Belgique

Pauvreté infantile: une étude place la Belgique au rang des mauvais élèves de l’UE

« 12,8 % d’entre eux sont victimes de privation matérielle, et manquent quotidiennement d’au moins trois des 17 éléments considérés par l’UE comme essentiels à un développement sain et équilibré », s’est alarmé la Fondation Roi Baudouin dans un communiqué. Une proportion qui place la Belgique au rang des mauvais élèves du classement de l’UE.

Le niveau de pauvreté infantile est calculé selon un indicateur mesurant les difficultés quotidiennes des enfants. Celui-ci est basé sur l’accès à un ensemble de 17 éléments, considérés comme nécessaires au développement sain et équilibré de tout enfant vivant en Europe (« Mange-t-il des fruits et légumes chaque jour  ? Invite-t-il des amis à la maison? Vit-il dans un logement correctement chauffé ? », etc.) Selon l’étude, il est considéré qu’un enfant est déprivé s’il lui manque au moins trois des 17 éléments.

L’étude révèle que bien que la déprivation des enfants ait considérablement diminué dans l’ensemble de l’UE depuis 2014, la baisse est beaucoup plus limitée en Belgique. « Il est frappant de constater que certains États membres, dont le niveau de prospérité est plutôt faible (comme la Slovénie, l’Estonie ou la Croatie), parviennent à mieux protéger les enfants de la déprivation matérielle que certains pays plus favorisés, comme la Belgique », souligne l’étude.

« La pauvreté des enfants constitue un problème de société majeur aux conséquences considérables, tant pour les enfants et leur entourage, que pour la société toute entière. Afin d’apporter de nouveaux angles d’analyse sur une problématique qui sera au cœur de la présidence belge de l’Union européenne début 2024, la Fondation Roi Baudouin a décidé de publier les résultats d’une nouvelle étude basée sur les dernières données disponibles (2021) », a précisé la Fondation.

Par ailleurs, l’étude souligne d’importantes nuances, dont de fortes disparités régionales. En Belgique, 12,8 % des enfants sont ainsi en situation de privation au niveau national. Selon les régions, ce taux passe à 21 % à Bruxelles, 17,3 % en Wallonie et 8,5 % en Flandre.

En outre, certains enfants sont beaucoup plus exposés à la privation matérielle, comme ceux dont les parents sont sans emploi, peu qualifiés, locataires, originaires d’un pays hors-UE, isolés, ou qui ont de faibles revenus. Par conséquent, l’étude indique que « les enfants qui vivent principalement ou exclusivement avec leur maman courent un risque quatre fois plus élevé d’être déprivés ».

Le niveau de pauvreté d’un enfant a des conséquences directes sur son niveau de vie, à commencer par son état de santé: « Un enfant déprivé court trois fois plus de risque d’être en mauvaise santé, sur le court et long terme », précise ainsi l’étude.

Cela a également un impact en matière d’accueil de la petite enfance, les enfants déprivés étant doublement pénalisés. L’enquête démontre que non seulement ils fréquentent moins les services d’accueil de la petite enfance de type crèche, mais ils ont aussi moins tendance à bénéficier d’une garde informelle par des membres de la famille.

Enfin, ces enfants sont davantage susceptibles de vivre dans un logement social que les enfants non déprivés. « Toutefois, avec 75% d’enfants déprivés qui ne vivent aujourd’hui pas dans un logement social, il existe un large potentiel inexploité d’amélioration des conditions de vie de ces enfants au moyen de ce type de logement », appuient les chercheurs.