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”Gâchis collectif”, “désastre”, “victoire à la Pyrrhus” : la presse française déplore la validation de la réforme des retraites

”Un désastre”, lâche Midi Libre. Aux yeux de La Voix du Nord, il y a “une forme de péché originel à prétendre agir au nom des Français en leur imposant de façon expéditive un texte dont ils ne veulent pas”. “Personne ne sort vainqueur de ce rendez-vous manqué entre le peuple et ceux qui le représentent au plus haut niveau. Sauf peut-être les extrêmes”, assure le quotidien régional. Les manifestations se poursuivent sur la Une de Libération, barrée du slogan “Pas vaincus”. “Sur ce brasier social […] les ‘sages’ ont donc ‘versé un jerrican d’essence’ […]. Et fidèle à ses passions de pyromane, Emmanuel Macron annonçait immédiatement que la loi serait promulguée sous quarante-huit heures”, poursuit le journal de gauche.

Les mots de la Première ministre Elisabeth Borne, qui a déclaré vendredi qu’il n’y avait “ni vainqueur ni vaincu”, ont eux aussi fait couler de l’encre. La presse ne croit pas au match nul. “Emmanuel Macron a gagné”, annonce Charente Libre. “Une victoire à la Pyrrhus”, renchérit La République des Pyrénées. En Une du Parisien, Emmanuel Macron affiche une mine dubitative : “Et maintenant ?”, titre le quotidien. “Les Sages eux-mêmes ont pointé ‘le caractère inhabituel’ de l’accumulation de procédures visant à restreindre les débats. […] et si le procédé devenait la nouvelle norme du ‘cheminement démocratique’ ?”, s’inquiète La Montagne.

À droite, le Figaro se lamente du “gâchis collectif”. “Les Français voient bien que l’affaissement généralisé vient moins de leur réticence supposée à la ‘réforme’ que d’une impuissance de plus en plus sidérante de la performance publique. “La défiance est là et ne va pas s’évaporer par enchantement.”

La gauche dénonce un “hold-up démocratique”

”Ça dit quelque chose de sa fébrilité” et “il a cherché à nous assommer”, a jugé le numéro un du PS Olivier Faure sur France Inter.

L’intersyndicale avait demandé “solennellement” vendredi au président de “ne pas promulguer la loi”. Pour le responsable socialiste, “il y a un mépris, autant que de la provocation” dans cette promulgation.

”Comme des voleurs, Emmanuel Macron et sa bande ont promulgué leur loi sur les retraites en pleine nuit. Parce qu’ils le savent bien : ce qu’ils viennent de pratiquer, c’est un hold-up démocratique”, a estimé sur Twitter François Ruffin.

Selon cet insoumis, “cette brutalité marque, en fait, leur fragilité. Ils appartiennent déjà au passé”. “Nous, nous sommes forts. Nous sommes l’avenir. Nous sommes des millions. Nous le montrerons par un immense 1er mai”, a affirmé l’élu de la Somme.

”Mais quelle provocation ! Nouvelle fanfaronnade d’Emmanuel Macron, alors que le pays n’a jamais été autant fracturé”, a aussi critiqué sur Twitter la patronne d’EELV Marine Tondelier.

”Une loi promulguée en pleine nuit, comme des voleurs. Des voleurs de vie. Le 1er mai 2023 : tous dans la rue”, a aussi écrit sur le même réseau social Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.

”Nous avons devant nous maintenant un immense espoir à lever, pour éviter que ce soit le chaos qui l’emporte”, considère aussi Olivier Faure. “C’est à la gauche, aux écologistes, de le créer, car quelque chose s’est exprimé de manière très puissante dans ce mouvement”, a-t-il aussi plaidé.

”Là où le président pense passer à la suite, il est lui-même dans une fuite en avant mais les Français ne le laisseront pas faire”, a-t-il martelé. “Nous n’avons pas changé de séquence et nous allons continuer le harcèlement démocratique” pour revenir sur cette loi.