Suisse

Soliswiss, une coopérative au secours de la Cinquième Suisse

Bien que tout soit désormais numérisé, Soliswiss conserve encore les dossiers de ses 4000 membres aussi sur papier. Soliswiss

Chaque année, 30’000 Suisses quittent leur pays et sont aux prises avec des défis avant, pendant et après cette émigration. Soliswiss est là pour répondre à leurs besoins; en cas d’urgence, la coopérative intervient également sur le plan financier.

Ce contenu a été publié le 02 mars 2023


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SoliswissLien externe a été créée en 1958 sous le nom de «Fonds de solidarité coopérative pour les Suisses à l’étranger». Contrairement à l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE), qui s’engage avant tout pour les intérêts politiques de la Cinquième Suisse, l’idée de base de la coopérative était de répondre aux incertitudes financières. Une aide à l’entraide donc – sous forme d’argent que des membres de la coopérative peuvent demander en cas de besoin.

Nicole Töpperwien, directrice de Soliswiss. © Eveline Zurwerra

Mais à l’exception de la pandémie de coronavirus, cet aspect de solidarité a plutôt diminué au cours des 65 dernières années, explique la directrice de Soliswiss, Nicole Töpperwien. L’accent a été mis sur les conseils aux candidats à l’émigration, aux rapatriés, aux globe-trotters ou aux retraités qui souhaitent passer leur retraite à l’étranger.

«En 2022, nous avons traité 3200 demandes», indique Nicole Töpperwien. Les personnes qui ne sont pas membres de la coopérative peuvent également profiter de ce soutien, mais moyennant une contribution financière. «Soliswiss aide, conseille, montre des solutions possibles et met en réseau», peut-on lire dans le dernier rapport annuel.

Pour gérer cette offre, le secrétariat emploie six personnes. Quant au comité de Soliswiss, il est composé de sept membres qui ont une expérience – sous une forme ou une autre – des Suisses de l’étranger et de l’émigration.

Une coopérative qui rajeunit

Le nombre de membres de la coopérative est impressionnant: 4000 dans plus de 130 pays. «Nous avons des membres qui sont là depuis la fondation», se félicite Eveline Zurwerra, responsable de la communication chez Soliswiss.

Eveline Zurwerra, responsable de la communication de Soliswiss. Soliswiss

Et bien que la Coopérative des Suisses de l’étranger atteigne elle-même l’âge de la retraite cette année, elle s’est quelque peu rajeunie au cours des dernières années. La moyenne d’âge est désormais de 55 ans. Ce rajeunissement est probablement lié à l’offre de Soliswiss: la coopérative s’est par exemple spécialisée dans les questions liées au travail et aux rentes à l’étranger, des thèmes qui intéressent de plus en plus de Suisses. Les nombreux webinaires organisés à ce sujet affichent régulièrement complet.

Selon les statutsLien externe, seules les personnes de nationalité suisse peuvent devenir membres. «Il existe un besoin de devenir membre de Soliswiss sans avoir la nationalité suisse», explique Nicole Töpperwien; la coopérative reçoit par exemple régulièrement des demandes d’Allemagne. Soliswiss ne peut pas accepter ces personnes comme membres, mais les conseille contre paiement. «Les Suisses restent au centre de nos préoccupations», souligne la directrice.

Martin Hauser est membre de la coopérative depuis les tout débuts. Il y a adhéré «par intuition, qui ne s’est pas révélée fausse», dit-il. Soliswiss a été son filet de sécurité fiable lorsqu’il était professeur d’université en Roumanie dans les années 1990. La coopérative l’a alors bien conseillé dans des situations délicates et l’a également soutenu financièrement – «même en tant que professeur pour l’UNESCO, je n’étais alors pas vraiment épargné par les agressions et les appétits politiques locaux», explique-t-il.

Martin Hauser fait partie des rares membres qui participent régulièrement aux assemblées générales annuelles. «Au cours des dix dernières années, 50 membres ont participé à l’AG la plus réussie», indique Eveline Zurwerra. Par rapport au nombre de membres, c’est certes très peu, mais il est dans la nature des choses que les coopérateurs ne prennent pas exprès l’avion pour venir en Suisse. Certains membres organisent toutefois régulièrement une représentation pour leur vote.

Plusieurs millions pour les cas de détresse

Même si l’idée de solidarité n’est plus aussi centrale qu’autrefois, plus de 725’000 francs ont été versés par le fonds d’aide depuis la création de Soliswiss. Il intervient lorsque les Suisses de l’étranger ont besoin d’un soutien rapide.

Cela peut aussi prendre des formes créatives. Par exemple avec l’achat d’un Tuk-Tuk pour un membre de la coopérative qui, par suite d’une morsure de crocodile, avait du mal à se déplacer seul sur de longues distances. Le fonds est financé par des dons et permet à Soliswiss de réagir rapidement.

La coopérative de solidarité n’est pas aussi flexible en ce qui concerne le versement d’indemnités forfaitaires, qui sont financées par des provisions. L’indemnisation provenant de ce pot commun est strictement réglementée: le versement présuppose une perte de l’existence économique en raison d’une guerre, de troubles ou de mesures de contrainte politiques générales.

«Devenir membre de Soliswiss a été la meilleure décision de ma vie», déclare par exemple Roger Gava dans le film réalisé à l’occasion du 50e anniversaire de la coopérative. Il s’était retrouvé en grande difficulté en 2001, lors de la crise économique en Argentine. Ce Suisse de l’étranger avait alors reçu une aide financière de la coopérative, ce qui lui avait permis de quitter le pays et de reprendre pied en Suisse. À ce jour, plus de 9,5 millions de francs ont été versés sous forme d’indemnités forfaitaires.

La Coopérative pour les Suisses à l’étranger ne reçoit pas de fonds de la Confédération. Et avec l’entrée en vigueur de la loi sur les Suisses de l’étranger en 2015, Soliswiss a perdu la garantie de la Confédération. Auparavant, la Confédération aurait aidé la coopérative en cas de difficultés financières en lui accordant des prêts sans intérêts. Depuis, Soliswiss doit voler de ses propres ailes. Avec un nombre de membres en constante augmentation et de plus en plus jeunes, cela ne devrait pas poser de problème à l’avenir.

Relu et vérifié par David Eugster, traduit de l’allemand par Olivier Pauchard

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