Belgique

« Il y a beaucoup de cannabis dans les écoles »

« On constate parfois qu’un élève est endormi ou bien sent l’alcool par exemple. Il est clair que la fumette a été fortement banalisée partout et s’est généralisée y compris dans les écoles », observe Xavier Toussaint, enseignant dans une école secondaire.

Selon Guilhem de Crombrugghe, directeur de Prospective Jeunesse, un centre d’étude et de formation actif dans le domaine de la prévention des assuétudes, aucune école n’est épargnée par la consommation de diverses substances. « Il n’y a pas d’école où il n’y a pas de drogue. Il y a par contre des écoles qui font semblant de ne rien voir. On sait par exemple qu’il y a beaucoup de cannabis dans les écoles. Il n’y en a pas forcément plus qu’avant mais le phénomène est plus visible qu’avant car moins tabou. Certains enseignants, qui ont eux-mêmes fait leurs expériences avec cette substance, sont sans doute plus tolérants que les enseignants plus âgés », constate-t-il.

Selon la Fapeo (Fédération des associations de parents de l’enseignement officiel), la consommation de drogues à l’école constitue un vrai sujet de préoccupation. « La drogue fait peur à tout le monde, de l’enfant à ses parents en passant par l’école. Le stéréotype de l’escalade vers des produits de plus en plus forts, de l’addiction et de la descente aux enfers hante de nombreux parents », observe l’association. Selon elle, l’approche moralisatrice adoptée par beaucoup d’écoles empêche par ailleurs trop souvent le dialogue entre les familles et l’institution scolaire.

« En se focalisant sur les risques autour du produit consommé doublé d’un discours moralisateur, l’école parvient difficilement à ouvrir le dialogue avec le jeune et coupe ainsi toute possibilité d’entendre les éventuelles difficultés vécues par l’élève dans la gestion de ses consommations. Les parents ont honte et se sentent coupables du comportement de leur enfant ou au contraire adoptent une posture protectrice rejetant la faute sur l’école. Mais dans tous les cas, ni l’élève ni ses parents ne reçoivent le soutien nécessaire pour gérer la situation », déplore la FAPEO.

Le directeur de Prospective Jeunesse recommande lui aussi aux écoles d’adopter une « position dédramatisante ».

« Beaucoup de jeunes font des expériences avec différentes substances mais la majeure partie d’entre eux ne consomment pas de manière régulière. Il faut faire la distinction entre problème moral et problème de santé. L’attitude de beaucoup d’écoles se limite à dire ‘fumer c’est mal’. Ce qu’il faut vraiment prendre en compte, ce sont les problématiques liées à la consommation. Dans certains cas, on observe des conséquences sur la concentration, le sommeil et la scolarité de manière générale mais il n’y a qu’une minorité de jeunes qui vont développer de réels problèmes d’assuétude », explique-t-il.