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Victor Boniface se livre sur son enfance et sa dépression : “Je suis sûr que, depuis là-haut, ma mère regarde tous mes matchs”

Son enfance : élevé dans un camp militaire

Parmi les tatouages imprimés sur le corps de Boniface, les visages de sa mère, Gloria, et de sa grand-mère, Lucy. “Deux femmes très importantes dans ma vie”, explique-t-il. Sa mère est décédée lorsqu’il jouait à Bodo/Glimt, en 2019 : “Elle était malade. J’étais en Norvège quand on m’a appelé pour me dire qu’elle était morte. Je me suis dit ‘OK’, et puis quand je me suis retrouvé à l’entraînement, je me suis mis à pleurer.”

Sa grand-mère, elle, est toujours bien vivante. “Elle voit presque tous mes matchs, car les affiches du championnat belge et les rencontres européennes sont diffusées au Nigeria. C’est elle qui m’a élevé : j’ai grandi chez mes grands-parents, dans une base militaire car mon grand-père était dans l’armée. On n’était ni pauvre, ni riche. Mon oncle était comme mon grand frère. c’est lui qui m’a appris le foot quand j’étais petit… et, parfois, ma mère jouait avec nous. Je sais qu’elle regarde mes matchs de là-haut ; j’étais son seul enfant.”

guillement

Si Neymar signait à Anderlecht, je supporterais Anderlecht

Très vite, le jeune Boni a voulu miser sur le sport roi. “Au Nigeria, souvent, les parents n’ont pas envie que les enfants jouent au foot, mais moi, ma famille m’a toujours soutenu. J’ai d’abord joué au football de rue jusqu’à 16 ans quand j’ai été dans une équipe de jeunes, avant de passer à l’académie de Real Sapphire (NdlR : où Bodo/Glimt l’a acheté en 2019).

Boniface a un grand modèle : Neymar. “Je supportais Barcelone, avant, mais maintenant je suis fan du PSG… et s’il signait à Anderlecht, je supporterais Anderlecht”, rigole-t-il.

Sa dépression : “Le foot ne m’intéressait plus”

Boniface adore son sport ; c’est son unique passe-temps, avec le jeu vidéo “Call of Duty” auquel il joue en ligne. Mais sa blessure aux ligaments du genou intervenue en 2019 alors qu’il devait aller à la Coupe du monde U20 avec le Nigeria a été un coup si dur qu’il l’en a presque dégoûté. La dépression était là, à l’époque et l’alcool également. “Pour être honnête, le foot ne m’intéressait plus à ce moment, poursuit-il. Je ne voulais même plus regarder de match à la télévision, parfois. Et puis un jour, lors d’un match de Bodo/Glimt de Conference League contre l’AS Roma où je ne jouais pas, j’étais chez les VIP quand j’ai reçu un appel de mon agent qui me disait que des clubs lui demandaient quand j’allais revenir pour pouvoir me suivre à nouveau. Là, je me suis dit ‘OK, ça, c’est quelque chose qui doit me pousser à revenir.’ C’est à ce moment que la motivation est revenue. Ma seule option était de devenir joueur, il n’y avait pas de plan B. Peut-être que je pourrais aussi devenir un bon scout.”

Son futur : “Je n’y pense pas encore”

Il semble évident que Boniface quittera l’Union cet été contre un montant supérieur à 10 millions €, un record pour le club bruxellois. Mais il assure ne pas encore penser à cela : “Je ne lis pas ce qui se dit et je me concentre sur moi-même. Mon agent est pro : il sait quand il doit me parler de ce genre de choses et, donc, pas quand je dois me concentrer sur les matchs.” Peut-être imitera-t-il Victor Osimenh, autre buteur nigérian, qui avait fait ses preuves à Charleroi, avant de passer par Lille et d’être en passe de rafler le Scudetto avec Naples aujourd’hui. “Bien sûr que c’est un exemple, mais il a son parcours et j’ai le mien. Je ne pense pas à un transfert, sinon cela reste coincé dans votre tête et vous avez peur en jouant ; vous vous demandez : ‘Et si quelque chose m’arrive ?’”

LEVERKUSEN, GERMANY - APRIL 13 : Boniface Victor forward of Union St-Gilloise celebrates scoring a goal with teammates during the UEFA Europa League Quarter-finals, 1st leg match between Leverkusen and Union SG at the BayArena on April 13, 2023 in Leverkusen, Germany, 13/04/2023 ( Photo by Sebastien Smets / Photo News
Sa désormais traditionnelle célébration d’après-but, façon « danse des canards ». « Ca m’est venu comme ça, mais c’est comme une signature », dit-il. ©SES

Son plus grand rêve n’est pas de jouer pour un club huppé, non. “C’est d’être sélectionné en équipe nationale. J’ai entendu que j’avais été repris dans la présélection de 45 joueurs, mais il y a une grosse concurrence.” Être sacré champion l’aiderait bien. Ne comptez pas sur lui pour faire des folies si c’était le cas : “La dernière fois que j’ai été champion (NdlR ; à Bodo/Glimt), je me suis blessé en célébrant le titre, alors je vous garantis que si on est champion, je m’assoirai à un endroit et je ne bougerai plus.” Avec une pensée pour sa mère et tout ce qu’il a déjà vécu en 22 ans.