AlgérieSport

Equipe d’Algérie : « La demande des résultats a toujours fait du mal au pays », Gourcuff

L’ancien sélectionneur national, Christian Gourcuff, livre son analyse de l’élimination de l’équipe d’Algérie de la CAN-2023. Le technicien français donne son avis à propos de l’avenir de Djamel Belmadi à la tête des Verts.

Les Algériens ont tourné la page de la grande désillusion de la CAN-2023. Mais l’avenir de Djamel Belmadi à la tête de la sélection nationale est le sujet qui fait débats. Ils suivent de près l’évolution des négociations entre le sélectionneur national et le président de la FAF, Walid Sadi, pour une séparation à l’amiable.

L’ancien sélectionneur national, Christian Gourcuff, prend la parole. D’abord, il livre son analyse de l’élimination précoce de l’équipe d’Algérie du tournoi continental.

« Avoir le meilleur effectif ne sert à rien, si dans la tête ça ne va pas. Aujourd’hui, les joueurs algériens ont perdu non pas parce que leurs adversaires étaient meilleurs, mais parce qu’eux restent traumatisés par leurs précédents échecs (…) Les Algériens ne sont pas parvenus à installer un nouveau logiciel dans leur esprit. Une mentalité qui leur aurait fait dire que perdre n’est pas grave et qui les aurait libérés pour la suite. Là, ils se sont enfermés dans une obligation néfaste de gagner. Un psychisme transféré du banc vers le terrain, qui n’a fait qu’ajouter du doute au doute. Après, pour ce qui est de l’aspect tactique, les ajustements ont été faits de manière correcte, avec un bon amalgame entre les joueurs de la génération Mahrez et les jeunes arrivés récemment ». Dira-t-il d’emblée, dans une interview accordée à « So Foot ».

Que pense Gourcuff de l’avenir de Belmadi ?

Le technicien français commente l’avenir de Djamel Belmadi à la tête des Verts. Certes, il n’a pas exprimé son avis ouvertement, mais il a fait allusion qu’il est contre le départ du sélectionneur national.

« Le coach Belmadi a gagné son crédit en Égypte, il a bien capitalisé dessus, mais la chute est arrivée au mauvais moment. Dans les matchs cruciaux. En CAN au Cameroun d’abord, puis en barrages de Coupe du monde, on sait que ça devient quasi impossible de redresser la barre. Il a essayé de s’accrocher à ce qui avait précédemment marché, en s’appuyant sur ses joueurs de base, mais la cassure était déjà trop large. Il aurait fallu installer la transition générationnelle de manière plus directe certainement ». Dira-t-il.

Et d’ajouter : « On veut toujours tout chambouler après un échec, donc pour les Algériens, il aurait été logique que Belmadi démissionne après le barrage face au Cameroun […] La demande de résultats immédiats a toujours fait du mal au pays. Je me souviens des soufflantes que j’ai prises, car j’avais perdu en quarts de finale de la CAN, contre la Côte d’Ivoire, future championne (3-1, en 2015). Je ne comprenais pas, l’équipe commençait à peine à prendre ses marques et on parlait déjà de me licencier… C’est la raison de mon départ quelques mois plus tard. Les pressions extérieures sont difficilement gérables en Algérie ».

Quelles sont les solutions de Gourcuff pour redresser la barre ?

Enfin, Christian Gourcuff a donné les solutions pour redresser la barre en équipe d’Algérie. « Désormais, les dirigeants vont analyser ce qu’il manque, et faire un travail de fond, au-delà de la sélection. Il faut déjà structurer le football à échelle régionale, en établissant de véritables centres de formation. L’Algérie est l’un des plus grands pays de football, et voir aussi peu de talents s’exporter, ce n’est pas possible. Ensuite, pour ce qui est de la sélection, il va simplement falloir laisser la place et faire confiance aux jeunes. Cet échec est aussi une bonne expérience pour eux, qui vont pouvoir s’affirmer dans la difficulté ». A-t-il indiqué.

« Il y a deux choses que les Algériens doivent à tout prix retenir : acceptation et compréhension. Accepter que sur une courte ou moyenne période, rien ne va aller dans leur sens. Que les échecs vont s’enchaîner, que vous aurez l’impression de stagner. Ensuite, comprendre. Apprendre pour quoi cela n’a pas marché, quels leviers activer pour rebondir – comme je le disais plus haut, le travail de formation est juste fondamental – et ensuite, laisser du temps aux plus compétents. Ne pas demander de remède miracle à efficacité immédiate. En Algérie, tout est parfois fait dans la précipitation, par peur de ne pas être à la hauteur. Heureusement, ils ont nommé Walid Sadi à la tête de la fédération. Un homme de l’école Raouraoua, avec qui j’ai personnellement travaillé et qui a une vision ultramoderne du football. Tout ce qu’il fallait à l’Algérie pour revenir encore plus fort ». A-t-il ajouté.