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Guerre en Ukraine: qui est Maria Lvova-Belova, l’autre Russe ciblée par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale ?

Depuis le 24 février 2022 et le début de l’offensive russe en Ukraine, cette fonctionnaire a été chargée par le Kremlin de faire entrer en Russie au moins un millier d’enfants du Donbass ukrainien, orphelins ou séparés de leurs parents pendant les combats. “Vous m’avez demandé d’agir sans délai, a-t-elle lancé au président russe, nous nous arrangeons pour que chaque famille qui brûle d’envie de recevoir un enfant, le reçoive rapidement”. En septembre dernier, elle affirmait que “350 orphelins des régions de Donetsk et Lougansk avaient été adoptés” et cherchait encore des familles pour plus de 1000 autres enfants.

Une cheffe d’orchestre mère de famille (très) nombreuse

Originaire de Penza (550 km au sud-est de Moscou), Maria Lvova-Belova coche toutes les cases du modèle de la femme russe conservatrice, mère de famille patriote et religieuse que le Kremlin souhaite montrer en exemple à sa population en opposition à un occident “décadent”. Ultraorthodoxe, la politicienne mène ses opérations en partenariat avec Konstantin Malofeev, un orthodoxe intégriste, ultranationaliste.

Guerre en Ukraine : sous ses airs angéliques, Maria Lvova-Belova commet des exactions qui pourraient constituer un génocide

La jeune femme a une famille peu commune : elle est mariée à un prêtre orthodoxe, mère de cinq enfants biologiques et de cinq enfants adoptés dont un adolescent de Marioupol. Il faut ajouter à cette liste treize enfants handicapés qu’elle a pris sous sa tutelle ces dernières années. Toute la journée, elle s’affiche sur les réseaux sociaux entourée de doudous et d’enfants, elle qui se prédestinait plutôt à travailler dans le domaine de la culture.

En 2002, Maria Lvova-Belova a conclu une formation de cheffe d’orchestre avant de terminer ses études au sein de l’académie nationale de la culture et des arts de Samara. Ancienne professeure de guitare dans les écoles de Penza, elle s’est intéressée aux fonds caritatifs à partir de 2008 et son entrée à la direction d’un fond appelé “Blagovest”, une organisation religieuse.

Active en faveur des handicapés

Entre 2014 et 2020, elle s’est impliquée dans plusieurs fonds destinés à améliorer le quotidien des handicapés, question peu considérée en Russie. Elle créera même une pension pour handicapés lourds en 2017 à Penza. En 2014, la jeune femme a également mis un pied en politique en intégrant la chambre civique de la région de Penza. Cette institution qui permet à des citoyens non élus de participer à la vie politique du pays lui permettra de se faire remarquer par le Kremlin, qui lui confiera le rôle de représentante de la campagne présidentielle de Vladimir Poutine en 2018.

Guerre en Ukraine : « Les Russes volent nos enfants ! »

Adoubée par le pouvoir, la politicienne aura désormais la possibilité de faire accepter voire financer ses projets d’aides sociales aux handicapés par Moscou. Un lien politique précieux et rare qui lui permettra de se faire élire au conseil municipal de sa ville en 2019 et de prendre sa carte, pour l’occasion, chez “Russie Unie”, le parti du pouvoir.

En 2020, en concurrence face à un recteur et un cosmonaute, elle sera choisie par Vladimir Poutine pour devenir la nouvelle commissaire aux droits des enfants. Décorée par le Kremlin et par les élites religieuses, elle est désormais accusée d’agir à l’encontre du droit international en déportant des enfants du Donbass par centaines.

Des centres de rééducation idéologique

Cette femme engagée dans la fuite en avant du président Poutine agit dans la logique du pouvoir russe, qui estime être chez lui dans les territoires du sud ukrainien. Mais plus que ça, la négation de l’existence de l’Ukraine comme état indépendant, les discours qui sous-entendent que le peuple ukrainien, victime des Américains, doit être rééduqué, a poussé la jeune femme à créer des centres de rééducation et de réhabilitation psychologique.

Si leur fonctionnement est semblable à celui des écoles russes, la rééducation idéologique y semble bien réelle. “Au début, certains enfants disaient des vilaines choses sur le président Poutine et la Russie” a-t-elle récemment admis, se félicitant d’être parvenue à “intégrer” les enfants en question. Elle assure désormais que certains d’entre eux ne voudraient “plus retourner chez leurs parents” par amour de la Russie. De son côté, Vladimir Poutine a promis que les enfants, dont les proches ukrainiens se signaleraient, seraient remis à leurs familles. Pourtant, moins d’une dizaine d’entre-eux ont été renvoyés en Ukraine.

Devant Vladimir Poutine, la jeune politicienne qui s’est vantée d’avoir fait adopter une soixantaine de jeunes Syriens en Russie, a affirmé vouloir traiter le sujet des adolescents rebelles du Donbass. Comment s’y prendra-t-elle ? Son commissariat a récemment envoyé de jeunes adolescents russes se faire remettre sur le droit chemin en Tchétchénie, sous le patronage du dictateur local, Ramzan Kadyrov.