International

Explosions mystérieuses au-dessus du Kremlin: l’Ukraine possède-t-elle des drones capables de frapper Moscou?

La Russie accuse l’Ukraine d’avoir voulu assassiner le président Poutine, avec la complicité des États-Unis. Deux drones auraient été neutralisés par des systèmes radars juste avant de percuter le toit du Kremlin. Les débris – dont aucune image n’a été diffusée jusqu’ici – se seraient éparpillés sur le sol. Les autorités russes n’ont rendu public aucune preuve.

Kiev dément, comme il l’a toujours fait lorsque ses opérations dépassent les frontières de l’Ukraine. “Nous n’attaquons pas Poutine ou Moscou. Nous n’avons pas suffisamment d’armes pour ça”, a rétorqué le président Volodymyr Zelensky. À Washington, le porte-parole à la sécurité nationale, John Kirby, a affirmé jeudi que les États-Unis n’encouragent pas et n’équipent pas l’Ukraine pour frapper au-delà de ses frontières. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, “ment, purement et simplement”, a-t-il dit.

Des appareils ukrainiens ont-ils touché le toit du Sénat à Moscou? L’hypothèse d’une mise en scène russe évoquée

Campagne en cours

L’Ukraine a toutefois techniquement les moyens de frapper dans les territoires ukrainiens contrôlés par la Russie, comme la Crimée, mais aussi plus loin en Russie même. Elle l’a déjà prouvé à de nombreuses reprises, une vingtaine de fois par des drones depuis le début de l’année selon le décompte de la BBC, sans oublier deux sabotages ferroviaires.

En décembre dernier déjà, une attaque de drones ukrainiens a visé par deux fois la base Engels dans l’oblast de Saratov, à 200 km de Moscou. La base était un symbole fort : c’est elle qui abrite les bombardiers stratégiques Tu-95 capables de transporter des charges nucléaires.

Le 3 mai encore, deux drones ont frappé des raffineries de pétrole dans le sud-ouest de la Russie. L’un des sites se trouve à Ilsky qui est à 600 km de Kherson, la première ligne de défense ukrainienne.

Ces frappes alimentent les spéculations sur une prochaine contre-offensive ukrainienne. Affaiblir le soutien logistique de l’ennemi est souvent la première étape d’une offensive.

This grab from a handout footage posted on May 4, 2023 on the official Telegram account of Krasnodar Krai governor Veniamin Kondratyev shows firefighters battling a blaze at an oil refinery in the southern Krasnodar region's Ilsky settlement. - Russia on May 4, 2023 said a drone attack sparked the refinery fire. (Photo by Handout / TELEGRAM / @kondratyevvi / AFP) / RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / TELEGRAM / @kondratyevvi / handout" - NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS
Le gouverneur de Krasnodar a posté cette image loe 4 mai montrant les dommages causés selon lui par une attaque de drones sur une raffinerie locale.

Le drone de Gubastovo

Mais avec quoi l’Ukraine frappe-t-elle en Russie si elle n’a pas obtenu de soutien occidental ? Une piste pourrait être indiquée par la carcasse d’un drone qui s’est écrasée en février dans le village de Gubastovo, non loin d’un site de Gazprom, à environ 100 km de la capitale russe.

L’image semble correspondre à un drone de fabrication ukrainienne, l’UJ-22. Selon le site Aviationsmilitaires.net, l’Ukrjet a une autonomie de 800 km, donc est largement capable d’atteindre Moscou. Il peut être monté en une dizaine de minutes, après quoi de 3 à 5 minutes de réglages sont nécessaires. Il est conçu pour l’observation mais peut transporter une charge d’explosifs de 20 kg maximum. L’appareil peut être contrôlé au sol pendant une centaine de kilomètres, après quoi il est placé en pilote automatique selon les coordonnées GPS qui ont été fixées.

L’Ukrjet a une autonomie de 800 km, donc est largement capable d’atteindre Moscou.

L’Ukraine dispose d’autres drones, dont les fameux Bayraktar TB2 fournis par la Turquie et le petit R18, que l’armée ukrainienne utilise pour lancer des grenades sur les lignes ennemies.

Le haut représentant européen Josep Borrell a appelé la Russie jeudi à ne pas utiliser l’attaque présumée contre le Kremlin “comme une excuse pour poursuivre l’escalade de la guerre”. L’armée russe a dès la nuit de mercredi à jeudi répliqué en envoyant 39 drones iraniens sur Kiev et Odessa, dont 30 ont été abattus par la défense antiaérienne ukrainienne. Cette nouvelle salve n’a fait heureusement aucune victime.