Belgique

Procès des attentats : “Najim Laachraoui était du genre à montrer l’exemple plutôt qu’à sermonner”

Najim Laachraoui était l’aîné. En février 2013, à 21 ans, il a quitté Schaerbeek pour rejoindre la Syrie où il combattra jusqu’à son retour clandestin à Bruxelles en septembre 2015, missionné par l’EI pour des attentats sur le sol européen.

”Il était le plus gentil de mes enfants”, a dit en prélude de son témoignage Driss Laachraoui. Lors du départ de son fils, il n’était “pas en bons termes” avec ce dernier, dont “le niveau d’études avait baissé”. Najim Laachraoui, en deuxième année d’études supérieures en électronique, avait précédemment échoué à deux reprises, en médecine et en polytechnique.

Il avait constaté que son fils regardait des vidéos en arabe, vraisemblablement de la propagande. Il avait alors coupé l’internet, mais, constatant que cela était préjudiciable à toute la fratrie, il l’avait rétabli. Driss Laachraoui en est convaincu : ce sont les fréquentations de mosquée de son fils qui ont convaincu Najim de rejoindre la Syrie. Mais il ne peut en dire plus car il n’autorisait pas son fils à recevoir des amis à la maison.

Une fois en Syrie, Najim Laachraoui a eu des contacts épisodiques avec sa famille. “Son souhait était de rester là-bas”, dit Driss Laachraoui qui dit avoir ignoré le retour de son fils à Bruxelles.

Visiblement très affligée, la mère de Najim Laachraoui dit ne pas plus comprendre : “Cela a été un cauchemar, mon fils qui est parti là-bas”, dit-elle tandis que, trop jeunes, les frères et sœurs de Najim Laachraoui, n’avaient rien remarqué.

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Rigoriste mais pas intolérant

Othman A., condamné dans le dossier de la filière empruntée par Najim Laachraoui pour rejoindre la Syrie, était très proche de ce dernier. Après qu’un de leurs amis avec qui ils étaient très liés a gagné la Syrie, Najim Laachraoui lui a demandé s’il était prêt à partir : “J’ai dit que je n’en étais pas capable. Il a changé de sujet. Malgré notre proximité, il ne m’a rien dit de ses intentions”. Une semaine plus tard, Najim Laachraoui était parti.

Dès 2010, dit-il, Najim Laachraoui était rigoriste, très pratiquant, sans toutefois être intolérant ou violent. La solitude ne lui faisait pas peur : “Il était du genre à montrer l’exemple plutôt qu’à sermonner”. De temps à autre, Najim Laachraoui l’a appelé de Syrie : “Il m’avait dit que mourir au combat était non souhaitable mais était une consolation”. Il a perçu un changement chez son ami.

Najim Laachraoui ne l’a pas contacté lorsqu’il est revenu à Bruxelles. Et aujourd’hui, Othman A. se souvient encore d’une phrase que lui avait dit après que tous les deux n’aient pas réussi leurs études : “Si on a été en échec, c’est peut-être car dieu avait d’autres projets pour nous”.