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Les six défis de Remco Evenepoel au Giro 2023

1. Réussir en Italie

À l’automne dernier, au soir de son succès à la Vuelta, le Brabançon avait réitéré son amour pour l’Espagne. “Je m’y sens bien et j’y obtiens des résultats.” On ne va pas énumérer ici toutes ses victoires forgées en terres ibériques car la liste est longue. Mais c’est là qu’Evenepoel a remporté sa première classique WorldTour en 2019 à San Sebastian. Il y a gagné aussi le Tour de Burgos et a de nouveau brillé à San Sebastian l’année passée.

guillement

« L’Italie? C’est vrai que je n’y ai pas encore obtenu la réussite à laquelle j’aspire. Mais ça va changer. »

Son vécu italien est plus compliqué. “C’est vrai que je n’y ai pas encore obtenu la réussite à laquelle j’aspire. Mais ça va changer”, assure-t-il.

C’est dans la Botte qu’il a connu sa terrible chute en août 2020. C’est aussi sur le sol transalpin qu’il avait précipité sa rentrée en mai 2021, à l’occasion d’un Giro qu’il quitta à quatre jours de l’arrivée, le corps meurtri par une chute et le moral en berne. “Avec du recul, je me suis rendu compte qu’avoir pris le départ après cinq semaines de préparation était un non-sens, assure-t-il. Cette fois, j’ai pu prendre le temps de bien faire les choses pour être totalement prêt.”

Remco Evenepoel avant le Giro 2023 : “Je ne suis pas le favori du chrono”

2. Poursuivre son plan

Depuis l’arrivée de son prodige dans le peloton professionnel en 2019, Patrick Lefevere veut faire de lui un vainqueur de grand tour et, principalement, de la Grande Boucle. Pour y parvenir, le patron de Soudal Quick-Step et son protégé veulent franchir les étapes une à une. “On ne veut pas brûler les étapes, ni sauter deux marches d’un coup. Il est important, pour mes équipiers comme pour moi, qu’on s’illustre sur la Vuelta et le Giro avant d’essayer le Tour”, a répété Evenepoel en début de semaine dans ces colonnes.

C’est donc logiquement qu’après avoir gagné en Espagne, il tente de faire de même en Italie avant de s’attaquer – très probablement l’an prochain – au Tour.

Belgian Remco Evenepoel of Soudal Quick-Step pictured during the team presentation ahead of the 2023 Giro D'Italia cycling race, in Pescara, in Italy, Thursday 04 May 2023. The 2023 Giro takes place from 06 to 28 May 2023. BELGA PHOTO JASPER JACOBS
Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step).

3. Succéder à Giuseppe Saronni

”Prendre le départ de ce Tour d’Italie avec le maillot arc-en-ciel sur le dos, c’est vraiment très spécial pour moi.”

Jeudi soir, à la présentation officielle des équipes, le chef de file du Wolfpack ne pouvait pas cacher sa fierté. Homme de records, le phénomène de 23 ans aimerait vraiment marquer l’histoire dans trois semaines à Rome. “Entrer dans cette ville avec la tunique rose du vainqueur serait un magnifique aboutissement.”

S’il y parvient, notre compatriote deviendra le premier coureur à remporter un grand tour en étant champion du monde depuis Giuseppe Saronni, vainqueur du Giro avec la tunique irisée en 1983.

4. Courir juste

Fin mars, au soir du Tour de Catalogne terminé juste derrière Primoz Roglic, son grand rival ici aussi, Evenepoel avait reconnu ne pas avoir opéré tout le temps les bons choix. “Comme il n’y avait pas de contre-la-montre, j’ai cherché à gagner des secondes un peu partout. Ce n’était pas la bonne tactique”, admit-il.

Cette fois, le champion de Belgique de la discipline pourra s’appuyer sur trois chronos pour courir différemment et respecter la stratégie de la patience. “Même si Roglic est champion olympique, j’espère gagner du temps lors des deux premiers chronos et être aussi fort que lui en montagne. Dans ce cas, on pourra gérer la course.

Il peut aussi placer une seule attaque décisive, comme à la Vuelta 2022, où il avait pris les commandes de la course après avoir distancé le Slovène et ses autres adversaires lors de la 6e étape sur les pentes du Pico Jano. “Peu importe quand ça arrivera, j’attendrai le jour qu’il faut pour prendre le maillot rose si j’en ai la possibilité.”

guillement

« Je suis plus fort qu’à la Vuelta.”

5. Confirmer sa progression en très haute montagne

Certains doutent encore des capacités d’Evenepoel à enchaîner les cols très pentus et les journées en haute montagne, surtout en troisième semaine. “J’ai montré à la Vuelta que ce n’était plus un problème pour moi, se contente-t-il de répondre. Or, je suis plus fort qu’à l’époque.”

Depuis son succès en Espagne, il a passé le plus clair de son temps en altitude, sur les pentes du Teide, où il a mis l’accent sur le travail en haute montagne. “J’ai vu mes progrès à l’UAE Tour, où j’ai résisté à un pur grimpeur comme Adam Yates, et au Tour de Catalogne, où j’ai tenu la comparaison avec Primoz Roglic.”

Cela dit, ce Tour d’Italie s’annonce bien plus montagneux que les deux courses disputées par le Belge en début de saison. Dès les premiers jours, il y aura des ascensions dangereuses avant une montée en puissance jusqu’à la dernière semaine redoutable dans les Dolomites. Il ne faut pas oublier, non plus, le chrono de l’avant-dernier jour, avec une terrible montée finale qui impliquera un changement de vélo au pied de la difficulté et l’absence de voiture suiveuse dans l’ascension. À propos de ce final, les équipes et l’UCI réfléchissent à l’éventualité de l’aménager. Actuellement, un mécanicien sur une moto devra porter un vélo sur son dos pour accompagner le cycliste jusqu’au sommet. Mais il ne devrait pas y avoir assez de motards pour suivre tous les coureurs. Affaire à suivre donc…

6. Battre Roglic et Ganna sur leurs terrains de prédilection

Même s’il dit ne pas être favori du chrono inaugural de ce samedi près de Pescara, Remco Evenepoel va déjà avoir l’occasion de tester les progrès effectués dans un domaine qu’il a beaucoup travaillé cet hiver. Devancer Stefan Kung, le grand format suisse, et Filippo Ganna, le double champion du monde de la discipline, constituerait une performance XXL.

Le samedi 27 mai, veille de l’arrivée à Rome, il essaiera aussi de dominer Primoz Roglic dans ce chrono en montée qui convient si bien au champion olympique. “Mais on sera tous en fin de parcours et la fraîcheur sera un facteur déterminant”, conclut-il.

Le Giro validera-t-il la préparation méticuleuse, presque chirurgicale, de Remco Evenepoel ? Réponse dans trois semaines.

Notre guide du Giro

Le guide du Giro 2023
Le guide du Giro 2023 ©Raphaël Batista