Sport

Vandenhaute, Verbeke, le staff, les joueurs : qui sont les responsables du naufrage anderlechtois ?

Vandenhaute : les mêmes erreurs que Coucke

Après une première saison de présidence prometteuse en termes de résultats avec le coach Vincent Kompany, Wouter Vandenhaute s’est totalement planté pour sa deuxième année. On serait tenté de dire sa seconde tant son avenir paraît incertain à la tête du club de son cœur.

Il est responsable du départ de Kompany qui découvrira la Premier League en tant qu’entraîneur la saison prochaine, et il est responsable de l’arrivée loupée de Felice Mazzù. Ça fait beaucoup pour un club qui semblait reparti sur la bonne voie avant ça.

Détesté par une majorité de supporters, dont les influents ultras, depuis des mois, Vandenhaute arrive au même stade que Marc Coucke quand il avait été poussé vers la sortie devant la colère des fans. Et contrairement à ce qu’il imagine, VDH n’est pas beaucoup plus connaisseur de football que l’actionnaire majoritaire qui, cette année, a su rester dans l’ombre tout en ouvrant le portefeuille.

L’évolution du titre de Vandenhaute en “président non-exécutif” n’a rien changé. Ni dans son impopularité, ni dans sa manière de travailler. Il espérait que ça suffise pour faire croire qu’il ne tirait plus les ficelles au club mais personne n’est dupe. Il est sur tous les dossiers.

Le conseil d’administration risque de devoir repartir à la recherche d’un nouveau président pendant la très longue trêve estivale. Conserver celui qui fut le responsable de la pire saison depuis 1937 serait un mauvais signal. L’écarter pourrait aussi à booster la campagne d’abonnements.

Doubles vacances ? Gâcher la fête des voisins ? L’agenda anderlechtois va être bizarre

Verbeke : trop de ratés pendant l’été

L’étoile de Peter Verbeke, si brillante la saison précédente, s’est vite éteinte. Sa campagne de transferts ratée pendant l’été a effacé tout le crédit du passé. Il n’a pas pu confirmer le coup de génie Sergio Gomez.

Les cinq millions dépensés pour Nilson Angulo et Ishaq Abdulrazak ressemblent à un énorme gâchis. Et il n’a pas réussi à trouver des successeurs aux attaquants Joshua Zirkzee et Christian Kouamé. Fabio Silva et Sebastiano Esposito n’étaient pas du même niveau. À moins que le départ de Kompany n’explique cette perte dans la post-formation des jeunes buteurs.

Paradoxalement, la montée en grade de Verbeke, directeur sportif devant CEO, a été le début de ses ennuis. Moins présent sur les dossiers, il a perdu le fil, sans pouvoir appliquer sa méthode miracle aux autres départements du club.

Après quelques semaines à l’écart suite à un souci de santé, il est revenu en constatant qu’il n’y avait plus de place pour lui dans l’organigramme. Kenneth Bornauw s’occupait de tout ce qui n’était pas sportif et Jesper Fredberg, repéré par Verbeke lui-même, gérait les dossiers foot. Fin janvier, il a été licencié.

Felice Mazzù fâché à Westerlo, après sa quatrième défaite en huit journées de championnat.
Felice Mazzù s’est souvent énervé pendant ses quelques mois à Anderlecht. ©Photo News

Mazzù : un style qu’il n’a pas su faire évoluer

Felice Mazzù est passé à un cheveu de la revanche qu’il espérait : qualifier Charleroi en playoffs tout en éliminant Anderlecht, quelques mois après son C4. Il aura quand même eu le plaisir de finir devant les Mauves et même d’obtenir un meilleur bilan que Riemer sur la phase retour (29 points pour le Carolo, 26 pour le Danois).

Insuffisant toutefois pour faire naître des regrets à Anderlecht. Son départ n’a pas donné d’amertume, ni dans les tribunes, ni dans le vestiaire, ni dans les bureaux de Neerpede. Tous ont le même constat : Mazzù n’était pas fait pour le RSCA.

En arrivant pendant l’été, il a voulu appliquer la même recette qu’à l’Union. Mais avec des joueurs totalement différents. Dans le style de jeu mais surtout dans la mentalité.

En plus de la chaleur humaine et des valeurs de combat, ils auraient aimé plus de travail tactique, surtout en possession du ballon. Les circuits de passes étaient trop simplistes pour la majorité des joueurs, notamment ceux qui avaient connu Vincent Kompany. Plutôt que de voir les possibles bienfaits à court terme d’un jeu direct, ils ont retenu le manque d’attrait de cette philosophie.

Quand Adrien Trebel s’est blessé à Berne mi-août, les éclaircies du début de saison ont directement fait place à l’orage. Et Mazzù n’a jamais trouvé le parapluie. La vie s’est petit à petit éteinte dans le vestiaire.

Mazzù estime avoir tout tenté pour sortir l’équipe de la crise. Un constat que tout le monde ne partage pas à Neerpede. Certains pensent que le Carolo aurait pu allonger ses journées de travail quand ça allait mal. Il n’était pas du genre à éteindre la lumière du centre d’entraînement en partant le dernier, comme c’était régulièrement le cas de Kompany et de son staff la saison précédente.

