France

Aya Nakamura et Gazo sacrés aux Flammes, les Victoires du rap

Enfin ! Aya Nakamura, snobée pour les trophées majeurs aux Victoires de la musique, a été couronnée artiste de l’année lors de la première cérémonie des Flammes, dédiée au rap et ses courants, dans la nuit de jeudi à vendredi au théâtre du Châtelet, à Paris. Pour le stream intégral, c’est ici.

Parmi les autres grands gagnants, Gazo, représentant de la drill, courant sombre du rap venu de Chicago, a été sacré artiste masculin de l’année et a remporté l’album Spotify de l’année, la plateforme musicale étant partenaire de la cérémonie.

Dinos, avec Hiver à Paris, album teinté de mélancolie, reçoit le prix de l’album rap de l’année. « Comme on est devant toute l’industrie (musicale), j’ai envie de dire qu’il faut qu’on soit plus unis », a lâché au micro celui qui était devenu le premier rappeur à chanter aux César, la grande messe du cinéma français, en début d’année.

Tiakola, l’étoile montante

Mais l’avenir s’appelle Tiakola. Le rappeur de la région parisienne, âgé de 23 ans, a remporté le prix de l’album nouvelle pop de l’année (Mélo), ainsi que la Flamme du morceau R’n’B (Atasanté, en collaboration avec Hamza) et celle du morceau d’inspiration afro (Soza).

Les Flammes ont donc commencé à réparer les impairs des Victoires, qui n’ont jamais su comment s’y prendre avec le rap, pourtant présent en France depuis quarante ans. Comme en 1999, quand le groupe Manau, se réclamant d’une variété celtique, reçoit, gêné, le trophée rap – qui n’existe même plus – face au monument NTM.

Aya Nakamura, chanteuse francophone la plus entendue dans le monde, n’y a gagné qu’un trophée mineur de l’artiste féminine la plus streamée… Cette fois, à 28 ans, elle récolte une statuette à sa hauteur.

Le Rat Luciano, le pionnier

Les Flammes ont regardé le présent du rap/r’n’b’/nouvelle pop, son futur, mais ont aussi rendu hommage à son passé. Le Rat Luciano, figure du rap de Marseille, a ainsi reçu la « Flamme éternelle », décernée aux pionniers et remise par SCH, rappeur marseillais d’aujourd’hui.

Un parfum de grand rendez-vous flottait dans l’air pour cette première : rues aux abords du Châtelet fermées à la circulation par les forces de l’ordre et défilé des célébrités sur le tapis rouge. Les plus anciens ont reconnu les rappeurs Stomy Bugsy et Passi (Secteur Ä) ou l’ex-footballeur Lilian Thuram (champion du monde 1998). Les plus jeunes ont donné de la voix pour Hamza ou Kerchak (avec sa cagoule, tendance dans le rap, puisqu’il a chanté plus tard en duo sur scène avec Ziak, également cagoulé).

Fally Ipupa, star de la nouvelle pop congolaise, et l’artiste que l’on nomme à nouveau Christine and the Queens sont aussi venus. L’un pour recevoir un prix d’honneur et jouer sur scène, l’autre pour remettre une distinction.

Fary fait mouche

Fary, star du stand-up, a assuré le show d’ouverture, se moquant gentiment des rappeurs qui égratignent la langue française : « Gazo, il peut faire des ratures à l’oral ».

Cette nouvelle cérémonie, « c’est ce qui manquait : rap, r’n’b et nouvelle pop dominent les charts, les programmations des festivals, inspirent la pop culture comme le rock l’a fait auparavant, mais ne sont pas récompensés à leur juste valeur », expose à l’AFP Tom Brunet, cofondateur de YARD. Ce média/agence de communication et d’évènementiel est à l’initiative des Flammes avec Booska-P, média estampillé « cultures populaires ». Sans oublier Smile, une agence de conseil. Le ticket rap/R’n’B/nouvelle pop domine le top 10 des meilleures ventes d’albums en France, puisque en 2022 Clara Luciani (10e) était la seule artiste issue de la variété.

De quoi valider la création des Flammes, diffusées en direct sur la chaîne YouTube de Booska-P, sur la plateforme 6play, sur Twitch (sur l’adresse du streameur Maxime Biaggi) et en différé sur W9. L’humoriste et actrice Fadily Camara, maîtresse de cérémonie, a su donner du rythme à une soirée où les récompenses ont défilé plus rapidement qu’aux Victoires de la musique.