Maroc

Transport urbain : «le plan de route» du ministère de l’Intérieur

Mobilité durable, «Made in Morocco», gestion déléguée…

Transport. La modernisation du secteur du transport urbain au Maroc semble devenir une priorité pour le gouvernement. Lors de son passage devant la Chambre des conseillers, le ministre de l’intérieur a dévoilé «le plan de route» pour développer le secteur. Eclairages.

Un transport urbain moderne et développé devient une priorité. Alors que le Maroc est engagé dans une politique de développement tous azimuts, le transport urbain figure dans la liste des priorités. Dans ce sens, le ministre de l’intérieur, Abdelouafi Laftit, a affirmé, mardi à Rabat, que son département œuvre pour le développement continu des différents aspects du secteur du transport urbain. «Compte tenu des défis et problématiques relatifs au secteur du transport urbain, le ministère de l’intérieur a pris plusieurs mesures, notamment l’élaboration d’une feuille de route pour les déplacements urbains durables, le renforcement du cadre institutionnel, juridique et organisationnel, la prise en considération de la dimension environnementale, l’intégration de la priorité nationale dans les appels d’offres, ainsi que l’adoption d’une approche de pré-préparation des appels d’offres concernant la gestion déléguée du secteur», a souligné M. Laftit, en réponse à une question orale sur «la réhabilitation du système de transport public dans les villes».

M. Laftit a aussi indiqué que le ministère a œuvré pour la généralisation progressive des plans de déplacements urbains (PDU) durables en fournissant un soutien financier et technique aux collectivités territoriales, tout en veillant à la conformité de ces plans avec divers documents d’urbanisation et de planification territoriale en coordination avec l’ensemble des parties prenantes, en raison de l’interdépendance entre les systèmes de transport et d’urbanisation.
Au niveau institutionnel et juridique, le ministre a évoqué la création des Etablissements de coopération intercommunale, auxquels sont confiées des prérogatives en matière de transport urbain dans plusieurs villes et collectivités territoriales, ajoutant que plusieurs Sociétés de développement local (SDL) avaient été créées en tant que mécanisme moderne pour la gestion du transport urbain. Selon M. Laftit, la dimension environnementale est également prise en considération dans la gestion du secteur du transport urbain, à travers le développement de systèmes de transport performants et respectueux de l’environnement, tout en intégrant des conditions liées à la flotte dans les cahiers des charges.

Gestion locale
Afin de promouvoir la gestion locale du secteur, le ministre a affirmé que «la priorité nationale est intégrée dans les appels d’offres, favorisant la fabrication locale des bus chaque fois que possible, en vue de développer un système de transport urbain économique et social intégré avec toutes ses composantes, y compris les bus, les tramways et d’autres».
Pour ce qui est de la gestion déléguée, M. Laftit a mis l’accent sur l’adoption d’une approche de pré-préparation des appels d’offres, impliquant la réalisation d’études de restructuration des réseaux et de faisabilité financière, tout en mettant en place plusieurs modèles de gestion contractuelle, dont le modèle en vigueur de gestion déléguée qui repose sur la prise en charge par le délégataire des dépenses d’investissement et de tous les risques associés.

D’autre part et en réponse à une autre question concernant «la réhabilitation des gares routières», M. Laftit a fait savoir qu’une étude réalisée par le ministère de l’intérieur en 2012 a montré que les gares routières de voyageurs connaissent certains dysfonctionnements, notamment le manque d’équipements essentiels, un niveau de surveillance insuffisant, le manque de conditions de sécurité, ainsi que l’absence de normes relatives aux infrastructures et aux équipements.

«A la lumière de l’actualisation des résultats de cette étude, un résumé a été élaboré, englobant diverses recommandations liées aux normes d’infrastructures, d’équipements et de modèles de gestion des gares routières de manière professionnelle», a-t-il ajouté, évoquant également la mise en œuvre d’un guide relatif aux différentes étapes de réalisation des gares routières et à la sélection du modèle de gestion approprié.
M. Laftit a précisé que ces documents ont été largement diffusés auprès des collectivités territoriales dans l’optique d’améliorer la gouvernance des gares.

Par ailleurs, le ministre a rappelé la signature d’une convention entre le ministère de l’intérieur et les ministères de l’économie et des finances et du transport et de la logistique, ainsi que la Société nationale des transports et de logistique, visant l’accompagnement des collectivités territoriales désireuses de gérer leurs gares routières dans le cadre des SDL. Pour rappel, le ministère de l’intérieur avait lancé deux études concernant notamment la mise en place d’un nouveau modèle d’accompagnement financier du secteur du transport public urbain. Il s’agissait également d’un rapport de diagnostic général avec des objectifs stratégiques et des recommandations.

Concrètement, il a été procédé à un état des lieux du secteur du transport public territorial au Maroc. Cet état des lieux inclut la situation juridico-institutionnelle du secteur. Pour ce qui est de l’évaluation des financements affectés, la finalité était d’identifier sur une période de 10 ans les financements affectés au secteur du transport public urbain ainsi que les sources de ces financements et les emplois de ces derniers. Pour les responsables, l’objectif est d’identifier les enjeux et les objectifs de cet accompagnement, les leviers ou champs de développement, les moyens de financement à mobiliser sur la durée de la politique, les sources de financement, que ce soit via la reconstruction, le redéploiement et la rationalisation des ressources actuelles ou la proposition de nouvelles sources de financement, les règles et les modalités d’affectation des ressources aux territoires ainsi que les règles et modalités d’affectation des ressources aux leviers et champs de développement.

Guide

Développement durable. Le ministère de l’intérieur avait publié, en septembre dernier, un guide exhaustif pour l’élaboration du plan de mobilité urbaine durable. Ce document est destiné essentiellement aux collectivités territoriales et particulièrement aux communes. «Ce guide fournit aux acteurs concernés un corpus de concepts clés dans l’objectif de cadrer la nouvelle approche de planification de la mobilité urbaine au Maroc et d’accompagner les acteurs territoriaux dans l’ancrage d’une nouvelle démarche de planification, tout en profitant des nombreuses années de retour d’expérience issues des précédentes démarches PDU pour assurer l’efficacité du processus», peut-on lire dans ce guide. «Les coûts économiques de l’inadéquation entre l’offre et la demande en matière de mobilité urbaine dans la plupart des aires urbaines marocaines sont importants. En effet, la congestion croissante dans la plupart des villes entraîne plusieurs impacts négatifs à des échelles individuelles et collectives», indique la même source faisant état des impacts sociaux et économiques. Dans le même sens, la mobilité urbaine fait encore face au Maroc à des défis structurels considérables. Pour le ministère de l’intérieur, la gouvernance du secteur de la mobilité urbaine nécessite pour sa part un effort supplémentaire. «Au niveau local, la plupart des communes (à l’exception relative de Rabat, de Casablanca, de Marrakech et d’Agadir qui disposent à ce stade de Sociétés de développement local-SDL- pour ce secteur) ont peu de capacités techniques en matière de planification, de suivi nécessaires pour assumer correctement leur rôle en matière de mobilité urbaine», indique ledit guide.