Belgique

En cas de catastrophe, la Wallonie ne pourra plus être aussi généreuse que lors des inondations de 2021

… Je l’assume et je n’ai jamais eu de problèmes à tenir compte de la réalité budgétaire et financière qui n’est pas simple. Même si ça ne me fait pas plaisir parce que je suis un vrai passionné de cyclisme. Ça me semblait déraisonnable au vu de la situation dans laquelle on est aujourd’hui. Le budget du vélodrome était de 30 millions. Une analyse lancée par mon prédécesseur a démontré qu’il fallait 56 millions pour le rendre viable. Je n’avais pas envie de créer un outil qui allait vivre sous perfusion de la Région. Il faut pouvoir faire ce type d’introspection. Nous devons être des gestionnaires qui posent des choix.

Le gouvernement devra-t-il trouver de nouveaux moyens financiers lors du futur ajustement budgétaire ?

La trajectoire annoncée à l’initial 2023 sera tenue. Globalement, les chiffres sont meilleurs, notre niveau d’endettement est plus bas, même si ce n’est pas pour ça qu’il faut dire que ça va bien. Nous devons continuer à faire les efforts structurels. Les premiers pas ne sont pas les plus durs. À un moment donné, il va falloir réfléchir à des réformes en profondeur. À titre tout à fait personnel et dans l’optique d’un futur accord de majorité, je dirais qu’on pourrait encore accentuer la rationalisation des structures en fusionnant celles qui traitent notamment de logement ou d’emploi. On pourrait aussi fusionner les caisses d’allocations familiales pour que cela coûte moins cher à la Région ou encore actualiser le cadastre des subventions facultatives (NdlR : laissées à l’appréciation de chaque ministre) en y mettant des critères précis et en les objectivant. À la grosse louche, cela représente 150 millions d’euros. Je souhaite aussi qu’on puisse évaluer l’efficacité de l’ensemble des dépenses. Ce qu’à titre personnel, je vais implémenter dans le prochain cycle budgétaire.

Cette méthode, on en entend parler depuis longtemps avec notamment le Budget base zéro…

On ne peut pas dire que le budget base zéro a été un franc succès par rapport à l’objectif annoncé par les consultants. Je veux qu’à chaque cycle budgétaire, on prenne une thématique comme les aides à la mise à l’emploi, le soutien aux entreprises, etc., et voir si les objectifs sont atteints. Si ça ne répond pas à l’objectif de base, alors on récupère les moyens pour investir ailleurs. Il est clair que quand on voit le volume financier des structures en Wallonie, ça pose question. Ça ne veut pas dire qu’il faut virer tout le monde mais le service rendu doit être à la hauteur du financement. Ce n’est pas un problème de payer de l’impôt. Mais payer de l’impôt pour avoir des routes trouées ça n’a pas de sens.

Comment cette approche est-elle perçue chez vos collègues de gouvernement ?

Changer les habitudes, c’est toujours compliqué. Mais c’est dans l’intérêt de chacun. Si nous voulons pouvoir continuer à mener des projets, il faudra réinventer les sources de financement qui existent déjà. C’est de l’économie circulaire au sein de nos ressources. Les ressources inépuisables, c’est fini.

Si une nouvelle crise survient, si de nouvelles inondations se produisent, la Wallonie pourra-t-elle assumer ?

Honnêtement non. Nous ne serons pas en capacité de répondre comme nous avons répondu par le passé. Au risque, sinon, de perdre la confiance des investisseurs, ce qui compliquerait le remboursement de la dette. C’est pour ça qu’il faut un discours clair. On devrait aussi pouvoir s’attendre à un peu plus de solidarité de la part d’autres niveaux de pouvoir.

Les élections législatives auront lieu l’année prochaine. Où serez-vous candidat, à la région ou au fédéral ?

J’ai envie de défendre mon bilan et de rempiler, dire le contraire ne serait pas sincère. Depuis le début, ce n’est pas l’ambition personnelle qui m’a guidé. C’est être à l’endroit où j’ai le plus d’impact. Je ne sais pas dire où je serai et ce n’est pas le plus important.

2024, annus horribilis ?

Quelques mois plus tard, il y aura les élections communales, vous serez candidat bourgmestre à Ham-sur-Heure/Nalinnes, même si vous deviez être empêché ?

Oui, clairement. Je continue à m’intéresser à la commune même si je ne suis plus aussi présent que ce que je voudrais. Il y a une élection interne au MR local dans deux semaines et je m’annonce candidat. Localement, tout le monde le sait. En fonction de la situation, j’aurai un discours clair à l’égard de la population. Je ne veux pas être quelqu’un qui raconte n’importe quoi, je veux juste être cohérent. Je pense pouvoir continuer à apporter à ma commune même si je suis moins présent au quotidien. J’ai toujours voulu exercer les fonctions de bourgmestre, je l’ai toujours dit.