Fredberg : une méthode à perfectionner

Parmi tous les “coupables” cités dans l’article, Jesper Fredberg est clairement le moins impliqué dans la saison pourrie du Sporting. Parce qu’il n’est arrivé qu’en janvier (il a signé en novembre mais a dû prester son préavis au Danemark). Et parce qu’il s’est surtout illustré dans le bon sens.

Pendant le mercato hivernal, il n’a transféré que deux joueurs (Islam Slimani et Anders Dreyer) mais ce fut deux réussites; ce qui n’est pas gagné sur ce marché si particulier de janvier. On retiendra aussi qu’il est parvenu à dégager du cash en se séparant de garçons qui n’étaient pas titulaires (Julien Duranville, Anouar Ait El Hadj et Wesley Hoedt).

Pourquoi citer Fredberg parmi les responsables de l’échec mauve alors ? Parce qu’il n’a pas toujours pu cacher son manque d’expérience. Sur plusieurs dossiers dans sa recherche d’un avant-centre, il a été berné, voire utilisé par des intermédiaires. Ce qui lui a fait louper quelques belles affaires.

Dans la direction, on aura quand même noté que Fredberg se montre très ferme avec les agents et refuse d’entrer dans des surenchères de dernière minute. Ce qui n’est pas pour déplaire quand les finances sont autant dans le rouge.

Riemer : à trois points du podium mais…

Quand Brian Riemer est arrivé pendant la Coupe du monde au Qatar, Anderlecht était douzième au classement. Après dix-sept rencontres de championnat sur le banc, il n’a réussi qu’à faire gagner une position au Sporting. Pas brillant.

Quand on y regarde plus près, le bilan est meilleur quand même. Si on fait le classement depuis l’arrivée du coach danois, Anderlecht est septième, à seulement trois points du podium. En dix-sept matchs, Riemer a obtenu 26 points, autant que le Club Brugeois et Gand, juste un de moins que le Standard.

Un bilan déjà plus réjouissant mais ses détracteurs diront que comparaison n’est pas raison. Riemer pouvait compter sur Slimani et Dreyer. Les deux recrues du mercato hivernal ont rapporté, à eux deux, quinze buts des 24 buts inscrits en championnat.

Slimani et Dreyer ont aussi bien aidé en Europe. La Conference League vient apporter quelques bons points en plus à Riemer. L’élimination de Villarreal, demi-finaliste en titre en Ligue des champions, restera comme le plus bel exploit de la saison. Le seul pourrait-on dire aussi.

Si Riemer mérite certainement encore du crédit, tout n’a pas été parfait non plus. Pour sa première expérience de T1, il a parfois semblé trop mécanique dans ses changements. Il suivait un plan de jeu mis en place en occultant le scénario du match, comme à Genk quand Slimani voulait rester sur la pelouse à 4-2 pour les Limbourgeois.

Il devrait être sur le banc pour commencer la saison 2023-2024 mais il ne pourra pas louper son départ, sous peine de voir les fantômes de l’année passée ressortir rapidement.

LEUVEN, BELGIUM - MARCH 19 : Riemer Brian head coach of Anderlecht, Slimani Islam forward of Anderlecht during the Jupiler Pro League match between Oud-Heverlee Leuven and RSC Anderlecht on March 19, 2023 in Leuven, Belgium, 19/03/2023 ( Photo by Vincent Kalut / Photonews
Les changements trop mécaniques de Brian Riemer ont parfois pu irriter. ©VKA

Les joueurs : une mentalité à revoir

Si Fredberg pouvait réaliser le transfert qu’il souhaite, il choisirait, en tout premier, d’amener une nouvelle mentalité dans le vestiaire. Trop souvent cette saison, les ego et le manque de cohésion ont coûté des points.

C’était plus visible en début de saison, quand Fabio Silva et Sebastiano Esposito se croyaient plus importants que le club. Un comportement qui instaurait naturellement une ambiance de travail moins performante.

Cela a souvent énervé Hoedt, au point de se prendre régulièrement la tête avec les plus jeunes du groupe. Mais le défenseur néerlandais ne prestait pas sur le terrain, malgré son CV. Son discours n’avait aucun poids. En prenant la tête de l’équipe pour quelques semaines après le C4 de Mazzù, Robin Veldman l’a rapidement écarté du noyau A.

Cette décision a renforcé sa popularité dans le vestiaire mais n’a pas tout changé. Trop souvent, même avec Riemer, les jeunes ont montré une forme d’arrogance. Comme si les trois étoiles sur le maillot anderlechtois devaient leur offrir un surplus de talent.

Les arrivées de Slimani et de Dreyer ont quand même un peu aidé. Jan Vertonghen se sentait subitement moins seul pour encadrer le groupe. Les valeurs de travail étaient plus visibles mais la suffisance anderlechtoise a refait surface par moments, comme au match retour à Alkmaar. Les joueurs néerlandais n’avaient qu’une envie : fermer la bouche de certains Mauves visiblement bavards sur la pelouse.

Pendant le mercato estival, Fredberg veillera particulièrement à la mentalité quand il devra finaliser un transfert. Entre un bon joueur travailleur et un artiste ingérable, il n’hésitera pas une seconde, même si ça fait moins rêver les supporters.

À Anderlecht, l’évolution doit devenir une révolution