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« Des propos culottés », « Une interview lunaire », « Du mépris »: la prise de parole d’Emmanuel Macron déjà vivement critiquée

Un long discours qui n’a pas calmé ceux qui s’opposent à cette réforme, que Macron veut voir entrer en vigueur d’ici la fin de l’année.

Emmanuel Macron admet une erreur à propos de la réforme: « Je ne suis pas parvenu à convaincre »

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a accusé le président de la République d’avoir menti sur la position de la CFDT sur les retraites : “Déni et mensonge ! La CFDT a un projet de réforme des retraites. Macron de 2019 l’avait compris, il avait repris notre ambition d’un système universel. Macron de 2023 refait l’histoire et ment pour masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste”. Du côté de la CGT, les propos du chef d’État ont également été fustigés par le secrétaire général, Philippe Martinez. “C’est lunaire cette interview. C’est : ‘tout va bien, je fais tout bien, il ne se passe rien dans la rue’. C’est grave. Il n’y a aucune réponse face à une mobilisation que certains disent historique depuis une trentaine d’années”, a dénoncé Philippe Martinez, regrettant de voir un Macron « sûr, tout seul, de lui, de ce qu’il fait » et « devient une caricature ».

« C’est une provocation », a renchéri à ses côtés François Hommeril, le patron du syndicat des cadres, qui s’est dit globalement « très choqué » par l’interview du chef de l’Etat. « Moi, j’en peux plus de ces leçons de responsabilité », a déclaré le président de la CFE-CGC. Evoquant un « disque rayé », il a ajouté qu’Emmanuel Macron faisait « comme si rien ne s’était passé depuis deux mois, comme si la Terre s’était arrêtée de tourner ». « Il est parti sur la Lune, peut-être qu’il était avec Thomas Pesquet, je ne sais pas, quelque part dans la navette spatiale… », a-t-il grincé.

« Tous dans les rues »

Côté politique, le député de la NUPES Louis Boyard a encouragé les Français à manifester davantage leur désaccord, comme ils l’ont fait dans les rues ces deux derniers jours. “Il ne vous écoute pas, alors faites plus de bruit. Demain et ce soir, toutes et tous dans la rue”, a-t-il écrit sur Twitter.

L’eurodéputée LFI-NUPES Manon Aubry a dénoncé des propos “culottés” d’Emmanuel Macron concernant les bénéficiaires du Smic. “’Jamais les smicards n’ont eu leur pouvoir d’achat autant augmenté’. Sérieusement ? ! En pleine crise de l’inflation où personne n’arrive à joindre les deux bouts, c’est culotté”, a-t-elle écrit.

La tension ne retombe pas en France: de nouveaux rassemblements à Paris et en province, des débordements dans certaines villes

Manuel Bompard, coordinateur de LFI à l’Assemblée nationale, a tweeté également: « Le président n’est pas là pour jeter des barils sur le feu. Ce n’est jamais de sa faute. Les syndicats sont contre ? C’est parce qu’il ne voulaient pas discuter. Les Français sont contre ? C’est parce qu’ils n’ont pas compris le génie présidentiel ? Les oppositions sont contre ? Elles sont incapables de faire des propositions. Il faut arrêter avec ça ». « Macron en direct depuis une réalité alternative. Hors-sol, arrogant, menteur, irresponsable. Il n’avait pourtant que 4 mots à prononcer : je retire ma réforme. Bravo à celles et ceux qui ont enduré ces 30 minutes de vide absolu », a renchéri sa collègue LFI Mathilde Panot.

Chez Europe Écologie-Les Verts (EELV), Marine Tondelier a fustigé « la démonstration d’autosatisfaction du président Macron », qui l’a « glacée ». « On ne s’attendait à rien. Mais rien eût été mieux », a réagi la députée Sandrine Rousseau.

Pour le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, le chef d’État français est « dans le déni absolu »: « C’est hallucinant […] Je crains qu’il n’ait mis plus d’explosif sur un brasier déjà bien allumé. Il n’a plus de jus, n’a plus rien à raconter. Il ressert cent fois les mêmes recettes ».

Du côté de la droite française, Bruno Retailleau (patron des sénateurs LR) a écrit ceci sur Twitter: « En contournant le Parlement dont il a peur parce qu’il y est minoritaire, le président de la République avoue son impuissance politique ».