Yasmine Belkaid : de l’USTHB à l’Institut Pasteur, une trajectoire d’excellence

La Professeure Yasmine Belkaid, une immunologiste franco-algérienne de renommée mondiale, a pris la tête de l’Institut Pasteur en janvier 2024 pour un mandat de six ans.

Seconde femme à occuper ce poste prestigieux, sa nomination a été saluée par la communauté scientifique, notamment par Alain Fischer, président de l’Académie des sciences, qui a qualifié son arrivée de « miracle ».

Stewart Cole, son prédécesseur, a également exprimé son enthousiasme à l’idée de son arrivée et a décrit son parcours comme brillantissime.

Yasmine Belkaid prend les rênes de l’Institut Pasteur dans un contexte délicat, en pleine post-pandémie. La France, malgré sa reconnaissance dans la recherche médicale, n’a pas réussi à développer de vaccin.

Cependant, loin de se laisser décourager, la chercheuse y voit une opportunité. D’ailleurs, depuis Washington, où elle était en poste, elle a pu constater l’excellence des chercheurs français dans de nombreux domaines.

L’immunologiste, dont les travaux portent principalement sur la relation entre les microbes et le système immunitaire, tire une leçon fondamentale de cette crise sanitaire : la nécessité d’une communication scientifique plus efficace, comme elle l’a confié lors d’une interview avec le journal français Le Figaro.

Selon elle, tant que le fonctionnement des vaccins demeurera incompris du grand public, la méfiance et les rumeurs continueront de persister. Pour Yasmine Belkaid, la période post-pandémie représente une douleur nécessaire qui devrait nous guider vers un progrès plus profond.

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De l’Algérie aux sommets de la recherche : portrait de Yasmine Belkaid

Yasmine Belkaid, après des études de biologie à l’Université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene de Bab Ezzouar à Alger, a obtenu un master en biochimie.

Elle a ensuite poursuivi ses études en France, décrochant un doctorat à l’Institut Pasteur sur les réponses immunitaires innées à l’infection par le parasite Leishmania en 1996.

Son parcours est marqué par la perte de son père, Aboubakr Belkaid, plusieurs fois ministre et membre du FLN, assassiné en septembre 1995 pendant la décennie noire en Algérie.

Cet événement tragique l’a profondément affectée et a été déterminant dans sa décision de quitter le pays pour tenter de repartir de nouveau.

Malgré cette douleur, elle revendique une double appartenance culturelle, fruit de son éducation avec des parents issus de deux cultures différentes : un père algérien et une mère française, ce qui explique sa richesse culturelle et son parcours international.

Partie en France pour poursuivre ses rêves scientifiques, la chercheuse s’est épanouie aux États-Unis. Là-bas, elle a développé une vision collaborative de la recherche, partageant ses données et encourageant l’émulation collective, affirme Geneviève Milon, directrice de recherches à Institut Pasteur.

Son expertise sur la relation entre le système immunitaire et le microbiote lui a valu une reconnaissance internationale, ponctuée de prix prestigieux. Son long séjour aux États-Unis a laissé des traces, tant dans son vocabulaire teinté d’anglais que dans son approche scientifique.

L’Institut Pasteur à l’ère de Yasmine Belkaid

Malgré ses doutes occasionnels, Yasmine Belkaid affiche une ambition claire pour l’Institut Pasteur. Sa réponse ferme face aux violences sexistes dans le monde scientifique illustre sa détermination à faire évoluer les choses.

En 2020, elle a cosigné une lettre ouverte sur le sujet, soulignant la gravité du problème. Belkaid dénonce les « innombrables petites remarques insidieuses » qui, bien que banales en apparence, sapent la confiance des femmes en science.

Elle appelle à une remise en question profonde du système traditionnel, le jugeant inefficace et nuisible à la progression des talents.

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Deux axes majeurs guident les ambitions scientifiques de Yasmine Belkaid pour l’Institut Pasteur. D’une part, elle souhaite s’attaquer aux défis du changement climatique et comprendre l’évolution des nouveaux pathogènes qui en découlent.

D’autre part, elle veut développer une approche transversale sur la relation mère-enfant afin de mieux cerner les impacts à long terme des inflammations et infections sur la santé.

Femme de terrain, elle continuera à mener des recherches expérimentales, un atout précieux pour l’Institut Pasteur et ses ambitions.