doigt certains excès du “wokisme”. Mais la lutte contre ce courant ultra-égalitariste connaît elle-même des dérives : Dalilla Hermans, responsable de la candidature de la ville de Bruges au statut de capitale européenne de la culture, a été attaquée pour ses origines rwandaises. Cette personnalité est considérée comme “woke” par le Vlaams Belang et par la N-VA. Quelle est votre réaction ?

Si les gens sérieux ne s’occupent pas du wokisme, on laisse un boulevard au racisme, à l’extrémisme, au populisme. Cette histoire à Bruges nous renforce dans l’idée que le MR doit prendre ce dossier à bras-le-corps. Dans le combat du MR pour la neutralité de l’État, on a vu exactement la même chose : des racistes invoquaient des principes en lien avec la neutralité alors que leur objectif réel était le rejet de l’autre. Ce qui n’était évidemment pas le cas du MR. Je n’ai pas peur du débat sur le wokisme car je suis sûr de mes valeurs. J’envoie un message aux socialistes, aux écologistes, à cette crème bien-pensante : c’est très dangereux d’assimiler le MR à l’extrême-droite, de parler de fascisme comme ils le font. Le jour où ils seront confrontés au vrai mal, ils n’auront plus de mots pour le qualifier. Ils n’auront plus la crédibilité pour crier au loup. Ils radicalisent l’opinion en rejetant ceux qui ne pensent pas comme eux. C’est très grave que l’on ne puisse plus aborder les questions du “vivre ensemble”.

A Bruges, la lutte contre le wokisme a un goût de racisme.

On ne peut pas nier qu’il y a des discriminations qui touchent, notamment, les personnes d’origine étrangère.

Oui, mais dans une démocratie libérale, il n’y a pas de droits spécifiques pour des catégories d’individus. Il y a une égalité des chances, une égalité des droits. On n’est pas dans la vengeance permanente. Le nœud du problème dans le wokisme, c’est qu’il résume une personne à une, deux ou trois caractéristiques visibles. Est-ce que, parce qu’il est noir, Lewis Hamilton (pilote de F1) fait partie des invisibles de la société, des discriminés ? Il est moins discriminé que Jason, qui est blanc, vient de Colfontaine et est issu d’une famille d’allocataires sociaux. C’est un exemple extrême, bien sûr. Je veux juste montrer que la couleur de peau, par exemple, n’aboutit pas par essence à de la discrimination. C’est beaucoup plus complexe : il faut regarder le niveau de diplôme, la région, le décrochage social… C’est pour cela que le wokisme, qui désigne le camp du bien et le camp du mal sur la base de caractéristiques visibles, crée de la radicalité dans la société.

L’étude du MR sur le « wokisme ».

Dans un entretien accordé à La Libre, Paul Magnette estimait que le “wokisme”, s’il existe aux États-Unis ou au Canada, est quasiment absent en Belgique.

Ah bon ? À Mons, on trouve des cours de “yoga décolonial” organisés par une institution financée par la ville et la Fédération Wallonie-Bruxelles. C’était interdit aux gens qui ne sont pas couleur. Vous voulez faire du yoga et vous êtes blancs ? Vous ne rentrez pas… Dans l’un des rapports issus de la commission Congo, il est proposé d’octroyer des droits de sécurité sociale différenciés pour des Afro-Descendants, en réparation. Ce n’est pas du wokisme ? Et le retrait de statues ? Léopold II doit disparaître de l’espace public ? Quand on nie l’histoire, on a toujours un problème. Je connais un grand cabinet d’avocats bruxellois qui a organisé une soirée de recrutement uniquement réservée aux noirs. Mais non, il n’y a pas de wokisme…

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