Belgique

Adrien Dolimont : “On ne va pas culpabiliser les gens parce qu’ils voyagent en avion”

Le gouvernement wallon sort du dossier compliqué du permis qui définit les activités de l’aéroport de Liège pour les années qui viennent. Celui de l’aéroport de Charleroi arrive. Peut-on s’attendre à des difficultés ?

Il est clair que l’on ne pourra pas plaire à tout le monde. Les aéroports, c’est un dossier clivant, nous en sommes conscients. On l’a vu pour Liège, les partisans du développement de l’aéroport trouvaient que le permis n’allait pas assez loin et ses détracteurs trouvaient que c’était déjà trop. Il faut trouver un point d’équilibre. On ne refilera pas la patate chaude du futur de l’aéroport de Charleroi au prochain gouvernement: nous préparons le dossier, même si la décision finale lui reviendra. L’étude d’incidence va être lancée bientôt. La fin du permis actuel, c’est fin 2025. Le nouveau permis devra donc être validé à l’été 2025. Ce sera clairement un sujet de campagne électorale et chaque parti pourra se positionner clairement sur la question du développement aéroportuaire.

Quelle sera la position du MR ?

On ne peut pas faire fi des investissements passés et de la réussite du secteur. On doit arrêter de livrer des solutions simples à des problèmes complexes. Il faut une vision globale. On ne peut pas dire que l’on va régler l’ensemble des enjeux climatiques en touchant aux aéroports. D’autres secteurs sont aussi concernés par le climat. Il est facile de dire à ceux qui veulent aller en Grèce par exemple qu’ils ne pourront y aller que tous les trois ans parce qu’on va réduire les mouvements des avions et parce que ce n’est pas bien de prendre l’avion. Priver les gens de libertés de déplacement, ça n’a pas de sens…

Vers la Grèce peut-être pas, mais il y a des vols de très courtes distances qui n’ont pas vraiment de sens, non ?

On lutte déjà contre les vols de courtes distances. Dès qu’il y a une alternative crédible de transport, il faut lui permettre de remplacer le voyage en avion. Il faut surtout que cette alternative ne coûte pas plus cher. Cette réalité économique pose question bien entendu. Il faut développer le ferroviaire et il y a des projets en France et ailleurs. Mais tant que ces solutions n’existent pas, sur le court terme, on ne va pas culpabiliser les gens parce qu’ils voyagent en avion.

Les pouvoirs publics ont largement soutenu le développement des aéroports wallons. Il ne faudrait donc pas tout jeter à la poubelle, selon vous ?

Bien sûr. Je rappelle que pendant la crise du Covid, on s’est inquiété des pertes économiques de l’aéroport de Charleroi – Liège a été moins impacté. On ne peut pas se dire qu’on ne va plus rien faire pour aider le développement de l’aéroport. Il faut savoir vers où on veut aller. On voit que les gens ont envie de voyager à nouveau. Est-ce qu’on va leur dire non, qu’ils ne peuvent plus partir ? Si c’est le cas, est-ce qu’ils ne vont pas partir d’un autre aéroport ? Quand je vois les investissements qui se font à l’aéroport de Lille, je n’ai pas envie que ceux qui partent de Charleroi aujourd’hui, partent de Lille à l’avenir.

La question du permis de l’aéroport de Liège se focalisait sur le fret et sur l’arrivée d’Ali Baba. Celui de Charleroi, c’est différent puisque c’est essentiellement du tourisme. Est-ce qu’on sent poindre des oppositions fortes ?

C’est difficile d’anticiper, mais j’ai le sentiment qu’il y a une plus grande acceptation dans la population. Je voudrais quand même dire que toute la question des aéroports doit se réfléchir à une plus grande échelle. Nous, on veut bien mettre en place une taxe au kérosène. Mais juste chez nous, ça n’a pas de sens. On déplace le problème. Toutes les mesures contraignantes sur le secteur doivent être prises à un niveau plus large. Nos aéroports, c’est notre porte vers l’international, ce sont des bassins d’emplois, restons cohérents. Il faut une vision plus engageante dans le développement de nos aéroports et ne pas faire de l’aéroport bashing. J’ai visité l’aéroport de Zaventem. C’est incroyable l’activité économique qui s’est développée là-bas. Les aéroports du pays doivent travailler ensemble.