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Un drame endeuille le Yémen, qui tente de transformer une trêve d’un an en une paix durable

Ce drame est survenu dans une période relativement calme sur le terrain militaire et porteuse dans ses développements politiques. La trêve des hostilités, négociée par l’Onu et prévue pour une durée six mois, vient de passer le cap du premier anniversaire, début avril, sans reconduction autre que tacite. Signe que celle-ci devrait se poursuivre, les camps belligérants se sont engagés dans des mouvements diplomatiques visant à consolider officiellement la trêve et parvenir à un véritable cessez-le-feu, généralisé et durable. En une semaine, près de mille prisonniers de guerre ont été libérés et échangés par les deux camps, avec l’appui logistique du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Il s’agit du plus important échange depuis la libération de plus de mille prisonniers en octobre 2020. De telles initiatives humanitaires, perçues comme des mesures d’établissement d’une confiance réciproque, visent à “stabiliser” la trêve et créer “une atmosphère de dialogue”, a indiqué le colonel Turki al Malki au nom de la coalition militaire arabe, menée par l’Arabie saoudite et pilier du camp loyaliste.

Une solution de “paix globale”

Cette nouvelle donne profite à plein de la récente détente entre les deux puissances rivales du Golfe, l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, qui ont convenu le 10 mars de normaliser leurs relations après une rupture diplomatique de plus de sept ans. Au Yémen, un territoire où ils s’affrontent par procuration, Riyad avait engagé une opération militaire, dès la fin mars 2015, (avec d’autres alliés dont les Émirats arabes unis) en appui au gouvernement yéménite légitime. L’objectif consistait à mater l’insurrection houthiste (du nom de son dirigeant), menée par la milice Ansar Allah venue du nord du Yémen et parrainée discrètement par Téhéran, laquelle avait pris le contrôle de la capitale Sanaa plus de six mois auparavant et poursuivait sur sa lancée.

Mais cette intervention décidée par l’actuel prince héritier Mohammed ben Salmane – alors simple ministre de la Défense – s’est prolongée bien au-delà des quelques semaines évoquées initialement. Le Royaume wahhabite, qui dispose toujours du contrôle total des espaces aérien et maritime yéménites, tente aujourd’hui de sortir de ce qui s’est avéré pour lui un véritable bourbier. Après s’être assuré de la sécurisation de sa frontière sud (où Riyad ne souhaitait pas avoir à contenir une entité liée à l’Iran), Riyad a favorisé il y a un an la mise en place un conseil présidentiel composé de huit membres, auquel le président yéménite Abd Rabo Mansour Hadi (en exil depuis 2016 au pays des Saoud) a transféré tous ses pouvoirs. Depuis, le Palais est à la manœuvre pour mettre un terme à la guerre tout en évitant de donner l’impression d’avoir subi un échec.

Les rencontres organisées en début de semaine dernière à Sanaa entre une délégation de diplomates saoudiens et omanais, d’une part, et des responsables politiques houthistes, d’autre part, attestent que des pourparlers sont engagés afin d’œuvrer à une solution politique au conflit. D’après Mohammed al Bukhaïti, membre du conseil suprême des Houthis qui administre les territoires sous leur contrôle, les discussions avec la délégation saoudienne portent désormais sur “la levée totale du blocus, le retrait de toutes les forces étrangères du Yémen et la libération de tous les prisonniers”, le but étant de “parvenir à une paix globale”.